La pluie est très peu tombée sur les États-Unis en ce mois d’octobre qui vient de s’achever. Mais la sécheresse n’a désormais même plus besoin d’un tel déficit pour s’installer sur certaines régions, nous préviennent des chercheurs. Le réchauffement climatique est à l’œuvre…


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    Pas moins de 49 États des États-Unis et quelque 153 millions d'Américains connaissent actuellement une situation de sécheresse. Une situation sans précédent selon le National Integrated Drought Information System. Des alertes sont lancées. Notamment dans l'est des États-Unis où les populations ne sont pas encore restreintes dans leurs usages, mais sont tout de même appelées à la réserve. Une telle sécheresse n'est habituellement attendue là que tous les 5 à 10 ans dans la région de New York, par exemple. Mais des experts de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration) notent qu'en plus de la sécheresse actuelle, la zone a déjà connu des périodes sèches l'année dernière et l'année d'avant. En cause, un important déficit de pluie.

    Surtout des températures trop élevées

    Selon des climatologuesclimatologues de l'université de Californie (États-Unis), si les conséquences sont un peu les mêmes dans l'ouest du pays, les causes sont désormais différentes. Ils expliquent, dans la revue Science Advances, qu'au détour de l'année 2000, le manque de pluie est devenu un facteur secondaire en matièrematière de sécheresse dans la région. Le phénomène d'évaporation activé par les températures élevées liées au réchauffement climatique anthropique est désormais le principal déclencheur.

    Le saviez-vous ?

    Plus il fait chaud, plus l’atmosphère peut retenir de vapeur d’eau et plus, a priori, il peut donc pleuvoir. Mais pour qu’il pleuve, les molécules d’eau doivent aussi pouvoir se rassembler pour former des gouttelettes puis des gouttes. Or la chaleur maintient les molécules en mouvement de telle sorte que la condensation devient difficile. Finalement, plus la planète se réchauffe, plus l’eau s’évapore, mais moins elle retombe sous forme de pluie. Résultat, des sécheresses plus sèches, amenées à durer plus longtemps et sur des zones plus vastes.

    Selon les chercheurs, le changement climatique apparaît ainsi responsable de 80 % de l'augmentation des phénomènes d'évaporation dans la région. Pendant les périodes de sécheresse, le chiffre grimpe même à plus de 90 %. Résultat, des sécheresses peuvent désormais se déclarer sans même qu'on enregistre un réel déficit de pluie dans 66 % de la région. Avant 2000, ce n'était vrai que dans 26 % de la zone.

    Entre 2020 et 2022, l’ouest des États-Unis a connu un épisode de sécheresse rendu sévère par le réchauffement climatique, selon des chercheurs de l’université de Californie. © <em>National Drought Mitigation Center</em>
    Entre 2020 et 2022, l’ouest des États-Unis a connu un épisode de sécheresse rendu sévère par le réchauffement climatique, selon des chercheurs de l’université de Californie. © National Drought Mitigation Center

    Des sécheresses malgré la pluie

    Les projections montrent ainsi que le réchauffement climatique fera de sécheresses autrefois rares, qui se produisaient tous les 1 000 ans, des événements qui arriveront bien plus souvent. Tous les 60 ans dès le milieu de notre siècle. Et même tous les 6 ans d'ici 2100. « Nous ne l'empêcherons pas en construisant de plus grands réservoirs, car lorsque l'atmosphère se réchauffera, elle absorbera simplement plus d'humidité partout. La seule façon d'éviter cela est d'empêcher la hausse des températures, ce qui signifie que nous devons cesser d'émettre des gaz à effet de serre », conclut Rong Fu, professeur de sciences atmosphériques et océaniques, dans un communiqué de l’université de Californie.