Sur le plan du climat, les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler. Mais des chercheurs tentent aujourd’hui de positiver. Selon eux, il existe des « points de basculements » qui pourrait nous aider à gagner notre guerre contre le réchauffement climatique. L’adoption de véhicules électriques ou la décarbonisation de la production d’électricité pourraient ainsi donner un coup d’accélérateur à notre transition vers une économie neutre en carbone.


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    Les anglophones les appellent « tipping points ». Nous parlons volontiers de « points de basculement ». Ce moment où une petite évolution déclenche un emballement - souvent irréversible - de la dynamique d'un système. Depuis quelques mois, les exemples de points de basculement mis en avant dans la presse ne manquent pas. De la fontefonte des glaces à la déforestation, atteindre ces « tipping points » pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur nos sociétés.

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    Et aujourd'hui, des chercheurs de l’université d’Exeter (Royaume-Uni) attirent notre attention sur de nouveaux points de basculements. Bonne nouvelle toutefois ! Car ils se sont intéressés à des « tipping points » qu'ils qualifient de positifs. Des points de basculements qui pourraient nous aider à gagner la guerre engagée contre le réchauffement climatique.

    « Nous avons laissé passer notre chance de lutter progressivement contre le réchauffement climatique. Pour le contraindre en dessous de 2 °C, nous devons désormais envisager un changement transformationnel, une accélération rapide des progrès, explique Tim Lenton, chercheur, dans un communiqué de l’université d’Exeter. Ainsi, le secteur de la production d'électricité va devoir se décarboner quatre fois plus rapidement qu'il ne fait aujourd'hui et le rythme de la transition vers des véhicules à zéro émissionémission doit doubler ».

    Selon lui, c'est possible, justement grâce aux points de basculement positifs que son équipe a identifiés.

    L’électricité renouvelable et les voitures électriques en première ligne

    Les chercheurs citent ainsi l'exemple du Royaume-Uni. Le pays a décarboné sa production d’électricité plus rapidement que la plupart des autres. Comment ? Grâce à une taxe carbone et à des textes européens qui ont fait perdre au charbon sa rentabilité face au gazgaz et même aux énergies renouvelables. Résultat : les centrales à charbon ont définitivement fermé. Un nouveau point de basculement positif pourrait être atteint lorsque le charbon ne sera plus seulement moins rentable, mais sera devenu déficitaire. De quoi ouvrir plus naturellement la voie aux énergies renouvelables, déjà moins chères que l'électricité fossilefossile dans plusieurs pays.

    Autre exemple, celui de la Norvège où, en 2020, plus de 50 % des voituresvoitures neuves vendues étaient des voitures électriques. Le résultat d'une politique qui ramène le prix d'un véhicule électrique à la même hauteur que celui d'un véhicule thermique. Et avec la hausse de la production, les coûts baissent. La fameuse économie d'échelle. Ainsi si la Chine, l'Union européenne et la Californie - responsables à elles seules de la moitié des ventes de voitures dans le monde - investissaient massivement dans le secteur, les coûts de production des voitures électriquesvoitures électriques chuteraient et la décarbonisationdécarbonisation des transports serait lancée.

    Faire pencher la balance du bon côté

    En conclusion, les chercheurs de l'université d'Exeter montrent qu'un nombre finalement restreint d'actions pourrait déclencher de grands changements à l'échelle mondiale. D'autant que les secteurs sont interconnectés. Une électricité renouvelable moins chère rend les transports électriques moins chers. Le recours généralisé aux véhicules électriques permet de diminuer le coût et d'augmenter l'efficacité des batteries, fournissant ainsi une solution pour le stockage des énergies renouvelables intermittentes. « Si l'un ou de l'autre de ces efforts -- la décarbonisation de la production d'électricité ou des transports -- réussi, cela pourrait réellement faire pencher la balance du bon côté », note Tim Lenton.