Voitures électriques ou hybrides. Voitures à hydrogène. Pour réduire l’empreinte carbone du secteur des transports, toutes les solutions sont bonnes. Y compris, pourquoi pas, celle proposée aujourd’hui par une équipe de chercheurs. Leur idée : ne pas forcer la transition, mais au contraire, laisser les voitures qui sont déjà efficaces – même si elles sont à essence – circuler plus longtemps !
au sommaire
Notre Planète se réchauffe. Et pour éviter le pire, il y a désormais urgence à réduire nos émissionsémissions de gaz à effet de serre. Dans tous les domaines. Y compris, bien sûr, celui des transports. En France, le secteur est responsable de plus d'un tiers des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Mais des chercheurs de l’université impériale de Kyushu (Japon) nous mettent aujourd'hui en garde contre les fausses bonnes idées.
Souvent, les débats se concentrent sur l'efficacité des véhicules ou sur le recours à des carburants alternatifs. Ainsi le ministère de la Transition écologique soulignait-il, en août dernier, que les voituresvoitures immatriculées en 2020 émettent moins de 100 grammes de CO2 par kilomètre contre plus de 110 pour les voitures immatriculées en 2019. Une baisse qui s'explique notamment par une augmentation de la part des voitures électriques - ou hybrides - sur le marché. L'Union européenne a, quant à elle, fixé un objectif de 30 millions de véhicules électriques en circulation d'ici 2030 - contre seulement 2 millions en 2019.
Pendant ce temps, des chercheurs se sont penchés sur la question des émissions de CO2 de nos voitures dans l'espoir d'éclairer au mieux les choix politiques et personnels. Leur conclusion : conserver et utiliser plus longtemps des voitures à bon rendement énergétique - même s'il s'agit de voitures à essence - pourrait limiter les émissions de CO2. Bien plus qu'une transition rapide vers des véhicules à carburant alternatif - électrique ou hydrogènehydrogène.
Fabriquer des voitures émet des gaz à effet de serre
« Plus vite vous remplacez une voiture, plus elle émet de CO2. Ce n'est pas différent avec les voitures électriquesvoitures électriques, car lorsque la demande de nouvelles voitures augmente, les émissions de la phase de production augmentent », explique Shigemi Kagawa, professeur à la Faculté d'économie de l'université de Kyushu, dans un communiqué. L'empreinte carbone d'une voiture ne se résume en effet pas à ses émissions sur la route. Les chercheurs estiment qu'au Japon, la part de la fabrication est même de 24 %.
Ainsi, l'étude conclut que si les voitures immatriculées au Japon entre 1990 et 2016 étaient restées 10 % plus longtemps sur la route avant d'être mises à la casse, leur empreinte carbone aurait diminué de 30,7 millions de tonnes. Car la diminution des émissions de fabrication de nouvelles voitures compense largement les émissions supplémentaires produites par les voitures existantes.
Le saviez-vous ?
Les chercheurs de l’université impériale de Kyushu (Japon) montrent aussi qu’à l’inverse, réduire le temps pendant lequel les voitures immatriculées entre 1990 et 2016 ont été en circulation de 10 % aurait entraîné une augmentation de l’empreinte carbone du secteur de plus de 42 millions de tonnes. Si les premiers propriétaires de ces voitures s’en séparaient 10 % plus tôt, cela entraînerait une hausse de l’empreinte carbone de près de 30 millions de tonnes.
La diminution ne représente pas plus de 1 % des émissions totales du parc pendant la période. Mais 1 % de plus pourrait encore être gagné si les premiers propriétaires desdites voitures les conservaient 10 % plus longtemps. Afin de limiter la circulation de voitures d’occasion et encourager celle de voitures neuves plus économes. « Alors la prochaine fois que vous envisagerez d'acheter une nouvelle voiture, demandez-vous d'abord si vous ne pourriez pas encore faire quelques kilomètres encore avec celle que vous avez déjà », conclut Shigemi Kagawa.