L'enfer est pavé de bonnes intentions... et de mesures pour la protection des requins ? C'est ce que suggère une étude, qui montre que les zones maritimes où la pêche aux ailerons est interdite, ont vu la mortalité des requins augmenter.
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Et si les mesures de protection des requins augmentaient leur mortalité ? Une étude publiée le 11 janvier dans la revue Science suggère que la globalisation de l'interdiction du shark finning (ou pêche aux ailerons) pourrait avoir eu un effet délétère sur la population mondiale de requins, même si elle est associée à une diminution de la cruauté envers les animaux.
La pêche aux ailerons consiste à pêcher les requins, leur couper les ailerons puis les relâcher, mourants, dans l'océan. Une pratique désormais interdite dans 70 % des zones maritimes du monde. Oui, mais voilà : les chercheurs de Dalhousie University (Canada) ont remarqué une augmentation de la mortalité des requins. C'est donc peu dire que « les mesures de lutte contre le finning n'ont pas été la solution miracle que nous espérions », a déclaré Laurenne Schiller, coautrice de l'étude auprès de l'AFP.
Moins de shark finning, plus de pêche classique ?
L'explication à ce phénomène -- a priori contre-intuitif -- est à chercher du côté des mesures gouvernementales. Plusieurs États ont délaissé l'interdiction de la pêche et de la rétention de requins au profit de la lutte contre le finning. Résultat : la pêche pure et simple a augmenté dans ces régions et, avec elle, l'exploitation complète des petites espèces côtières : ailerons, viande, cuir. Actuellement, « le commerce de la viande, de l'huile et du cartilagecartilage de requin est répandu, détaille l'auteur principal de l'étude Boris Worm dans les colonnes de phys.org. [...] Les requins apparaissent dans de nombreux produits sans que les consommateurs en soient conscients ». Au point que le nombre de requins tués par la pêche est passé de quelque 76 millions par an à plus de 80 millions entre 2012 et 2019.
La vulnérabilité d'une des plus anciennes espèces vivantes
Aujourd'hui, une espèce de requins sur trois est menacée. Une situation inquiétante qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l'écosystèmeécosystème marin et qui présente de nouveaux défis de conservation. Néanmoins, la solution est d'ores et déjà connue puisque l'interdiction de pêche des requins (incluant la mise en place de sanctuaires par les États) associée à une gouvernance responsable (mesurée par les indicateurs mondiaux de gouvernance de la Banque mondialeBanque mondiale) conduisent, elles, à une réduction de la mortalité des requins. Une approche plébiscitée par les scientifiques, alors que la mortalité de cette espèce déjà vulnérable continue de s'aggraver à l'échelle mondiale.