La Réunion est une île naturellement marquée par un climat déjà extrême, avec des pluies parfois diluviennes, des tempêtes, et certaines années, des cyclones. Comment cette terre française située dans l'océan Indien est-elle impactée par le réchauffement climatique ?
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C'est justement l'objet d'étude de la Direction inter-régionale de MétéoMétéo France pour l'océan Indien. Pour autant, l'étude de l'évolution du climat des départements et régions d'outre-mer ne bénéficie pas d'autant de recul que celle de la métropole. Pour La Réunion, la collecte des données de températures remonte à 1968, et les données de précipitations à 1961. Mais ces 50 ans de mesures, et les modélisationsmodélisations informatiques du climat futur, permettent déjà de tirer des conclusions sur l'évolution de l'île. A priori, l'île de La Réunion se réchauffe légèrement moins vite que la métropole : la température moyenne a tout de même gagné +0,93 °C en 55 ans, soit +0,17 °C en plus par décennie. Mais ces 30 dernières années, le rythme de réchauffement s'est accéléré.
Une hausse possible du niveau de la mer de plus d'un mètre d'ici 2100
Première conséquence marquante du changement climatique, l'élévation du niveau de la mer, comme l'explique Marie-Dominique Leroux, responsable adjointe de la division Études et Climatologie de Météo-France, à la Direction inter-régionale de l'océan Indien : « ces 20 dernières années, le niveau de l'eau s'est élevé de +5 mm par an dans le sud-ouest de l'océan Indien, contre une moyenne mondiale de 3,7 mm au niveau mondial selon le Giec. Cela représente +14 cm depuis 1993. Dans un scénario très optimiste, un réchauffement à +1,5 °C d'ici 2100 entraînera une hausse de 0,3 à 0,5 m. Dans un scénario plus pessimiste, on prévoit +0,6 à +1 m d'ici 2100, voire un peu plus en cas de déstabilisation des calottes polairescalottes polaires. Et ce niveau de l'eau va continuer à s'élever pendant les 2 000 prochaines années ».
Cette hausse du niveau de la mer n'est pas forcément perceptible par les habitants, sauf en cas de tempête ou de cyclone. « Les cyclonescyclones ne seront pas forcément plus nombreux, mais plus intenses. Une houlehoule plus forte vient donc se superposer à un niveau de la mer plus élevé, même chose en cas de simple tempête. C'est donc durant ces épisodes météo extrêmes qu'on réalise à quel point le niveau s'est élevé », précise la chercheuse, car la submersionsubmersion et donc les dégâts sont plus grands.
Une tendance à l'assèchement, avec des ressources en eau de plus en plus faibles
En ce qui concerne les précipitations, les contrastescontrastes saisonniers vont s'accentuer. Pour l'instant, les relevés météo ne montrent pas d'augmentation des journées avec de fortes précipitations (seuil de +100 mm ou + 200 mm). « Mais les modèles sont tous d'accord sur le fait que les événements pluvieux extrêmes vont augmenter, surtout lors de la saisonsaison des pluies », selon Marie-Dominique Leroux. Par contre, « les projections envisagent toutes un assèchement global des îles du sud-ouest de l'océan Indien, et un retard du démarrage de la saison des pluies. Les ressources en eau sont déjà critiques à Mayotte et La Réunion, cela posera un problème d'accès à l'eau. On prévoit -10 à -20 % de précipitations d'ici 2100 à La Réunion lors de la saison sèche dans un scénario optimiste, et -30 à -40 % de précipitations dans un scénario pessimiste. Malgré l'augmentation d'épisodes fortement pluvieux, la tendance générale sera à l'assèchement ».
La chercheuse tient à le préciser : toutes les îles françaises sont touchées par le réchauffement climatiqueréchauffement climatique à des degrés divers. Par contre, cela ne dépend pas des émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre locales, mais générales. Certaines îles bénéficient de meilleures conditions que d'autres pour affronter les conséquences du changement climatique : la terreterre de La Réunion a au moins l'avantage d'être stable, contrairement à Mayotte qui, en plus de subir l'élévation du niveau de la mer, s'affaisse progressivement dans le sol. « Tous ces changements peuvent être amplifiés ou atténuésatténués temporairement par d'autres phénomènes naturels comme les cycles solaires ou les éruptions volcaniqueséruptions volcaniques », précise la chercheuse. Dans tous les cas, malgré une variabilité naturelle avec des années plus ou moins sèches et plus ou moins tempétueuses, le réchauffement a un impact certain sur la survie de ces îles, et de manière imminente, sur les habitants, et l'activité économique des côtes vouées à disparaître dans les prochaines années.