Si dans le futur, nous devons nous préparer mondialement à des vagues de chaleur plus nombreuses et plus intenses, tous les pays ne sont pas prêts à affronter ces aléas climatiques. Une étude s'est penchée sur les régions sous-préparées, et les conséquences auxquelles elles devront faire face.


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    Alors que les avertissements pleuvent sur l'aggravation des conditions climatiques à travers le monde, de nombreux pays sont peu, voire pas préparés aux événements météorologiques extrêmes. Pourtant, ils vont devenir plus nombreux et plus intenses, impliquant la nécessité d'infrastructures et d'organisation pour protéger les populations. C'est ce sur quoi s'est penchée une étude publiée dans Nature Communications : des chercheurs y ont évalué pour différentes régions du monde la probabilité qu'un événement extrême et imprévu se produise. Comme c'est le cas actuellement en Espagne, où le mercuremercure grimpe (déjà) jusqu'à 40 °C, alors que nous sommes au mois d'avril.

    Ils se sont pour cela basés sur le cas de l'Amérique du Nord en 2021 : durant les mois de juin et juillet, les températures ont atteint jusqu'à 15 °C au-dessus des normales de saison, avec notamment un record de 49,6 °C dans l'ouest du Canada, un endroit réputé pour être tempéré en été. La vague de chaleurchaleur a tué plus de 900 personnes. Les anomaliesanomalies ont dépassé ce que laissaient soupçonner les prévisions statistiques, basées sur les données historiques. Mais ce qui a aussi contribué à l'aspect meurtrier, c'est le manque de préparation : il s'agit d'une région bien éloignée de ce que l'on imagine avec de telles températures. Elle n'était donc pas préparée à de tels événements, ni aux conséquences qui ont suivi, notamment les incendies.

    Le facteur clé : l'anticipation des vagues de chaleur

    Pour le reste du monde, c'est le même principe : les données ne permettent pas forcément de prévoir ces extrêmes, car le réchauffement climatique les amplifie. Et c'est bien ce que l'équipe a constaté, leur étude démontre que de tels records ont été battus dans 41 des 136 régions évaluées entre 1959 et 2021, soit 31 %. Leur conclusion : « de tels extrêmes pourraient se produire n'importe où et n'importe quand ». Avec cependant une probabilité plus élevée pour certains pays, dépendant de facteurs socio-économiques.

    Carte montrant où les vagues de chaleur record sont les plus probables. Les régions à haut risque ont une période de retour record actuelle inférieure à 100 ans. Les régions à faible risque ont déjà connu de tels événements qui semblaient invraisemblables avant qu'ils ne se produisent. © Université de Bristol
    Carte montrant où les vagues de chaleur record sont les plus probables. Les régions à haut risque ont une période de retour record actuelle inférieure à 100 ans. Les régions à faible risque ont déjà connu de tels événements qui semblaient invraisemblables avant qu'ils ne se produisent. © Université de Bristol

    « Comme les vagues de chaleur se produisent plus souvent, nous devons être mieux préparés. Nous identifions les régions qui ont peut-être eu de la chance jusqu'à présent - certaines de ces régions ont une population en croissance rapide, certaines sont des pays en développement, d'autres sont déjà très chaudes. Nous devons nous demander si les plans d'action contre la chaleur pour ces zones sont suffisants », appuie Vikki Thompson dans un communiqué, climatologueclimatologue et première auteure de l'étude.

    Parmi ces facteurs, on retrouve en effet le stade de développement de chaque pays. Plus il est développé, plus il sera à même de se protéger contre une vague de chaleur. ÉnergieÉnergie, accès aux soins, ou croissance démographique, autant de critères qui favorisent la protection de la population. Mais les chercheurs estiment aussi que les pays n'ayant jamais connu de canicule extrême sont parmi les plus à risque, car les mesures sont souvent mises en place après une première catastrophe.

    L'Afghanistan en tête des régions préoccupantes

    Finalement, c'est l'Afghanistan qui arrive en tête des régions préoccupantes « car c'est l'un des pays les moins développés au monde, avec des enregistrements historiques montrant une faible période de retour d'environ 80 ans, et une forte croissance démographique projetée ». Viennent ensuite les pays d'Amérique centrale, en développement, et avec un record actuel encore en dessous des statistiques, qui pourrait bondir dans la décennie à venir. Enfin, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique ou encore certaines régions de Chine sont vulnérables à cause de leur densité de population, bien que suffisamment développées pour disposer de réelles réponses.

    « Être préparé sauve des vies. Nous avons vu certaines des vagues de chaleur les plus inattendues dans le monde entraîner des dizaines de milliers de décès liés à des températures élevées. Dans cette étude, nous montrons que de tels événements record pourraient se produire n'importe où. Les gouvernements du monde entier doivent être préparés », a conclu Dann Mitchel, co-auteur de l'étude.