Le dernier Lancet Countdown on health and climate change dresse un bilan inquiétant des effets du réchauffement climatique sur notre santé. Mais où trouver l’argent nécessaire à une transition qui nous protégerait du pire ? Les experts ont leur petite idée…


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    Le Lancet Countdown on health and climate change, c'est une évaluation indépendante des impacts du réchauffement climatique sur notre santé. Un résumé des conclusions en la matièrematière les plus actuelles de près de soixante institutions de recherche réparties sur la planète. Et celui qui vient tout juste d'être publié, à quelques jours maintenant de l'ouverture de la COP29, le huitième du nom, révèle des résultats préoccupants.

    Les effets du réchauffement climatique sur notre santé

    Rappelez-vous, l'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée - en attendant que 2024 s'achève. Le monde a connu un nombre inédit de sécheresses persistantes, de vagues de chaleur écrasantes, de feux de forêt, de tempêtes ou encore d'inondations. Et les conséquences de tout cela sur notre santé ont été désastreuses, estiment les experts impliqués dans la rédaction du 2024 Lancet Countdown.

    À l'échelle mondiale, les décès liés à la chaleurchaleur chez les personnes de plus de 65 ans ont augmenté de 167 % par rapport aux décès des années 1990. Un chiffre bien supérieur à l'augmentation de 65 % à laquelle on aurait pu s'attendre si les températures n'avaient pas changé. Comprenez en tenant compte uniquement de l'évolution démographique.

    En 2023, les personnes dans le monde ont également été exposées, en moyenne, à un record historique de 1 512 heures de températures élevées et de 50 jours de températures dangereuses pour la santé, associées à un risque au moins modéré de stressstress thermique lors de la pratique d'exercices physiquesphysiques en extérieur aussi basiques que la marche ou le vélo. Cela correspond à une augmentation de près de 30 % par rapport à la moyenne des années 1990.

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    Les sécheresses extrêmes ont, quant à elles, touché 48 % de la surface terrestre mondiale, soit le deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré. La fréquence accrue des vagues de chaleur et des sécheresses a été associée à 151 millions de personnes supplémentaires souffrant d'insécurité alimentaire - modérée ou grave - par rapport à chaque année entre 1981 et 2010.

    Le 2024 Lancet Countdown signale aussi qu'en 2023, plus de 5 millions de cas de denguedengue ont été enregistrés dans plus de 80 pays. Car le risque de transmission de la dengue par les seuls moustiques Aedes albopictusAedes albopictus a augmenté de 46 % depuis 10 ans par rapport aux années 1950.

    Près de 182 millions d'hectares de forêts ont par ailleurs été détruits entre 2016 - c'est la date d'entrée en vigueur de l'Accord de Paris - et 2022, mettant à mal la capacité naturelle de notre TerreTerre à capturer le dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphèreatmosphère. Dans le même temps, l'augmentation de la consommation de viande rouge et de produits laitiers a entraîné une augmentation de 220 000 décès liés à l'alimentation entre 2016 et 2021 et a contribué à une hausse de 2,9 % des émissionsémissions de GESGES agricoles.

    « Aucun individu ni aucune économie n'est désormais à l'abri des menaces sanitaires du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, souligne Marina Romanello, la directrice exécutive du Lancet Countdown, chercheur à l'University College de Londres. Partout dans le monde, les populations souffrent de plus en plus des effets financiers et sanitaires du changement climatique, et les communautés défavorisées des pays aux ressources limitées sont souvent les plus touchées , remarque Wenjia Cai, coprésident du groupe de travail 4 du Lancet Countdown à l'université Tsinghua (Chine). L'adaptation ne parvient pas à suivre le rythme ».

    En 2022, les gouvernements du monde ont alloué aux énergies fossiles des sommes record. © <em>2024 Lancet Countdown</em>
    En 2022, les gouvernements du monde ont alloué aux énergies fossiles des sommes record. © 2024 Lancet Countdown

    Les gouvernements jettent de l’huile sur le feu

    Mais ce qui semble mettre les experts réellement en colère, c'est que les gouvernements et les entreprises continuent d'alimenter le réchauffement climatique à grands coups d'investissements dans les combustiblescombustibles fossilesfossiles. Les chercheurs rappellent ainsi qu'en 2023, les émissions mondiales de CO2 ont encore atteint un record. Et la part des combustibles fossiles dans notre système énergétique flirte toujours avec un invraisemblable 80 % !

    Les chiffres publiés dans le 2024 Lancet Countdown sont parlants. En 2022, près de 85 % des pays analysés dans le rapport ont subventionné les combustibles fossiles pour un montant net record de 1 400 milliards de dollars. Un chiffre à comparer aux promesses faites à l'occasion de la COP27 pour constituer le Fonds pour les pertes et dommages en soutien aux pays les plus vulnérables : 700 millions de dollars. Un chiffre qu'on peut mettre face aux dépenses de santé, également : 23 pays analysés dans le rapport ont dépensé autant pour soutenir l'industrie fossile que pour la santé de leurs concitoyens.

    Réorienter les investissements vers l’économie durable

    Les experts évoquent « des investissements pervers » et appellent les gouvernements et les entreprises à rediriger au plus vite leurs fonds vers des solutions propres et durables. Mais ils notent d'ores et déjà que l'engagement des particuliers, des entreprises, des scientifiques et des organisations internationales dans le domaine du changement climatique et de la santé est croissant. Et certains chiffres sont encourageants. Celui du nombre de décès dus à la pollution atmosphérique, par exemple. Il a reculé de 7 % depuis 2016. Notamment grâce aux efforts visant à réduire la pollution due à la combustioncombustion du charboncharbon. Les investissements mondiaux dans les énergiesénergies propres augmentent, eux aussi. Tout comme la part de l'électricité renouvelable dans notre mix.

    « Pour que la transition soit réussie, il apparaît désormais que la santé des populations doit être placée au premier plan des politiques de lutte contre le réchauffement climatique afin de garantir que les mécanismes de financement protègent le bien-être et réduisent les inégalités et maximisent les gains, expose Anthony Costello, co-président du Lancet Countdown. Au milieu des turbulencesturbulences mondiales, le leadership puissant et fiable de la communauté de la santé pourrait détenir la clé pour inverser ces tendances inquiétantes et exploiter de nouvelles opportunités pour placer la protection et la promotion de la santé et de la survie au centre des agendas politiques. Nulle part cela ne sera plus important qu'à la COP29, où la transition financière occupera une place centrale, offrant une occasion vitale de garantir un avenir plus résilientrésilient et plus sain ».