Et si le réchauffement de la troposphère, la couche de l’atmosphère en contact avec le sol, avait été sous-estimé par les relevés satellite ? C’est la question que posent très sérieusement aujourd’hui des chercheurs après qu’ils ont découvert quelques incohérences.
au sommaire
La troposphère, c'est la couche de notre atmosphère la plus basse. Celle qui touche notre sol et s'étend tout de même jusqu'à quelque dix kilomètres d'altitude. Un peu plus à l'équateur. Un peu moins aux pôles. Et des chercheurs du Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL, États-Unis) nous apprennent aujourd'hui que les mesures satellite de la température de cette troposphère ont peut-être sous-estimé le réchauffement climatique au cours des quarante années écoulées.
Rappelons que la relation entre la température et l'humidité dans l'airair est régie par des équationséquations de la physiquephysique. Or les chercheurs du LLNL ont découvert qu'un certain nombre de mesures de température et d'humidité injectées dans les modèles climatiques donnaient des résultats manquant de cohérence. Leur conclusion : les mesures satellite ont soit sous-estimé la température de la troposphère, soit sous-estimé son humidité.
Des ensembles de données à corriger
Leur analyse montre plus exactement que plusieurs ensembles de données d’observation, notamment celles avec les plus petites valeurs de réchauffement, sont en contradiction avec d'autres variables complémentaires mesurées indépendamment. Des variables ayant une relation physique les unes avec les autres. Ainsi, les mesures qui révèlent le moins de réchauffement pourraient bien s'avérer les moins fiables.
Selon les chercheurs, comparer ainsi des mesures complémentaires pour tester la fiabilité des observations peut aider à juger de la crédibilité de différents ensembles de données. Et à suivre le réchauffement avec plus de précision. Un travail approfondi devra aussi être mené pour comprendre comment les satellites peuvent ainsi se tromper. Que ce soit finalement concernant la valeur de l'humidité ou celle des températures.
Réchauffement climatique : la hausse moyenne des températures est plus importante que prévu
Plus 1,5 °C, c'est la barre symbolique du réchauffement climatique que nous ne voudrions pas dépasser. Les États s'y sont engagés en signant l'Accord de Paris. Mais des chercheurs montrent aujourd'hui que nous pourrions déjà en être bien plus proches que nous le pensions. Notre budget carbonecarbone en prend un sérieux coup !
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 21/12/2020
En 2015, presque tous les pays du monde signaient l'Accord de Paris. Ils s'engageaient alors à limiter le réchauffement climatique à « bien en dessous » de + 2 °C - par rapport aux niveaux préindustriels - et si possible, à plus + 1,5 °C. Cinq ans plus tard, même si la croissance des émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre a ralenti, les chercheurs soulignent que les efforts consentis jusqu'à présent ne suffiront pas à atteindre ces objectifs.
Aujourd'hui, la dernière génération de modèles climatiques - que les chercheurs appellent CMIP6 - permet de prévoir que, dans un scénario où les émissions ne sont pas rapidement réduites, nous dépasserons les + 1,5 °C de réchauffement entre 2026 et 2042. Très vraisemblablement entre 2030 et 2032. Le seuil des + 2 °C pourrait même être atteint autour de 2043.
C'était sans compter la publication de nouveaux travaux basés sur la cinquième mise à jour des données du Centre Hadley pour la recherche et la prévision climatique (HadCRUT5, Royaume-Uni). Alors que l'on pensait que la température mondiale avait augmenté de 0,91 °C, ceux-ci révèlent que la hausse est plutôt déjà de 1,07 °C ! Ce qui nous laisserait encore moins de temps pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
Réduire nos émissions de CO2 d’urgence
« Le changement climatique n'a pas soudainement empiré. C'est juste que notre estimation de l'ampleur du réchauffement s'est précisée », souligne Tim Osborn, chercheur à l'université d'East Anglia (Royaume-Uni) devant la presse. Grâce à une nouvelle manière de mesurer les températures de surface de la mer. Et à la prise en compte de données plus larges sur la région arctiquearctique, une région qui se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste de la planète.
En 2018, le Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, estimait que pour avoir deux tiers de chances de rester sous les + 1,5 °C de réchauffement, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient être divisées par deux d'ici 2030 et ramenées à zéro avant 2050. Mais ces nouveaux travaux pourraient forcer une révision de notre budget carbone.
