Certains organismes consomment du dioxyde de carbone (CO2). Il en est même qui en sont tout particulièrement friands. C’est le cas d’un microbe, une cyanobactérie, que des chercheurs ont trouvé au large de la Sicile (Italie).


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    Pour éliminer le dioxyde de carbone (CO2) de notre atmosphère, certains misent sur les arbres. D'autres, sur des solutions à 100 % technologiques. D'autres encore, sur la vie. C'est le cas de chercheurs américains et italiens qui, ensemble, viennent peut-être de faire, en la matièrematière, une découverte importante. Dans la revue Applied and Environmental Microbiology, ils décrivent une cyanobactérie qui pourrait jouer un rôle majeur dans nos projets de décarbonation.

    Des cyanobactéries, on en trouve partout sur notre Terre. Depuis deux à trois milliards d'années. Ces micro-organismesmicro-organismes ont même été les premiers à produire de l'oxygène. Mais celle dont il est question ici, les microbiologistes sont allés la chercher au large de l'île de VulcanoVulcano, en Sicile (Italie). C'est un environnement naturellement riche en CO2 du fait de l'activité de cheminées volcaniquescheminées volcaniques peu profondes. Et les chercheurs espéraient bien y trouver des organismes qui auraient développé la capacité de doper leur croissance grâce à ce CO2.

    Une bactérie pour séquestrer le carbone au fond des mers

    Une fois la cyanobactérie - elle est officiellement baptisée Utex 3222 - isolée, ils l'ont placée dans des conditions réputées favorables à son développement : des températures chaudes, beaucoup de lumièrelumière et beaucoup de CO2. Les chercheurs ont alors observé qu'elle produisait des colonies plus grandes que les autres souches de cyanobactéries à croissance rapide connues. Ses cellules individuelles aussi étaient plus grandes. Celle qu'ils ont donc surnommée Chonkus a également atteint une densité et une teneur en carbone plus élevées que les souches existantes.

    Et, cerisecerise sur le gâteau, la cyanobactérie semble vouloir, au lieu de rester en suspension comme ses cousines, s'agglomérer en boulettes denses qui coulent au fond de l'eau. De quoi assurer la séquestration du carbone sur un plus long terme. Mais aussi, faciliter son éventuel usage industriel. Parce que de telles boulettes sont plus concentrées et faciles à sécher.

    Ces graphiques montrent deux utilisations possibles de la cyanobactérie récemment découverte : une source de biomasse riche en carbone pour la fabrication de produits de valeur à gauche ou une méthode permettant d’envoyer rapidement du carbone des eaux peu profondes de l’océan vers les profondeurs pour le piégeage du carbone. © Wyss Institute de l’Université Harvard
    Ces graphiques montrent deux utilisations possibles de la cyanobactérie récemment découverte : une source de biomasse riche en carbone pour la fabrication de produits de valeur à gauche ou une méthode permettant d’envoyer rapidement du carbone des eaux peu profondes de l’océan vers les profondeurs pour le piégeage du carbone. © Wyss Institute de l’Université Harvard

    Des bioproduits en plus

    Les chercheurs expliquent en effet que plusieurs produits sont actuellement fabriqués à partir d'alguesalgues. Des oméga-3oméga-3 ou la spirulinespiruline, par exemple. Ils pourraient être fabriqués plus efficacement dans une souche de cyanobactérie à croissance rapide et dense. Et le fait que celle-ci récupère directement le carbone de son environnement pour se développer signifie qu'elle peut tout à la fois séquestrer du carbone et servir à la biofabrication de divers produits.

    Les chercheurs ont mis à disposition leurs échantillons de Chonkus afin que d'autres puissent les utiliser librement. Et ils sont déjà partis en quête d'autres microbes qui pourraient aider à capturer et recycler du CO2. Du côté des sources chaudessources chaudes du Colorado, des terres fumantes de la mer Tyrrhénienne ou des récifs coralliensrécifs coralliens de la mer Rougemer Rouge, entre autres. Parce qu'ils en sont désormais convaincus, « il est plus efficace de rechercher les microbes qui ont déjà évolué pour réussir dans des environnements pertinents pour les humains plutôt que d'essayer de créer toutes les caractéristiques que nous voulons dans des bactériesbactéries E. coliE. coli cultivées en laboratoire ».