De-ci de-là, des scientifiques évoquent des points de basculement, des points de non-retour, qui pourraient bientôt être franchis. Du côté de l’Arctique ou de l'Antarctique. Dans la forêt Amazonienne. Ou ailleurs encore. Mais les chercheurs n’ont toujours qu’une compréhension limitée de ces seuils qui menacent de faire chavirer notre climat. Ils espèrent en apprendre plus en explorant le passé.
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Certains parlent de point de non-retour. D'autres, plus modestement, de point de basculement. Quoi qu'il en soit, les scientifiques en savent peu sur ces seuils au-delà desquels des changements climatiques importants -- voire irréversibles -- pourraient se produire. De mémoire de données climatiques, cela ne s'est jamais produit. Mais des chercheurs de l’université de Birmingham et de l’université de Bristol (Royaume-Uni) montrent aujourd'hui comment des reconstructions climatiques d'il y a des milliers d'années peuvent être utilisées pour affiner nos modèles et mieux comprendre les seuils de notre système climatique.
Les modèles climatiques sont en effet aujourd'hui les seuls outils dont les chercheurs disposent pour prévoir l'évolution du réchauffement climatique. Or ceux-ci ne sont évalués que sur la base d'observations réalisées sur ces 150 dernières années. Pour prévoir les changements brusques qui nous attendent peut-être dans le contexte de réchauffement climatique anthropique, les chercheurs sont désormais convaincus qu'il leur faudra s'appuyer sur les enregistrements paléoclimatiques d'autres changements brutaux survenus dans le passé de la Terre.
L’exemple du basculement du Sahara
Les chercheurs ont particulièrement étudié l'exemple du verdissement puis de la désertification rapide du Sahara qui a lieu il y a environ 6.000 ans, au milieu de l'Holocène. En alimentant leur modèle climatique de données sur le pollenpollen fossilefossile et d'enregistrements sédimentaires, ils ont pu montrer comment il devient possible de prédire la transformation du Sahara en savane, marquée par une couverture végétale accrue, l'expansion des lacs et, surtout, une augmentation des précipitationsprécipitations.
Les résultats ont ensuite été comparés indépendamment avec des études d'enregistrements de sédimentssédiments marins de la région, montrant comment le modèle a capturé avec précision un retour très rapide aux conditions désertiques au-dessus du Sahara. Reste désormais à appliquer ces méthodes à d'autres modèles pour en tester la validité universelle. Et peut-être enfin réussir à comprendre le mécanisme qui gouverne les points de basculement.