Autre conséquence : il se pourrait que la sensibilité du climat aux émissions de gaz à effet de serre soit à revoir légèrement à la hausse. Comprenez, combien le monde se réchaufferait si l'on doublait le taux de dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère. Avec pour effet, un réchauffement plus rapide à venir.
D'autres chercheurs, de l'université de Leeds (Royaume-Uni), cette fois, ont étudié comment les niveaux d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre affectent les taux de réchauffement. Non pas d'ici la fin du XXIe siècle ou même le début du siècle d'après. Mais d'ici 2040. Ils affirment que le passage à une trajectoire d'émissions conforme aux objectifs de l'Accord de Paris réduirait le risque de voir des « taux de réchauffement sans précédent » dans les 20 prochaines années d'un facteur 13 par rapport à un scénario sans atténuation. Et donc qu'une action immédiate et forte peut apporter des avantages dans nos propres vies, pas seulement pour celles de nos enfants. Une raison de plus d'agir...
Réchauffement climatique : les objectifs de l’Accord de Paris déjà hors de portée ?
Pendant plus de 30 ans, les chercheurs ont pensé que la réponse de notre Planète à un doublement de la concentration en CO2 dans son atmosphère se situerait entre +1,5 °C et +4,5 °C. De nouveaux modèles, a priori plus sophistiqués, revoient aujourd'hui ces valeurs à la hausse. S'ils se vérifient, les objectifs de l'Accord de Paris seront d'autant plus difficiles à tenir.
Article de Nathalie Mayer paru le 16/01/2020
En 2019, les émissions mondiales de CO2 ont encore augmenté. La dernière estimation du Global Carbon Project - un consortium international de plus de 75 chercheurs - table sur +0,6 %. Une bonne nouvelle si l'on considère qu'en 2018, la hausse avait dépassé les plus 2,0 %. Mais selon le Programme des Nations unies pour l'environnementProgramme des Nations unies pour l'environnement, si nous espérons tenir les objectifs de l'Accord de Paris - un réchauffement limité à +1,5 °C -, nous devrions réduire nos émissions de gaz à effet de serre de pas moins de 7,6 % par an entre 2020 et 2030.
Et nous sommes d'autant plus loin du compte qu'aujourd'hui, plusieurs équipes de chercheurs venus d'une demi-douzaine de pays suggèrent que, depuis des décennies, le potentiel de réchauffement du CO2 a été sous-estimé. Selon les modèles de ces experts, les concentrations de CO2 censées conduire à un réchauffement de 3 °C, par exemple, mèneraient plus vraisemblablement à un réchauffement de 4 à 5 °C !
Comment cela est-il possible ? Parce que la sensibilité climatique de notre TerreTerre, celle qui caractérise l'évolution des températures dans le cas d'un doublement de la concentration en CO2 dans son atmosphère, n'est pas des plus aisée à fixer. Elle doit prendre en compte le comportement des forêts et des océans face au réchauffement et à l'afflux de carbone. Mais elle doit surtout réussir à modéliser le devenir des nuagesnuages. Un réel défi compte tenu de leur caractère éphémère et de l'espace limité qu'ils occupent dans notre atmosphère par exemple.
« Pour notre Planète, les nuages font office de protection solaire. Ils réfléchissent la lumièrelumière du SoleilSoleil et aident ainsi à maintenir une température plus fraîche sur la Terre que s'ils n'existaient pas », explique dans un communiqué, le docteur Mark Zelinka, chercheur au Laboratoire national Lawrence Livermore (États-Unis).
Les nuages au cœur du débat
Pendant longtemps, les modèles climatiques ont notamment peiné à rendre compte du mélange de gouttelettes liquidesliquides et de cristaux de glace dans les nuages observés dans la nature. Mais ceux utilisés cette fois améliorent la simulation. Et laissent penser que ces nouveaux modèles, plus sensibles, donnent une vision plus réaliste du réchauffement à venir.
Rappelons qu'avec la hausse des températures, aux moyennes latitudeslatitudes, il y aura, dans l'air, plus d'humidité susceptible de se condenser et les nuages glacés deviendront alors plus volontiers des nuages remplis d'eau. Des nuages plus brillants qui renverront plus d'énergieénergie solaire vers l'espace. Un petit coup de pouce pour nous aider à limiter le réchauffement climatique. Mais selon les nouveaux modèles des climatologuesclimatologues, ce phénomène ne sera pas aussi marqué que prévu.
