L’accentuation des marées due à l’oscillation de l’orbite lunaire cumulée à la montée des eaux liée au changement climatique pourrait entraîner des inondations record sur les côtes américaines, prévient une étude de la Nasa.


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    En 2019, Venise avait été engloutie sous des inondations exceptionnelles après une maréemarée record de 1,87 mètre, amplifiée par le sirocco. Ce type d'événement récurrent pourrait devenir encore plus catastrophique au fur et à mesure de la montée des eaux due au réchauffement climatique. Une étude de 2018 a ainsi montré que la quasi-totalité des sites Unesco en Méditerranée sont directement menacés. Mais un autre phénomène plus méconnu risque encore d'accentuer ces sombres prévisions : l'oscillation de l'orbiteorbite lunaire.

    Lors de sa rotation autour de la Terre, la lune coupe régulièrement le plan de l’orbite terrestre (plan de l’écliptique). Le passage entre deux nœuds ascendants ou descendants est appelé révolution draconitique et dure 27 jours, 5 heures, 5 minutes et 36 secondes. Néanmoins, les nœuds eux-mêmes se déplacent dans le sens rétrograde de 19,354° par an, ce qui correspond à un cycle de 18,6 ans. © Siberian Art, Adobe Stock
    Lors de sa rotation autour de la Terre, la lune coupe régulièrement le plan de l’orbite terrestre (plan de l’écliptique). Le passage entre deux nœuds ascendants ou descendants est appelé révolution draconitique et dure 27 jours, 5 heures, 5 minutes et 36 secondes. Néanmoins, les nœuds eux-mêmes se déplacent dans le sens rétrograde de 19,354° par an, ce qui correspond à un cycle de 18,6 ans. © Siberian Art, Adobe Stock

    Montée des eaux + cycle lunaire = inondations extrêmes

    Tous les 18,6 ans, les marées sont en effet accentuées par la précessionprécession des nœudsnœuds de l'orbite lunaire (voir image ci-dessus). Durant la moitié du cycle, les marées hautes sont atténuées, et durant l'autre moitié, elles sont amplifiées. Nous sommes justement en ce moment en cycle « ascendant », et le prochain cycle haut démarrera au milieu des années 2030. Or, d'ici-là, le niveau de la mer aura grimpé du fait du réchauffement. Et ce cumul pourrait aboutir à une augmentation dramatique des inondations de marée haute sur les côtes américaines, prévient une étude de la NasaNasa et de l'université d'Hawaï, publiée dans la revue Nature Climate Change. Les chercheurs ont cartographié les scénarios d'élévation du niveau de la mer, les seuils d'inondation et les cycles astronomiques de la LuneLune, et ont calculé que la fréquence des inondations de grande ampleur (plus de 0,6 mètre au-dessus de la marée haute moyenne quotidienne) pourrait tripler, voire quadrupler à partir de 2030.

    Projection du nombre de jours d’inondations extrêmes selon un scénario « intermédiaire » dans quatre villes américaines. © Philip Thompson et al., <em>Nature Climate Change</em>, 2021
    Projection du nombre de jours d’inondations extrêmes selon un scénario « intermédiaire » dans quatre villes américaines. © Philip Thompson et al., Nature Climate Change, 2021

    Une inondation un jour sur deux !

    Les inondations se produiront en « grappes » en fonction de la position de la Lune, de la Terre et du SoleilSoleil. Dans les pires cas d'alignement, certaines villes pourraient connaître jusqu'à 17 jours d'inondations par mois, soit une inondation tous les deux jours ! Et ce qui n'était qu'un problème régional va devenir d'ici 10 ans un problème national avec une majorité de côtes américaines touchées, préviennent les auteurs. Une précédente étude de 2011 avait montré que le cycle des nœuds lunaires pouvait aboutir à une amplification des marées de 5 % à 17 %, soit une moyenne de 10 centimètres. Cela peut sembler peu, mais correspond à un triplement de la probabilité d'inondations extrêmes, soulignaient les auteurs.

    Cette étude vient rappeler que le réchauffement climatique est un facteur d'exacerbation des phénomènes naturels. Il augmente ainsi l'intensité et la fréquence des ouragans, accentue les tempêtes de sable, les vagues de chaleur, les incendies de forêt et les sécheresses.