Voilà 18 mois que les habitants du sud de l’Alsace, du Territoire de Belfort et du Pays de Montbéliard sont régulièrement secoués par des séismes de magnitude supérieure à 4. Si elle peut surprendre, voire inquiéter, cette activité sismique n’est cependant pas anormale pour la région qui subit en continu la puissante poussée des Alpes.
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Encore un ! Il y a quelques jours, le secteur de Mulhouse, dans le sud de l'Alsace, enregistrait un nouveau tremblement de terretremblement de terre. De magnitudemagnitude 3,1, ce petit événement sismique est le dernier en date d'une série qui a débuté à Noël 2021. Si la région est connue pour présenter un aléa sismique modéré, il n'est cependant pas fréquent d'enregistrer une telle séquence de tremblements de terre, dont plusieurs ont dépassé la magnitude 4 et ont été, à chaque fois, plutôt bien ressentis par la population. À part quelques petites frayeurs, aucun dégât réel n'est à signaler cependant.
En y regardant de plus près, ce sont en réalité deux zones qui sont en ce moment secouées par cette crise sismique. L'une est centrée sur le secteur de Bâle-Mulhouse, à l'extrémité sud du fossé rhénan, l'autre se situe un peu plus au sud, sur le front des monts du Jura, à la frontière franco-suisse entre Montbéliard et Porrentruy.
Une région secouée régulièrement depuis 18 mois
Tout débute donc le 24 décembre 2021 avec un séisme peu profond de magnitude 4,1 dont l'épicentre se situe à quelques kilomètres de la ville suisse de Porrentruy. Perçu jusque dans les Vosges, ce séisme aurait été créé par la rupture d’une faille inverse, comme l'explique le rapport produit par le BCSF (Bureau central sismologique français).
En septembre 2022, c'est au tour de la ville de Mulhouse de subir un séisme de magnitude 4,8, suivi d'une réplique de magnitude 3,2 le lendemain. Un événement d'ampleur modéré mais qui s'avère être le plus fort depuis 20 ans dans la région. Les mécanismes au foyer indiquent que c'est ici une faille décrochante qui en serait à l'origine. Le rapport du BCSF souligne d'ailleurs qu'il s'agit d'une faille localisée à seulement une vingtaine de kilomètres de la faille de Bâle-Reinach, qui est supposée être à l'origine du séisme historique de 1356. De magnitude record (pour la région) de 6,5 (ou plus), ce séisme aurait à l'époque entraîné la destruction de la ville de Bâle et causé la mort de 1 000 à 2 000 personnes.
Rebelote en mars 2023, où un séisme de magnitude 4,3, qui a été suivi d'une réplique peu ressentie de magnitude 3,1, a de nouveau secoué la frontière franco-suisse et notamment le Territoire de Belfort et le pays de Montbéliard en Franche-Comté.
On remet le couvert le 29 mai avec un nouveau séisme de magnitude 4 dans le même secteur.
Enfin, le 1er juin, c'est à nouveau Mulhouse qui est touché par un séisme de magnitude 3,9.
La poussée des Alpes en cause
Si cette séquence sismique qui perdure dans le temps peut surprendre, elle n'est cependant pas anormale pour la région qui est mise « sous pressionpression » par la poussée continue des Alpes, une chaîne de montagnes qui résulte de la collision entre deux plaques tectoniquesplaques tectoniques. Malgré leur proximité, les deux zones touchées par les récents séismes subissent cependant des contraintes légèrement différentes, comme en témoignent les différents mécanismes au foyer observés sur les failles activées (inverse dans le cas du Jura, et décrochant dans le cas du fossé rhénan).
Le massif du Jura est en effet un front de chevauchement qui résulte directement de la poussée alpine. Il s'agit en quelque sorte de la bordure la plus externe du système alpin. En comparaison, le fossé rhénan dans lequel se trouve la ville de Mulhouse, résulte d’un amincissement (et donc d'un effondrementeffondrement) de la croûtecroûte qui n'est autre qu'un « effet de bord » lié à la formation des Alpes, phénomène qui produit un flux asthénosphérique dans les régions périphériques.
Quoi qu'il en soit, ces séismes indiquent, au cas où on l'oublierait, que la région est toujours bien active, avec plusieurs failles qui rompent de manière régulière afin de relâcher les contraintes tectoniques accumulées. Les événements sont suivis de près par le Réseau national de surveillance sismique de Strasbourg (RéNaSS) qui assure également des opérations d'information et de préventionprévention auprès des populations.