D'autant qu'en parallèle, notre atmosphère présentera moins de nuages bas. Et des nuages bas plus fins. Qui réfléchiront moins de lumière du Soleil. Les nuages d'altitude, quant à eux, devraient migrer un peu plus vers le haut. Un processus qui, lui aussi, amplifiera le réchauffement climatique en limitant la capacité de notre Planète à rayonner de la chaleurchaleur vers l'espace.
“Ces modèles doivent être pris au sérieux”
En tenant compte de ces nouvelles données, certains modèles concluent à une sensibilité climatique comprise entre 4,9 °C et 5,6 °C. Ces modèles doivent encore être vérifiés, mais « ils sont très sophistiqués », assure Mark Zelinka. « Il faut les prendre au sérieux. » D'autant que selon les travaux de son équipe, ils coïncident avec les observations de ces 75 dernières années. Les autres modèles les plus récents sont plus optimistes. Mais affichent une sensibilité climatique tout de même supérieure à celle envisagée jusqu'à présent. De quoi rendre les objectifs de l'Accord de Paris difficilement atteignables.
Réchauffement climatique : pourquoi le limiter à +2 °C ne sera pas possible
CharbonCharbon, pétrolepétrole et gaz sont les principaux moteurs du changement climatique en cours. Pourtant, ils font rarement l'objet de négociations internationales visant à en limiter la production. Et un rapport publié par le programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP) pointe aujourd'hui les incohérences qui existent entre les politiques nationales de production et les objectifs de limitation du réchauffement.
Article de Nathalie Mayer paru le 22/11/2019
Faisant suite à la COP21, l'accord de Paris, approuvé par 195 délégations, convenait de tout mettre en œuvre afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-delà des températures préindustrielles. C'était en 2015. Déjà en 2018, les émissions de carbone avaient atteint un niveau record totalement en désaccord avec ces engagements.
Aujourd'hui, un rapport rédigé par le programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) nous apprend que la plupart des grands pays producteurs de combustibles fossiles -- pourtant signataires de l'accord -- prévoient d'augmenter leur production de manière conséquente à l'horizon 2030 ! Or, selon Michael Lazarus, l'auteur principal du rapport, nous ne parviendrons pas à limiter nos émissions de CO2 sans une réduction de la production de combustiblescombustibles fossilesfossiles.
Se basant simplement sur des documents publiquement disponibles, le rapport souligne à quel point l'accord de Paris et les politiques des pays producteurs de charbon, de pétrole et de gaz sont en décalage. Pour en rendre compte, les auteurs introduisent même le terme de « fossil fuelfuel production gapgap » (écart de production de combustibles fossiles). « Même les pays réputés leaders en matièrematière de lutte contre le réchauffement climatique, comme le Canada et la Norvège, affirment vouloir maximiser leurs exportations de combustibles fossiles », regrette Michael Lazarus.
Réchauffement climatique et énergies fossiles
Ainsi, les gouvernements prévoient-ils une production qui dépasse de 50 % celle qui serait cohérente avec une limitation du réchauffement climatique à 2 °C et même de 120 % celle qui serait cohérente avec les engagements pris dans l'accord de Paris. Et les auteurs du rapport préviennent que si ces plans étaient menés à terme, le réchauffement climatique atteindrait les 2,7 °C, voire 4 °C si les politiques les plus ambitieuses portaient leurs fruits.
La Californie, toutefois, l'un des plus grands États producteurs de pétrole des États-Unis -- le plus grand producteur mondial à l'heure actuelle --, semble vouloir enfin faire marche arrière. Des actions destinées à stopper progressivement la production ont été annoncées en début de semaine. Parmi elles, l'arrêt des émissions d'autorisation de nouvelles fracturations hydrauliques.
Et le rapport propose quelques pistes qui permettraient aux gouvernements de limiter le « fossil fuel production gap » comme réduire les exportations ou supprimer les subventions. Le tout devant être progressivement mis en place afin d'éviter les chocs économiques pour les populations impliquées. L'Allemagne, l'un des plus grands producteurs de charbon au monde, doit fermer toutes ses centrales d'ici 2038. Le pays a prévu une enveloppe de plus de 40 milliards d'euros pour indemniser les personnes impactées par la mesure.
Réchauffement climatique : est-il encore possible d’éviter le pire ?
