Le président américain a convié 40 dirigeants mondiaux à un sommet virtuel de deux jours sur le climat, les 22 et 23 avril. L’occasion pour chaque pays de mettre en avant ses ambitions en matière climatique. Voici les promesses engagées… plus ou moins floues et sincères.
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Quarante chefs d'État et de gouvernement ont participé jeudi au premier sommet international virtuel sur le climat. Lors de son discours d'ouverture, Joe Biden s'est fixé de nouveaux objectifs de réduction de gaz à effet de serre et a exhorté les autres pays à « suivre l'exemple américain » au nom d'un « impératif moral et économique ». La plupart des participants n'avaient toutefois pas attendu le président américain pour renforcer leurs engagements. Alok Sharma, le président du Sommet sur le climat de la COP26, a salué les progrès réalisés depuis un an mais a appelé les nations à « s'expliquer » sur la façon dont les pays comptent atteindre leurs objectifs, qui rappelons-le ne sont soumis à aucune contrainte.
États-Unis
Joe Biden l'avait promis : les États-Unis ont réintégré l'Accord de Paris sur le climat le 19 février dernier. Mais il est allé beaucoup plus loin lors de ce sommet, avec la promesse de réduire de 50 % à 52 % les émissionsémissions de gaz à effet de serre du pays d'ici 2030, avec un objectif de neutralité carboneneutralité carbone en 2050. Fin mars, son administration avait présenté un vaste plan d'infrastructures de 2.000 milliards de dollars destiné à réduire la dépendance des États-Unis aux énergies fossiles, avec notamment le développement de lignes de train à grande vitessevitesse, des incitations fiscales en faveur des voitures électriquesvoitures électriques ou le déploiement de bornes de recharge. Mais il prévoit aussi la constructionconstruction de routes et de ponts et il n'est pas du tout certain qu'il sera suivi par les Républicains en cas de changement de majorité.
Chine
La Chine n'a pas annoncé de nouvel engagement pour 2030 mais a réitéré sa promesse d'atteindre la neutralité carbone en 2060, un objectif jugé très ambitieux par de nombreux experts. Selon le Global Times, les émissions de dioxyde de carbone chinoises culmineront en 2030 à 7,5 tonnes par habitant, bien en deçà du pic américain atteint en 2007 avec 19,9 tonnes. D'ici-là, la part du charbon dans la production énergétique reculera de 49 % à 14,6 % pour atteindre zéro en 2060. À cette date, le solaire pèsera pratiquement la moitié de la production énergétique, soit 47,4 %. Xi Jinping a également promis que son projet de « Route de la soie », très critiqué par les Américains, donnera la priorité aux énergies vertesénergies vertes pour les infrastructures, le transport ou le financement.
Union européenne
Comme à son habitude, l'Union européenne (UE) est parvenue in extremis à un accord mardi dernier, portant sur une réduction d'au moins 55 % de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990, contre 40 % jusqu'à présent. « Nous allons faire deux fois et demi plus, en neuf ans, que ce que nous avons fait au cours des 10 dernières années en Europe », s'est félicité Pascal Canfin, président de la Commission environnement du Parlement européen. L'accord sera intégré à une « loi climat » qui va préciser les outils de mise en œuvre de cette nouvelle cible comme la part des énergies renouvelablesénergies renouvelables, la taxation sur les carburants polluants ou les normes d'émissions de CO2 plus strictes pour les voitures. Certains élus regrettent toutefois que l'objectif de neutralité carbone s'applique collectivement à l'ensemble de l'UE, et non à chaque État individuellement. Un compromis nécessaire pour embarquer la Pologne, qui s'affirme incapable de tenir cet engagement.
Royaume-Uni
Le Royaume-Uni est tout simplement le plus ambitieux au monde en matièrematière de réduction de gaz à effet de serre. Boris Johnson s'est engagé à une réduction de 78 % de ses émissions d'ici à 2035 par rapport au niveau d'émissions de 1990, afin d'atteindre plus rapidement la neutralité carbone en 2050. Pour la première fois, le bilan carbonebilan carbone britannique prendra en compte les émissions des secteurs du transport aérien et maritime, une revendication des associations de lutte contre le réchauffement climatiqueréchauffement climatique. En novembre dernier, le Royaume-Uni avait présenté un plan en 10 points pour une « révolution verte », avec notamment l'interdiction des ventes de voitures neuves à essence et au diesel dès 2030, un quadruplement de la production d'électricité provenant de l'éolien offshoreoffshore ou de la plantation de 30.000 hectares de boisbois chaque année.
