Les chaînes alimentaires s'effondrent, alors que « plus de 50 % des liens du réseau trophique des mammifères ont disparu ». Le phénomène s'accompagne, selon une étude, d'une perte de la résilience des écosystèmes. Seules quelques espèces suffiraient à faire disparaître leur stabilité.


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    Les chaînes alimentaires se morcellent et se cassent. En cause, la disparition causée par l'Homme de nombreuses espèces qui y jouaient un rôle-clé. C'est ce qu'explique une étude publiée dans Science, dans laquelle des chercheurs ont étudié l'évolution des réseaux trophiques dans le monde entier sur 130.000 ans. Ces derniers correspondent à l'assemblage de multiples chaînes alimentaires qui forment comme un réseau d'interactions proie-prédateur.

    « Cette approche peut nous dire qui mange qui aujourd'hui avec une précision de 90 %, explique Lydia Beaudrot, première auteure de l'étude et écologueécologue. C'est mieux que ce que les approches précédentes ont pu faire, et cela nous a permis de modéliser les interactions prédateur-proie pour les espèces éteintes ».

    Pour ses recherches, l'équipe a utilisé des algorithmes d'apprentissage automatique basés sur les documentations des interactions proie-prédateur et les traits de chaque animal. Le modèle établi a ensuite permis la simulation à l'échelle mondiale de « qui a mangé qui » durant 130.000 ans.

    Ici, les mammifères qui peupleraient le centre de la Colombie (gauche), le sud de la Californie (milieu) et la Nouvelle-Galles du Sud en Australie (droite), si l'Homme n'avait pas causé des réductions et extinctions depuis le Pléistocène supérieur. © Oscar Sanisidro, <em>University of Alcalá</em>
    Ici, les mammifères qui peupleraient le centre de la Colombie (gauche), le sud de la Californie (milieu) et la Nouvelle-Galles du Sud en Australie (droite), si l'Homme n'avait pas causé des réductions et extinctions depuis le Pléistocène supérieur. © Oscar Sanisidro, University of Alcalá

    Les réseaux trophiques s'effondrent, mais tout n'est pas perdu

    En cartographiant cette évolution des réseaux trophiques au fil du temps, les scientifiques ont réalisé un fait alarmant : ils déclinent. « Alors qu'environ 6 % des mammifèresmammifères terrestres ont disparu pendant cette période, nous estimons que plus de 50 % des liens du réseau trophique des mammifères ont disparu, s'inquiète Evan Fricke, coauteur de l'étude et écologue. Et les mammifères les plus susceptibles de décliner, à la fois dans le passé et maintenant, sont la clé de la complexité du réseau trophique des mammifères ».

    Mais, selon eux, tout n'est pas perdu. Car il n'y a pas que les extinctions qui ont causé le déclin des réseaux trophiques : la répartition géographique des espèces a aussi été modifiée. « La restauration de ces espèces dans leur aire de répartitionaire de répartition historique offre un grand potentiel pour inverser ces déclins », déclare Evan Fricke.