La Conférence sur le climat (COP24) qui s'ouvrira à Katowice, en Pologne, le 2 décembre prochain, s'annonce tendue. Un rapport publié hier par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) rappelle en effet que les engagements annoncés par les pays signataires de l'accord de Paris -- s'ils sont tenus -- placent notre planète sur une trajectoire de réchauffement de plus de 3 °C d'ici la fin du siècle. Élimination du CO2 de l'atmosphère et géoingénieriegéoingénierie nous aideront-elles à éviter le pire ?
Article de Nathalie Mayer paru le 28/11/2018
Sur le front de la lutte contre le réchauffement climatique, des progrès sont réalisés tous les jours. Pourtant, les nouvelles ne sont toujours pas bonnes. Nous continuons de battre des records d’émission de CO2. À la veille de l'ouverture de la 24e Conférence sur le climat (COP24), les experts tirent une fois de plus la sonnettesonnette d'alarme. « L'écart entre le niveau actuel des émissions et le niveau nécessaire à garder la hausse des températures, ne serait-ce qu'en deçà des 2 °C, est plus grand que jamais », prévient Philip Drost, coordinateur d'un rapport publié hier par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
“Nous devons agir rapidement”
Sur la base des dernières données disponibles, les pays devraient tripler leurs efforts. Et même le multiplier par cinq s'ils veulent maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 °C. En effet, en l'état actuel des engagements pris par les 196 pays signataires de l'accord de Paris pour diminuer leurs émissions d'ici 2030, le réchauffement global atteindrait... les 3,2 °C d'ici la fin du siècle ! « Il y a tant de chemin à parcourir, et nous devons agir rapidement. Pas dans des décennies. Maintenant ! » souligne Philip Drost.
Nations must raise their #ClimateAction ambition by
— UN Environment (@UNEnvironment) 27 novembre 2018
3X to meet the 2 °C warming target
5X to meet the 1.5 °C warming target
We urgently need a large-scale push to bridge the #EmissionsGap: https://t.co/hpEut7Gn1B pic.twitter.com/u0vEYso0AA
En 2017, les émissions ont atteint un niveau historique de 53,5 Gt équivalents CO2. Pour contenir le réchauffement climatique à 2 °C, il faudrait émettre en 2030, au maximum 40 Gt CO2. Or, selon un rapport publié hier par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les actions mises en place aujourd’hui, si elles se poursuivent simplement à ce rythme, conduiront à des émissions de… 59 Gt à cette échéance. © UNEnvironment, Twitter
Pomper le CO2 atmosphérique
Pour le GIEC, la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas, car le CO2 déjà présent dans l'atmosphère est susceptible d'affecter le climat pendant des centaines, voire des milliers d'années. Les climatologues suggèrent donc de recourir à des méthodes d'élimination ou de séquestration du CO2 atmosphérique. Dans ce cadre, et pour commencer par les solutions les plus économiques, procéder au reboisement systématique des forêts endommagées et épuisées apparaît comme une solution opportune. En effet, les arbresarbres piègent naturellement le CO2. Mais ils mettent aussi longtemps à pousser et leur croissance est soumise aux risques de feux de forêts ou de sécheressesécheresse. La séquestration du CO2 par les sols -- lorsque les plantes qui l'ont absorbé se décomposent -- semble plus simple à mettre en œuvre, mais la saturation menace à une échelle de temps très réduite -- de 10 à 100 ans seulement.
D'autres solutions sont étudiées par les chercheurs et les ingénieurs. BioénergieBioénergie avec capture et stockage de carbone (BECCS), minéralisation du CO2, capture directe, fertilisation des océansfertilisation des océans, etc. Mais qu'il s'agisse de leur coût ou de potentiels dommages collatéraux, aucune ne semble aller sans son lot d'inconvénients.
La géoingénierie devient techniquement envisageable
En parallèle, les chercheurs étudient la possibilité de mettre en œuvre des solutions dites de « géoingénierie », des techniques qui seraient mises en œuvre à l'échelle de la planète dans l'objectif de contrer le réchauffement climatique. Des travaux menés par des chercheurs américains concluent que certaines de ces solutions sont aujourd'hui techniquement envisageables à un coût raisonnable. Ils se sont intéressés à l'idée d'injecter des sulfates dans la stratosphèrestratosphère pour tâcher de réduire le forçage radiatifforçage radiatif anthropique.
