Pas moins d’un quart de nos émissions de dioxyde de carbone (CO2) sont liées… à la production de matériaux en tout genre. Les chercheurs en sont aujourd’hui convaincus, avec le développement de sources d’énergie bas carbone et l’amélioration de l’efficacité énergétique, l’optimisation des matériaux constitue le troisième pilier de la décarbonation de notre société. Dans l’automobile et dans le résidentiel, notamment, il y a fort à gagner.
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Nos voitures et nos maisons sont d'importants émetteurs de dioxyde de carbone (CO2) et pas seulement quand on les conduit ou quand on les chauffe. La production des matériaux qui servent à les fabriquer est en réalité responsable de pas moins d'un quart de toutes les émissionsémissions de gaz à effet de serre (GESGES) dans le monde. Une étude réalisée à l’Université des sciences et des technologies de Norvège montre aujourd'hui comment les émissions de ce secteur pourraient être réduites d'un à deux tiers d'ici 2050.
Les chercheurs rappellent d'abord que les produits manufacturés sont responsables de 40 % des émissions de CO2 liés aux matériaux. Une grande part est imputable à la fabrication de voitures individuelles. Pour limiter ces émissions-là, les chercheurs proposent trois stratégies. Le covoiturage et l'autopartage, d'abord. Le premier, pour limiter non seulement le nombre global de kilomètres parcourus par les voitures individuelles, mais aussi pour réduire le nombre de véhicules en circulation. Et possiblement, le nombre de voitures fabriquées. C'est d'ailleurs l'objectif essentiel du second : l'autopartage qui, rappelons-le, consiste à mettre en commun une flotte de véhicules.
Troisième levier côté secteur de l'automobileautomobile : réduire la taille -- et donc le poids -- des voitures. Pour limiter ainsi la quantité de matériaux nécessaire à leur fabrication. Cette proposition rejoint la première de celles qui sont faites pour le secteur de la constructionconstruction. Lui aussi est responsable de pas moins de 40 % des émissions de CO2 liés aux matériaux. Et le secteur du résidentiel est un consommateur important, à la fois d'énergieénergie et de matériaux. Ainsi, les chercheurs suggèrent de réduire jusqu'à 20 % la surface au sol par habitant par rapport à la référence. De quoi limiter le recours aux matériaux de construction, mais aussi l'énergie nécessaire pour chauffer le logement. Ou le rafraîchir.
Des gains sans avoir à attendre de nouvelles technologies
Les chercheurs recommandent aussi l'utilisation du bois plutôt que du bétonbéton. Car non seulement la mise en œuvre du bois émet moins de CO2 que la fabrication du béton mais en plus, le bois séquestre du carbone. En le combinant avec la réduction des surfaces par habitant, la demande en bois ne devrait même pas augmenter.
Finalement, adopter largement ces mesures permettrait, d'ici 2050, de faire tomber la demande en acieracier primaire à un sixième de ce quelle est aujourd'hui. La demande en cimentciment à un quart et celle en cuivrecuivre à un demi.
En revanche, un recyclage accru, la réutilisation des pièces, l'allongement des duréesdurées de vie des produits, des rendements de production plus importants ou le recours à des matériaux plus légers ne semblent offrir que de modestes économies d'émissions de CO2. Parce que le recyclage des métauxmétaux est déjà bien installé et qu'étendre le recyclage à d'autres matériaux présenterait moins d'avantages. Ajouter de la durée de vie aux produits ne vaudrait, de son côté, que s'il est question de logements ou de voitures déjà vertueux.
Mais ce qui est certain, c'est que toutes ces pistes peuvent être explorées dès à présent. Sans qu'il soit besoin de faire appel à une quelconque technologie innovante ou en développement. Les gains -- estimées à 20 à 50 milliards de tonnes d'équivalent CO2 (GtCO2e) pour le secteur résidentiel et à 13 à 26 GtCO2e pour le secteur automobile -- pourraient être presque immédiats.