Résilience, à défaut de résistance. Après des mois de débats houleux, la construction de la très controversée « tour des juges » a finalement commencé dans le lagon de Tahiti. La première étape des travaux s’est déroulée sans action militante, mais elle n’a pas été sans dégâts pour les coraux de Teahupo’o.
au sommaire
Teahupo'o est une commune du sud de l'île de Tahiti, en Polynésie française. Mondialement connue pour sa vague mythique, ce spot dispose déjà d'une tour en bois pour les juges des épreuves de surf. Seulement, celle-ci ne respecte plus les normes. Fin 2023, le comité des JO décide donc de la remplacer par une structure en aluminium, ce qui suscite la controverse sur l'île, au cœur de tensions entre les organisateurs et les populations locales. Une pétition contre la constructionconstruction de cet équipement réunit notamment plus de 250 000 signataires. Début décembre, les premiers essais techniques ont lieu, et ne font que renforcer la colère des défenseurs de l'environnement : une barge brise du corail, poussant le gouvernement polynésien à suspendre les travaux et remettre en cause la tenue de l'épreuve.
Le projet initial de « tour des juges » a été révisé afin de mettre d’accord les autorités tahitiennes et les acteurs locaux qui défendent l’environnement. © Futura, JO 2024
Pour calmer la polémique : une « tour des juges » allégée
Le président Moetai Brotherson décide de réviser le projet initial, qui est finalement accepté par toutes les parties, pour une tour redimensionnée et allégée, « qui semble être aujourd'hui la seule option qui apporte les garanties suffisantes pour le bon déroulement de la compétition, la sécurité des athlètes et de l'ensemble des acteurs mobilisés sur la compétition », selon le comité d’organisation Paris 2024. Un travail de balisage est également mené par des spécialistes locaux pour créer un chenal permettant de ne pas abîmer les coraux, et la taille des trois barges destinées aux travaux est réduite, le tirant d'eau n'excédant pas 17 centimètres. « On est très, très exigeants avec les entreprises. Tous les travaux sont faits sous la vigilance de nos services. Cela nous permet d'envisager les jeux de manière sereine », a affirmé Moetai Brotherson.
Et le corail dans tout ça ?
Le projet est ainsi placé sous la supervision de deux personnalités respectées des surfeurs locaux, Pascal Luciani et Moana David : « On essaye de faire le mieux que l'on peut, il y a eu des petites casses, on ne va pas le nier, estime Moana David. La nature fait bien les choses, les coraux vont revenir dessus, même sans bouturage ». En effet, la transplantationtransplantation de coraux est une méthode de restauration active des zones coralliennes dégradées. Cependant il s'agit d'une technique qui vise à renforcer la capacité naturelle de récupération des récifs endommagés, et elle doit impérativement s'intégrer dans une politique globale de gestion durable des espaces et de leurs ressources, ne pouvant être considérée comme unique solution.
Le corail abîmé par les travaux de construction de la tour pourraient être restaurés par transplantation. © The Ocean Agency, Adobe Stock
Le compte à rebours est lancé…
À l'heure actuelle, les deux tiers des forages prévus pour pouvoir installer la tour des juges sont finis, et les ouvriers vont commencer à couler les plots. « Je suis totalement satisfait de l'avancée des travaux après la polémique », a expliqué à l'AFP le président polynésien en marge des vœux d'Emmanuel Macron à l'Insep, près de Paris. Le reste de la tour sera préconstruit sur la terre ferme à partir du 11 mars, et le calendrier de travaux doit aboutir à une tour fonctionnelle le 13 mai, quelques jours avant l'étape du tour mondial de la World Surf League (WSL). Cette compétition fera figure de test avant l'épreuve des Jeux Olympiques à l'été, qui se tiendront du 27 au 30 juillet prochains, avec une prolongation possible jusqu'au 5 août si la houlehoule se fait attendre.