Les chercheurs avancent même quelques pistes de design pour l'avion qui pourrait s'acquitter de cette mission : par exemple, un avion de ligne à fuselagefuselage étroit, mais avec une surface d'ailes et une poussée doublée pour assurer un vol à quelque 20 km d'altitude. Pour être efficace, une flotte de ces avions devrait assurer 4.000 missions dès la première année et jusqu'à 60.000, la quinzième année d'un programme qui, de manière évidente, ne pourrait pas être mené en secret par un seul pays. Une chance, car l'étude ne se prononce ni sur les critiques faites à l'idée de contrer le réchauffement avec du soufre ni sur les conséquences que cela pourrait avoir, notamment sur la couche d’ozone.
Réchauffement climatique : 5 % de chances de le limiter à 2 °C
Des chercheurs estiment que nos chances de limiter le réchauffement climatique à 2 °C ne sont que de 5 %. Au regard de notre consommation actuelle d'énergies fossilesénergies fossiles et de la croissance de la population mondiale pour les prochaines décennies, il semble que nous nous dirigions vers un réchauffement global à 3,2 °C.
Article de Futura avec l'AFP-Paris paru le 02/08/2017
Selon des chercheurs, il y a 5 % de chances de limiter le réchauffement climatique à 2 °C, l'objectif fixé par l'accord de Paris, scellé par la communauté internationale fin 2015. Quant aux chances d'atteindre l'objectif de 1,5 °C, également contenu dans l'accord, elles ne sont, elles, que de 1 %, estiment les auteurs de l'étude publiée lundi 31 juillet dans la revue Nature Climate Change.
Une équipe de scientifiques basée aux États-Unis a utilisé des projections de croissance de la population pour estimer la production future et les émissions de carbone (gaz à effet de serre) dues à l'utilisation d'énergies fossiles qu'elle entraîne. Sur la base de ces données, « l'augmentation de la température est probablement de 2 à 4,9 °C, avec une valeur médiane de 3,2 °C et 5 % de chances qu'elle soit inférieure à 2 °C », écrivent les chercheurs.
Leurs calculs ne sont pourtant pas basés sur le pire scénario, avec une consommation d'énergie toujours aussi intense, mais intègrent des efforts pour limiter l'utilisation des énergies fossiles, précisent-ils. Ils ne prévoient pas en revanche la possibilité d'un basculement massif et soudain vers les énergies renouvelablesénergies renouvelables. « Atteindre l'objectif d'un réchauffement inférieur à 1,5 °C suppose que l'intensité en carbone baisse bien plus vite que dans le passé récent », expliquent les chercheurs.
L’accord de Paris sera difficile à tenir
Dans l'accord de Paris, la communauté internationale s'est engagée à limiter la hausse de la température mondiale « bien en deçà de 2 °C » et à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5 °C », par rapport au niveau d'avant la Révolution industrielle afin d'éviter les conséquences dévastatrices du changement climatique (canicules, sécheresses, hausse du niveau des océans, tempêtestempêtes, inondationsinondations, perte de la biodiversitébiodiversité, etc.). Les experts ont averti depuis longtemps que même l'objectif des 2 °C serait difficile à atteindre.
Le Giec, le groupe d'experts internationaux dont les travaux font référence sur le climat, recommande de réduire de 40 à 70 % les émissions de gaz à effet de serre provenant des énergies fossiles d'ici 2050 par rapport à leur niveau de 2010. L'accord de Paris est moins précis, ses signataires se fixant pour objectif que les émissions atteignent leur pic « dès que possible ».
Selon les Nations unies, la population mondiale va grimper d'environ 7,5 milliards de personnes actuellement à 11,2 milliards d'ici 2100, augmentant encore la pressionpression sur les ressources énergétiques.
Ce qu’il faut faire d’ici 2020 pour limiter le réchauffement à 2 °C
Article de Delphine BossyDelphine Bossy publié le 19 décembre 2012
Si aucune mesure n'est prise d'ici 2020, il sera presque impossible de ne pas franchir la limite critique d'un réchauffement de 2 °C en 2100. D'après une étude de faisabilité d'émissions de carbone, la consommation énergétiqueconsommation énergétique mondiale ne doit pas dépasser 55 milliards de tonnes d'équivalent carbone d'ici 2020...
Il y a moins d'un mois, la Banque mondiale publiait un rapport alarmiste qui prévoit pour 2100 au mieux une augmentation de la température atmosphérique moyenne de 4 °C, au lieu des 2 °C des scénarios les plus optimistes. En décembre 2012, la conférence climatique de l’ONU se tenait au Qatar. Si elle a donné une seconde vie au protocole de Kyotoprotocole de Kyoto, aucune décision à l'échelle mondiale n'a été prise. Mais dans un tel contexte de changement climatique, si des actions ne sont pas entreprises rapidement, limiter le réchauffement climatique deviendra beaucoup plus difficile à réaliser, et probablement trop cher.
