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Membres de la famille des hominidés et de l'ordre des primates, les chimpanzés forment un genre de grands singes apparentés à l'espèce humaine avec laquelle ils partagent 99,6 % de patrimoine génétique. © Thomas Lersch, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
L'Homme ne serait pas le seul primate capable d'apprendre une langue étrangère : les chimpanzés le pourraient aussi. Une expérience publiée dans Current Biology montre en effet que des individus de cette espèce ont modifié leur langage pour adopter celui d'un autre groupe, concluent les auteurs de l'article.
D'autres primates non humains utilisent la communication vocale, comme le singe vervet, connu pour pousser des cris d'alarme à l'approche de prédateurs. Pour autant, la capacité d'apprendre de la part des congénères des mots désignant des objets dans un environnement donné était pensée propre à l'espèce humaine.
En ce qui concerne les chimpanzés, l'observation s'est déroulée au zoo d'Édimbourg, en Écosse, où des singes captifs en provenance des Pays-Bas ont été introduits dans l'enclos d'un groupe localgroupe local. Avant la mise en contact entre les deux types d'individus, à la vue de pommes, les premiers émettaient des grognements aigus exprimant leur goût pour le fruit alors que les seconds, moins friands, recourraient à des sons plus sourds. Après trois ans de vie en commun, les chimpanzés néerlandais se sont mis à imiter leurs hôtes, preuve, pour les scientifiques, qu'ils ont appris à exprimer l'appellation du fruit « à la mode du groupe écossais » (voir la vidéo).
Les petits chimpanzés apprennent dès leur jeune âge à faire des sons qui attirent l'attention de leurs mères. © Steve, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0
Le chimpanzé pratique la convergence acoustique
Pour les chercheurs qui ont observé ce phénomène, il s'agit d'une convergence acoustique qui s'est établie à la suite de solidessolides relations développées entre les deux groupes. Les chimpanzés seraient donc aptes à modifier leur communication et à apprendre de celle de leurs congénères, ce qui remettrait en cause le fait admis que la structure acoustique des primates non humains est fixe et soumise à leur état d'excitation.
« Notre étude est la première à montrer que les chimpanzés ont un certain contrôle sur la structure de ces grognements alimentaires », déclare Katie Slocombe, chercheuse à l'université d'York, au Royaume-Uni, et co-auteur de la publication. Quand ils sont exposés à une culture sociale différente, poursuit-elle, ils peuvent choisir de changer la structure de leurs appels afin de se conformer au groupe et ce indépendamment de leur préférence alimentaire.
Ces résultats renforcent l'idée que l'apprentissage social joue un rôle dans certaines vocalisations des chimpanzés. Plus largement, ils permettent aussi d'en apprendre davantage sur l'évolution du langage des primates.