Lorsque l’on évoque le réchauffement climatique, on parle tout de suite de dioxyde de carbone (CO2). Et l’on oublie parfois un peu vite qu’il existe d’autres gaz à effet de serre. Le méthane (CH4) notamment. Sa capacité à piéger la chaleur est importante. Selon des chercheurs, il est aujourd’hui crucial d’en réduire les émissions pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris.
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Le dioxyde de carbone, le fameux CO2 que nous connaissons tous maintenant, n'est pas le seul gaz à effet de serre (GES) dans notre atmosphère. Il y en a d'autres. Beaucoup d'autres. La vapeur d'eau (H20), par exemple. L'ozoneozone (O3), le protoxyde d'azoteprotoxyde d'azote (N2O) ou les halocarbures -- une famille à laquelle appartiennent les chlorofluorocarbures connus sous le nom de CFCCFC. Ou encore celui dont on commence à beaucoup parler aussi : le méthane (CH4).
On le cite de plus en plus parce qu'il a sa part dans le réchauffement climatique anthropique. Lors de la COP 26, la 26e Conférence des parties signataires de la Convention-Cadre de l'Organisation des Nations unies sur les changements climatiqueschangements climatiques (COP 26), d'ailleurs, 105 pays représentant environ la moitié des émissionsémissions anthropiques de méthane se sont engagés à réduire ces émissions de 30 % d'ici 2030. Alors même que de colossales fuites de méthane industriel viennent tout juste d'être observées par satellite, des chercheurs de l'université de Stanford (États-Unis) nous proposent aujourd'hui de mieux comprendre les enjeux qui se cachent derrière cet engagement.
Pour cela, il faut rappeler que tous les gaz à effet de serre n'ont pas le même pouvoir de réchauffement global (PRG). La même capacité à piéger la chaleurchaleur. Il est ainsi régulièrement rappelé que le CH4 est un gaz à effet de serre au moins 25 fois plus puissant que le CO2. Comprenez que, sur une période de 100 ans -- une période fixée arbitrairement par le protocole de Kyoto --, un kilo de méthane produit 25 fois plus d'effet de serre qu'un kilo de dioxyde de carbone. C'est déjà énorme. Mais les chercheurs de Stanford soulignent aujourd'hui que le pouvoir de réchauffement du CH4 est largement sous-estimé. Si l'on se place sur une échelle de temps plus courte.
Le méthane ne doit pas faire oublier le CO2
En effet, la duréedurée de vie du CO2 dans notre atmosphère est sans commune mesure avec celle du CH4. On parle de milliers d'années pour le premier contre une dizaine d'années seulement pour le second. Ainsi, s'il est crucial de réduire drastiquement nos émissions de CO2 dans un avenir aussi bien proche que plus lointain, pour limiter le réchauffement à 2 °C -- ou mieux, à 1,5 °C -- au-dessus de la moyenne préindustrielle, les chercheurs préviennent qu'il faudra aussi se pencher sur nos émissions de gaz à effet de serre à courte durée de vie comme le méthane.
Selon eux, adopter une nouvelle métrique basée sur une période non plus de 100 ans, mais de 24 ans seulement, permettrait d'aligner les engagements de réduction des émissions de CH4 sur les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat. Or, à cette échelle de temps, le PRG du méthane serait de l'ordre de 75 fois plus important que celui du CO2. De quoi mettre en lumièrelumière son poids à court terme.
Le saviez-vous ?
Un tiers des émissions anthropiques de méthane proviendrait de l’exploitation et du transport des énergies fossiles. Mais l’agriculture reste la première source de méthane dans le monde, responsable de près de deux tiers de nos émissions. Le bétail à lui seul est ainsi à l’origine d’environ un tiers des émissions d’origine humaine. Les rizières sont aussi d’importantes contributrices. Elles comptent pour un peu moins de 10 % des émissions de méthane liées à l’activité humaine.
Des solutions existent. Comme le recours à des aliments plus nutritifs pour les animaux ou alors l’alternance entre des périodes de mouillage et de séchage dans les régions où est cultivé le riz.
D'autres scientifiques restent plus circonspects quant à l'idée de modifier le cadre temporel qui permet de fixer le PRG de chaque gaz à effet de serre. Ils craignent que cela fasse perdre de vue le fait que des mesures de réduction des émissions de GES à courte durée de vie ne pourront avoir un réel effet que pour une durée limitée. L'effet de refroidissement finira par diminuer avec le temps. Ainsi ils notent que, même s'il paraît nécessaire de réduire nos émissions de méthane, il reste incontournable de limiter sur le long terme nos émissions de CO2.