Chez une espèce de corail se développant le long des côtes d'Okinawa (Japon), trois couleurs sont observées. Ces couleurs semblent liées à une plus ou moins bonne résistance à la hausse de la température de l'eau, et au blanchissement qui s'ensuit. Corrélation ou causalité ?
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Au Japon, le long des côtes d'Okinawa, Acropora tenuis prospère. Cette espèce de corail se présente sous trois couleurscouleurs : brune, violette, et jaune-vert. Au cours de l'été 2017, l'eau a été particulièrement chaude, conduisant au blanchissement des formes violettes et brunes. Cette perte de pigmentationpigmentation est associée à une plus grande vulnérabilité du corail. Ce même été, de nombreux coraux de couleur brune en sont morts. Étonnamment, les individus jaune-vert ont été épargnés par le blanchissement. Pourquoi ? Des chercheurs ont mené l'enquête.
Leurs résultats, publiés dans G3, indiquent que ces disparités ne seraient pas dues aux symbioses. Puisque les coraux appartenant à l'ordre des ScléractiniairesScléractiniaires sont zooxanthellés, c'est-à-dire qu'ils abritent des algues nommées zooxanthelles. « La différence de résiliencerésilience pouvait être liée aux différents types d'algues symbiotiques, qui photosynthétisent pour le corail et lui fournissent de l'énergieénergie », retrace Noriyuki Satoh, l'un des auteurs, car l'expulsion ou la perte de pigmentation de ces algues peut aboutir au blanchissement des coraux. Ce qui ne serait pas le cas pour Acropora tenuis.
« Des recherches antérieures ont montré que certaines algues symbiotiques sont plus résistantes au changement climatiquechangement climatique, mais lorsque nous avons examiné ces trois formes, nous avons constaté qu'elles hébergent toutes des algues très similaires », détaille le scientifique. Cette hypothèse écartée, les chercheurs se sont penchés sur le génomegénome de l'espèce étudiée. Ils ont identifié plusieurs gènesgènes codant pour des protéinesprotéines impliquées dans la coloration :
- cinq gènes produisant des protéines fluorescentes vertesprotéines fluorescentes vertes ;
- deux pour les protéines fluorescentes cyan ;
- trois pour les protéines fluorescentes rouges ;
- sept gènes pour la chromoprotéine.
Une « coïncidence »
L'été, tous les coraux confectionnent peu de protéines cyan et rouges. Le reste de l'année, les coraux bruns et jaune-vert produisent davantage de protéines vertes que les coraux violets, tandis que ces coraux violets se rattrapent sur les chromoprotéines. Au retour de l'été, seuls les coraux jaune-vert maintiennent un niveau élevé de protéines vertes. Leur meilleur taux de survie viendrait-il de là ?
Les coraux bruns, dont la production de protéines vertes s'affaiblit l'été, blanchissent bien plus que leurs voisins de couleur verte. Quant aux coraux violets, leur niveau de blanchissement est intermédiaire, ce qui pourrait être associé à leur préférence pour les chromoprotéines. Mais pour les chercheurs, ces corrélations ne sont pas des causalités. Ils écrivent que « la résistancerésistance au stressstress thermique [l'augmentation des températures, ndlr] est modifiée par des mécanismes génétiquesgénétiques qui mènent par coïncidence à la diversification des formes de couleur de ce corail ».