Brésil
Climatosceptique assumé, Jair Bolsonaro a créé la surprise (et le septicisme) en annonçant que son pays visait désormais la neutralité carbone à l'horizon 2050, soit 10 ans plus tôt que prévu. Il s'est par ailleurs engagé à « éliminer la déforestationdéforestation illégale au Brésil d'ici à 2030 », mais réclame pour cela un soutien de la communauté internationale d'environ 830 millions d'euros. Entre août 2019 et juillet 2020, la déforestation au Brésil a augmenté de 9,5 % par rapport aux 12 mois précédents, avec une surface déboisée équivalente à celle de la Jamaïque.
Inde
Troisième plus gros pollueur de la planète, l'Inde n'a pas fourni de nouvel objectif, mais a confirmé son ambition d'installer 450 gigawatts d'énergie renouvelable d'ici 2030. Le Premier ministre Narendra Modi s'est justifié en rappelant que l'empreinte carbone par habitant de son pays est 60 % inférieure à la moyenne, grâce « à des pratiques traditionnelles durables ». Malgré les pressionspressions internationales, l'Inde reste largement en retard sur le réchauffement climatique. Alors que le charbon représente déjà les trois quarts de sa production électrique, elle envisage d’ouvrir encore de nouvelles centrales à charbon.
Australie
L'Australie a réitéré son objectif fixé lors de l'Accord de Paris, avec une réduction de ses émissions de 26 % à 28 % par rapport à leur niveau de 2005, un objectif jugé peu ambitieux par tous les observateurs. Le Premier ministre Scott Morrison ne s'est pas fixé une date claire pour atteindre la neutralité carbone, affirmant seulement que le pays atteindrait « de préférence » cet objectif d'ici 2050. Lors d'un discours devant des chefs d'entreprise en avril, il avait déclaré que la nation tracerait sa propre voie et atteindrait ses objectifs grâce à « la meilleure technologie et à l'esprit du capitalisme », et non avec des taxes comme un prix du carbone.
Canada
Le Canada s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45 % de ses émissions en 2030 par rapport aux niveaux de 2005, au lieu des 30 % promis précédemment. Son dernier budget présenté le 20 avril prévoit 11,3 milliards d'euros d'investissements au cours des sept prochaines années pour promouvoir une « relance verte ». Le Canada a également promis de protéger 25 % de son territoire d'ici 2025, et d'instaurer une taxe carbonetaxe carbone qui atteindra 113 euros la tonne en 2030. Néanmoins, la réalisation de ces objectifs dépend en grande partie du bon vouloir des provinces, notamment en matière de transports, d'énergie, d'exploitation des ressources naturelles, ou d'agricultureagriculture.
Russie
Vladimir Poutine est resté (volontairement ?) flou, annonçant vouloir « limiter de manière significative » les émissions de la Russie d'ici à 2050, mais sans citer d'engagement chiffré. Il a insisté sur le fait que le pays avait presque réduit de moitié ses émissions par rapport à 1990 et (histoire de détourner l'attention) a appelé à une réduction mondiale du méthane, « un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone et un moteur principal du changement climatique », selon lui.
Japon
Le Premier ministre japonais Yoshihide Suga s'est fixé un nouvel objectif de réduction de 46 % de ses émissions d'ici 2030 par rapport à 2013, contre 26 % précédemment. Il compte également faire passer la part des énergies renouvelables dans sa production d'électricité à 22-24 % (contre 10 % aujourd'hui). Le Japon est toujours très dépendant des énergies fossiles, notamment des importations de gaz naturelgaz naturel de charbon, d'autant plus que son recours à l'énergie nucléaire a été largement limité depuis la catastrophe de Fukushima en 2011.