Le réchauffement climatique n’a pas perdu de temps pour agir sur les glaciers d’Afrique. Ils ont déjà perdu 90 % de leur glace et pourraient avoir totalement disparu d’ici 2050. Mais ce n’est pas la hausse des températures qui est ici en cause, nous apprennent des chercheurs.
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Des glaciers, il n'y en a pas seulement aux pôles ou sur des montagnes en urope ou l'Himalaya. Il y a en aussi sur le continent africain. Parce que certains sommets sont extrêmement hauts. Les montagnes Ruwenzori (Ouganda, République démocratique du Congo) et le mont Kenya culminent à près de 5 200 mètres. Le Kilimandjaro (Tanzanie) dépasse les 5 900 mètres. Et si ce qui se passe dans ces trois régions en cette période de changement climatique anthropique intéresse particulièrement les scientifiques, c'est parce qu'elles se trouvent non loin de l'équateur. Ces glaciers ne devraient donc pas être directement impactés par la hausse des températures mondiales comme cela peut être le cas de ceux des Alpes.
Pourtant, une équipe internationale de chercheurs dresse, dans la revue Environmental Research Climate, un tableau dramatique de la situation. Les images satellites, finalement, montrent que les glaciers d’Afrique ont diminué de moitié depuis le début du XXIe siècle. Ils ont même perdu plus de 90 % de leur superficie depuis la première fois qu'ils ont été cartographiés entre le XIXe et le XXe siècle.
Moins de neige sur les glaciers d’Afrique
En 1899, le mont Kenya avait encore une superficie de 1,64 kilomètre carré. Celle-ci était tombée à 0,07 kilomètre carré en 2021/2022. Dans les monts Ruwenzori, la glace est passée de 6,51 kilomètres carrés en 1906 à seulement 0,38 kilomètre carré. Même la plus grande zone de glace d'Afrique sur le Kilimandjaro a diminué de 11,4 kilomètres carrés en 1900 à 0,98 kilomètre carré entre 2021 et 2022. « Une diminution à cette échelle est alarmante, estime Anne Hinzmann, chercheuse à la Friedrich-Alexander-Universität (Allemagne), dans un communiqué. Les glaciers d'Afrique sont un indicateur clair de l'impact du changement climatique ».
Les chercheurs expliquent que ce qui a réellement changé dans la région, ce sont les régimes de précipitations. En Afrique de l'Est, il pleut surtout en octobre, novembre et décembre puis en mars, avril et mai. Une petite partie de ces pluies tombe sur les hautes altitudes, se transformant en neige. L'accumulation de la neige finit par former un glacier. Mais si les précipitations se font plus rares, la couche de glace n'est pas entretenue et le glacier recul.
Les glaciers d’Afrique, premières victimes du changement climatique
Or, des précipitations plus rares, c'est ce que les scientifiques notent dans la région depuis la fin du XIXe siècle. Les saisons pluvieuses sont de plus en plus sèches. Ce qui explique que les glaciers d'Afrique ont commencé à reculer depuis cette période.
Les chercheurs ajoutent que si les précipitations diminuent, c'est aussi parce qu'il se forme moins de nuagesnuages au-dessus de la région. Au fil des années, les jours sans nuage deviennent plus nombreux. De quoi exposer de plus en plus les glaciers directement aux rayons du soleilsoleil. Même avec des températures négatives, la glace peut alors fondre. Un phénomène qui n'épargne que les zones situées dans des creux et ainsi naturellement abritées du soleil. Et les versants ouest, qui pourraient être plus exposés, mais s'avèrent le plus souvent couverts de nuages.
Le continent africain décapité de ses glaciers dans 20 ans
Les montagnes équatoriales africaines, réputées pour leur faunefaune et leur flore exceptionnelles, voient leurs glaciers tropicaux fondre à vue d'œilœil. Si l'on en croit les travaux parus hier dans le journal Geophysical Research Letters, ils pourraient avoir complètement disparu dans vingt ans...
Article de Christophe OlryChristophe Olry paru le 17/05/2006
L'une de ces photographies est prise en juin et l'autre en janvier mais, selon les chercheurs, cette région du globe connaît les mêmes conditions climatiques à ces deux moments de l'année
(Crédits : R. Taylor)
Les glaciers des montagnes Rwenzori, sises à la lisièrelisière de la République Démocratique du Congo et de l'Ouganda, sont surveillés depuis près d'un siècle. A l'époque, ils s'étendaient sur 6,5 kilomètres carré. Hélas, comme le déplore une équipe de chercheurs de l'University College de Londres, de l'université de Makere en Ouganda et du Département ougandais de gestion des ressources en eau, ces glaciers ont réduit de moitié en l'espace de 20 ans.
Ainsi, le glacier équatorial Elena, dont deux photographiesphotographies figurent ci-dessus, recule de 10 à 15 mètres par an. Pourtant, d'après les géologuesgéologues, il était déjà présent il y a 300.000 ans.
Quel facteur est à l'origine de ce phénomène ? Soit le changement de température, soit la variation des précipitations. En tout cas, « le recul des glaciers tropicaux nous montre bien que le climatclimat est en train de changer dans la région », explique le chef d'équipe Richard Taylor. Pour déterminer la cause exacte du recul, les chercheurs se sont penchés sur les données climatiques des 40 dernières années. Celles-ci permettent de dire que la température a crû de 0,5 degré tous les dix ans, tandis que le taux de précipitations n'a pas évolué de manière significative : « Nous pensons que la hausse de la température est le facteur dominant ».
Ce recul des glaciers n'est pas sans rappeler les récentes prévisions climatiques qui annonçaient que, bien que l'Afrique émette peu de gaz à effet de serregaz à effet de serre, c'est lui qui souffrira le plus du réchauffement climatiqueréchauffement climatique.
Aux yeux des chercheurs, la fontefonte des glaciers fait peser une nouvelle menace sur les populations locales. En effet, grâce à la hausse des températures, les moustiquesmoustiques vecteurs du paludismepaludisme peuvent conquérir de nouveaux territoires...