Une nouvelle étude révèle que le dernier âge glaciaire a été marqué par 69 méga-éruptions, dont la puissance dépasse celle du Tambora, qui est la plus violente éruption que l’Homme moderne ait connue.
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Depuis l'origine de la Terre, les éruptions volcaniques sont quasiment quotidiennes à la surface du globe. Souvent mineures ou du moins sans impact significatif sur l'environnement, certaines peuvent cependant être particulièrement puissantes et dévastatrices.
Au cours de son histoire, l'Homme a ainsi connu plusieurs grandes éruptions volcaniques, parmi lesquelles l'explosion du Tambora (Indonésie) en 1815, qui a eu d'importantes répercussions sur le climat et fut notamment à l'origine d’une année « sans été » en 1816. L’éruption du Théra il y a 3.600 ans aurait également été particulièrement dévastatrice. Ces deux événements sont considérés comme appartenant à la catégorie VEI-7 (indice d'explosivité volcanique), sur une échelle allant de 1 à 8. Si l'humanité a connu, et connaît toujours, un nombre incalculable d'éruptions de VEI inférieur ou égal à 6, les événements de catégorie 7 comme l'explosion du Tambora ou du Théra sont extrêmement rares, et il n'existe pas d'exemple d'éruption de catégorie 8 dans l'histoire humaine récente. L'éruption de ce type la plus récente remonterait à -26.500 ans, et serait liée à l'éruption du volcan Taupo en Nouvelle-Zélande. À titre de comparaison, la récente éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’Apai serait de catégorie 4 ou 5. En regard des dégâts causés par cette éruption, on peut imaginer l'ampleur de la catastrophe si une éruption de VEI-8 survenait aujourd'hui.
Le dernier âge glaciaire est marqué par 69 éruptions majeures
Pourtant, cela n'est pas improbable. Une récente étude montre qu'une série de méga-éruptions a impacté la Terre durant le dernier âge glaciaire, soit il y a 60.000 à 9.000 ans environ. Les traces de 69 événements de puissance supérieure à celle du Tambora ont en effet été retrouvées dans les archives de glace en Antarctique et au Groenland pour cette période.
Les éruptions majeures impactent en effet la composition de l'atmosphèreatmosphère, en rejetant de grandes quantités d'acide sulfuriqueacide sulfurique, qui vont se disperser sur l'ensemble du globe, et notamment être piégées dans les glaces des calottes polaires. À partir de carottes de glacecarottes de glace, les scientifiques ont ainsi pu dater et mesurer la quantité d'acide sulfurique piégé, ce qui leur a permis d'estimer la puissance des différentes éruptions survenues durant cette période.
Les résultats, publiés dans la revue Climate of the Past, montrent que parmi les 85 éruptions recensées durant cette étude et ayant eu un impact global, 69 peuvent être considérées comme des méga-éruptions, de puissance supérieure à celle du Tambora. Vingt-cinq d'entre elles ont une puissance supérieure à tout ce que l'humanité a pu connaître depuis 2.500 ans et deux ont une puissance supérieure à celle de l'éruption du Taupo en Nouvelle-Zélande. L'étude montre que sur la période étudiée, la fréquence des éruptions est plutôt comparable à la fréquence actuelle. La période de déglaciation (entre 16.000 et 9.000 ans) est cependant marquée au Groenland par une augmentation notable des événements éruptifséruptifs, et en particulier ceux de très forte intensité. Cette découverte confirme l'hypothèse que le rebond isostatique associé à la fontefonte des glaces dans l'hémisphère nordhémisphère nord aurait engendré une hausse de l’activité volcanique. La fonte des calottes glaciairescalottes glaciaires modifie en effet la massemasse pesant sur la croûte continentalecroûte continentale et engendre de fait des modifications de contraintes, déstabilisant certains systèmes volcaniques.
Les éruptions de VEI-8 restent très rares
Si la quantité de méga-éruptions semble avoir été plus importante par le passé en comparaison de l'histoire récente de la Terre, les auteurs soulignent cependant le fait que des éruptions de VEI-8 restent rares. Des événements de la puissance du Tambora semblent se produire approximativement une ou deux fois par millier d'années.
Cette étude pourrait en outre permettre de mieux comprendre à quel point le climat répond à une modification de la composition atmosphérique, que ce soit par l'apport de CO2 d'origine volcanique ou humaine. L'étude de la sensibilité du climat face à ces grandes éruptions pourrait ainsi permettre de mieux contraindre les modèles climatiquesmodèles climatiques et de mieux anticiper l'évolution actuelle du climat.