Le requin fait partie des plus vieux animaux de la planète. Il a résisté à quatre extinctions de masse et a réussi à se frayer un chemin là où les ammonites et les dinosaures ont trépassé. Comment expliquer cette survie exceptionnelle ?
au sommaire
Le requin est non seulement un redoutable prédateur, mais il présente une résistancerésistance hors du commun dans l'histoire du monde animal. Apparu au Dévonien il y a 420 millions d'années, à l'époque où les arbres et les dinosaures n'avaient même pas conquis la planète, il a survécu à quatre des cinq extinctions de masse qu'a connues la Terre, dont celle du Permien qui a pourtant vu disparaître 96 % des espècesespèces marines et de 70 % des espèces terrestres il y a 252 millions d'années.
Bien entendu, de nombreuses espèces de requins ont disparu au cours du temps, à l'instar du Stethacanthus avec sa curieuse nageoire dorsale en forme d'enclume à picots, de l'Helicoprion, qui possédait une sorte de spirale de dents à l'intérieur de sa bouche, ou du gigantesque mégalodon dont la taille pouvait atteindre 20 mètres de long. Mais l'ordre des requins, qui appartient à la classe des chondrichthyens, a lui toujours résisté aux pires catastrophes.
Le requin, un mangeur opportuniste
Plusieurs scientifiques tentent aujourd'hui d'expliquer cette survie exceptionnelle. Une des pistes réside dans son régime alimentaire : le requin avale tout ce qu'il trouve à portée de sa mâchoire lorsque la viande fraîche vient à manquer. La paléoécologiste Sora Kim, de l'université de Californie Merced, qui a étudié l'alimentation du grand requin blancgrand requin blanc, explique ainsi avoir été surprise de découvrir que l'alimentation de ce dernier varie considérablement selon son habitat : pinnipèdes, thonthon, mais aussi pieuvres ou petits poissonspoissons. Même des innocents petits passereaux de jardins sont régulièrement au menu. Le requin-marteau tiburo, qui vit le long des côtes américaines, peut lui carrément devenir végétarien et brouter les herbes des fonds marins grâce à une enzymeenzyme spéciale lui permettant de digérer les végétaux.
Le requin s'adapte aux variations du climat
Mais ce n'est pas tout : le requin résiste particulièrement bien aux changements environnementaux. À l'époque de l'Éocène, la terre était ainsi plus chaude de 9 °C à 14 °C qu’aujourd’hui, ce qui a provoqué la fontefonte des glaces et diminué la salinitésalinité de l'océan. De quoi entraîner la mort massive de nombreuses espèces marines, mais pas celle du requin, qui lui s'est parfaitement adapté à cette eau moins salée, a révélé une étude parue en 2014. Ce dernier a également résisté à une acidification sans précédent des océans qui a littéralement dissous le squelette des coraux, crustacéscrustacés et mollusquesmollusques. Les requins qui avaient alors pour la plupart des squelettes osseux, ont adopté un squelette cartilagineux comme les espèces actuelles. Ceux qui ont survécu étaient du coup beaucoup plus petits (moins de 10 centimètres de long) et ont regrandi par la suite. Le réchauffement des eaux ne semble pas non plus l'effrayer, et favorise même l'expansion de certaines espèces de requins comme le requin bouledoguerequin bouledogue qui s'est récemment installé dans le détroit de Pamlico en Caroline du Nord.
Mais ce que la nature n'a pas réussi à faire, l'Homme y parvient avec une facilité déconcertante. Plus de 16 % des espèces de requins sont aujourd'hui menacées d'extinction selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICNUICN). Chaque année, plus de 100 millions de requins sont tués dans le monde, soit trois requins toutes les secondes, selon les conclusions d'une étude publiée dans la revue Marine Policy. L'un des plus vieux animaux de notre planète a ainsi vu sa population diminuer de 90 % entre 1950 et 2014.
Ce qu’il faut
retenir
- Le requin, l’un des plus vieux animaux de la planète, a résisté à quatre extinctions massives.
- Il est capable d’adapter son régime alimentaire aux circonstances et résiste à l’acidification et au réchauffement des océans.
- Le requin est pourtant gravement menacé à l’heure actuelle, victime de la surpêche.