Dans le contexte de réchauffement climatique, nous devons nous préparer à voir le niveau des océans monter. Plus que d’autres, peut-être, les peuples insulaires des Caraïbes en prennent conscience. Les premiers s’apprêtent à quitter leur île menacée par les eaux.
au sommaire
Nos émissionsémissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter. Résultat, les températures grimpent. Y compris dans nos océans. Dont le niveau monte. À un rythme qui peut nous sembler insignifiant, depuis notre France métropolitaine. En moyenne, « seulement » quatre millimètres par an aujourd'hui. Mais un rythme qui, d'ici 2100, pourrait avoir fait monter les océans de plusieurs mètres.
Selon les scientifiques, dès le milieu de ce siècle, environ un milliard d'individus seront exposés à des risques liés à la montée des eaux. L'élévation du niveau de la mer menace ainsi l'existence même de certaines nations, entend-on dire. Sans complètement y croire, avouons-le. Jusqu'à...
Le saviez-vous ?
La Banque mondiale estime à 216 millions, le nombre de personnes poussées par le changement climatique, à se déplacer à l’intérieur de leur propre pays d’ici 2050. Un mouvement qui commencera à prendre de l’ampleur dès 2030.
Jusqu'à cette nouvelle qui nous vient d'une toute petite île. Gardi Sugdub. L'une des 365 îles de l'archipel de San Blas, au Panama. La terre d'un peuple arrivé là il y a plus d'un siècle et demi, fuyant la malariamalaria et la fièvre jaunefièvre jaune. Le peuple Guna. Ils sont à peu près 1 200 à vivre là. Et à la fin de l'année prochaine, ils vont devoir laisser leur terre derrière eux. À cause de la montée du niveau de la mer. Car les scientifiques prévoient que cette île aura disparu sous les eaux dans moins de vingt ans.
Il est temps de partir… ou pas !
Les Caraïbes, en effet, s'apprêtent à subir de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique anthropique. La multiplication et l'intensification des événements météorologiques extrêmes d'abord. Avec des inondations mettant de plus en plus souvent en danger les 600 000 habitants de la région. Probablement dès le milieu de ce siècle. Et bien sûr, avec la montée du niveau de la mer. Dans les Caraïbes, plus de 30 millions de personnes vivent en effet à une altitude inférieure à trois mètres au-dessus du niveau de la mer. Du niveau actuel. Ce sera vraisemblablement en dessous de celui de demain. Celui projeté pour 2100 si nous ne réussissons pas à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. L'altitude des îles de l'archipel de San Blas s'élève rarement au-dessus d'un mètre... Ce sont donc la plupart de ces îles qui sont menacées de submersionsubmersion d'ici 2050. Quelque 50 000 Gunas qui devront trouver à se reloger dans les décennies à venir.
Ce premier déplacement vers le continent -- le premier d'une longue série, vous l'aurez compris -- a beau être préventif, il est bel et bien réel. Déjà, les maréesmarées provoquent des inondations quotidiennes sur l'île de Gardi Sugdub. Dans les salles de classe, élèves et professeurs sont chaussés de bottes en caoutchouccaoutchouc. Pour garder leurs pieds au sec.
Certains avancent que les Gunas ont participé à accélérer le phénomène. Lorsqu'ils ont voulu agrandir leur île à l'aide de décharges de corailcorail. Ils ont réussi -- sans pour autant échapper à la surpopulation -- puisque la taille de Gardi Sugdub a doublé. Mais ils auraient, par la même occasion, affaibli le récif corallienrécif corallien alentour qui les protégeait naturellement des tempêtestempêtes, des inondations et de l'érosion.
Une chance -- si l'on peut dire -- que le peuple Guna possède des terres sur la côte panaméenne. Un village de 300 maisons dans le stylestyle « lotissement de banlieue en Floride », baptisé La Barriada, est en cours de constructionconstruction là-bas, pour accueillir les réfugiés climatiques de l'île de Gardi Sugdub. Le tout pour environ 13 millions d'euros. Mais déjà les plus anciens commencent à faire entendre leur mécontentement. Affirmant que le changement climatique n'est pas un problème pour leur peuple et qu'ils n'iront nulle part. Qu'ils n'abandonneront pas leurs cabanes en boisbois couvertes de feuilles de palmier ou leurs maisonnettes rudimentaires et leurs toitstoits en tôles. Si modestes soient-elles. Elles restent... leur chez-eux !