Face à l'urgence du problème, des membres du National Center for Atmospheric Research (NCAR, États-Unis), associés aux chercheurs de l'International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA, Vienne) et de l'école polytechnique fédérale de Zurich, ont réalisé une étude de faisabilité sur les émissions de carbone d'ici 2020. À l'échelle mondiale, il est impératif de réduire les émissions : mais concrètement, de combien ? L'équipe internationale a évalué les changements technologiques, politiques et sociaux nécessaires pour maintenir l'augmentation moyenne de température sous les 2 °C pour le siècle prochain. C'est la première étude qui quantifie de manière exhaustive les coûts et les risques des émissions de gaz à effet de serre à partir du seuil critique de 2020.
Pour déterminer le seuil limite d'émission de carbone que le monde peut atteindre, les scientifiques ont développé plusieurs scénarios et les projections ont fourni une fourchette d'estimations. Menée par Joeri Rogelj, l'étude montre que la limite des 2 °C pourrait toujours être respectée, même si les émissions de gaz à effet de serre n'étaient pas réduites d'ici 2020. Toutefois, la recette n'est pas simple : le prix serait très élevé, il y aurait de plus gros risques climatiques sur le long terme et les hypothèses sur les technologies du futur sont franchement optimistes.
Agir vite pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C
Les projections sont basées sur l'engagement actuel des nations sur les émissions de carbone. Si rien ne change, les émissions mondiales atteindraient au minimum 55 milliards de tonnes d'équivalent carbone par an pour 2020, contre 50 milliards de tonnes par an aujourd'hui. Pourtant, même avec ce taux d'émissions, il serait possible d'atteindre l'objectif des 2 °C. Néanmoins, une bonne dose d'optimisme est nécessaire. Par exemple, il faudrait que le nucléaire perdure comme option d'atténuation, que certaines nations adoptent rapidement des stratégies de technologiques de pointe, y compris les véhicules électriques, et des technologies à haut rendement énergétique pour les appareils électriques, les bâtiments et le transport.
En outre, il faudrait rapidement fermer les centrales électriques au charbon et les remplacer par d'autres sources d'énergie. « Vous aurez besoin d'arrêter une centrale à charbon par semaine pendant dix ans si vous voulez atteindre l'objectif des 2 °C », explique Keywan Riahi de l'IIASA, coauteur de la publication. Pourtant, d'après le dernier rapport de l'AIE (Agence internationale de l'énergie), le charbon deviendra en 2017 la principale source d'énergie.
Plus les émissions sont réduites rapidement, plus nombreuses seront les options envisageables sur le long terme et moins cela coûtera cher. Pour garder le plus de portesportes ouvertes, il faudrait arriver à un niveau d'émissions mondiales entre 41 et 47 milliards de tonnes d'équivalent carbone par an d'ici 2020. D'après l'étude publiée dans le magazine Nature Climate Change, le seul moyen pour atteindre l'objectif d'une augmentation de seulement 2 °C d'ici 2100 est de maintenir le taux d'émissions entre 41 et 55 milliards de tonnes par an d'ici 2020. Et encore, même la limite supérieure est très hypothétique.
Réduire les émissions de 3 milliards de tonnes par an d'ici 2020
Brian O'Neill, l'un des coauteurs, explique : « dans certaines conditions, l'objectif des 2 °C est possible, même si nous ne réduisons pas les émissions d'ici 2020. Mais si nous prenons en compte la possibilité que certaines technologies ne perceront pas, seront trop coûteuses ou auront des conséquences indésirables, alors les réductions d'émissions doivent commencer cette décennie ».
En réduisant les émissions dès maintenant dans les scénarios, mais surtout en réduisant la demande énergétique, les chercheurs mettent en évidence qu'il est beaucoup plus facile d'atteindre la limite de réchauffement de 2 °C. Cela procurerait beaucoup plus de souplesse dans le choix des méthodes et les technologies de réduction des gaz à effet de serre à employer sur le long terme. L'étude souligne l'importance de réduire la demande énergétique et d'améliorer l'efficacité énergétique pour atténuer le changement climatique de cette décennie.