La Planète est confrontée à une accélération fulgurante du réchauffement climatique depuis début 2023 : l’année dernière est la plus chaude enregistrée depuis le début des relevés, avec un écart sans précédent par rapport à la moyenne. L’année 2024 continue sur la même lancée et il est désormais quasiment certain qu’elle sera la nouvelle année la plus chaude enregistrée. Interrogé par une revue scientifique américaine, le directeur du Nasa Goddard Institute, Gavin Schmidt, explique que le pic de chaleur exceptionnel qui dure depuis 18 mois est en partie inexpliqué.
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Le climatologueclimatologue en chef de la NasaNasa l'avoue : une partie du réchauffement climatique extrême qui dure depuis mars 2023 est inexpliquée. « En tant que climatologues, l'année 2023 nous a forcés à être plus humbles, mais nous a aussi rendus encore plus inquiets. Il faut admettre qu'aucune autre année n'a autant défié nos prévisions climatiques que 2023, admet Gavin Schmidt. Nos prévisions pour 2023 se sont écartées de 0,2 °C, ce qui ne paraît pas beaucoup, mais c'est en fait énorme ».
Tous les facteurs connus du réchauffement ne suffisent pas à expliquer le pic actuel
Pourtant, les causes du réchauffement climatique très fort de 2023 et 2024 semblaient bien déterminées jusqu'à maintenant : le rôle primordial des émissionsémissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines, le phénomène climatique El NiñoEl Niño (juin 2023 - mai 2024) qui a un effet réchauffant, la modification des lois concernant la pollution émise par les grands navires (qui a permis au ciel d'être plus dégagé, et à la mer de subir encore plus le réchauffement), la vapeur d'eau émise par l'éruption du volcan Hunga Tonga dans l'océan Pacifique, une phase du cycle solaire qui n'aide pas...
Mais en dehors des conséquences des émissions humaines de gaz à effet de serre sur la hausse des températures (qui ne sont pas remises en question, leur rôle restant majeur), le climatologue explique au journal Yale Environment 360 que le réchauffement lié à la réduction de la pollution des navires a compté pour 0,05 à 0,08 °C, pas de quoi expliquer ce pic en 2023 et 2024.
De même, il précise que les dernières études effectuées sur les conséquences du volcan Tonga tendent à prouver que son pouvoir refroidissant a été plus fort que son pouvoir réchauffant ! Le cycle solaire en cours n'est pas favorable : ces 10 dernières années, la quantité de rayons solaires ayant touché la Terre est en augmentation. Les conséquences de ces rayons sont mal cernées, mais les scientifiques pensent qu'elles restent minimes. Tout cela ne suffit donc pas à expliquer l'incroyable accélération du réchauffement climatique depuis début 2023.
Les modèles de prévision sont dépassés par l’évolution actuelle
Pour Gavin Schmidt, il y a alors deux options : « Soit nous sommes passés à côté d'un élément qui a un impact [qui s'additionne à celui des émissions de gaz à effet de serre, NDLRNDLR], soit nous avons juste sous-estimé la vitessevitesse du réchauffement ». Existe-t-il un autre phénomène qui contribue à réchauffer le climat et que nous ne connaissons pas encore ? Ou bien El Niño a-t-il eu un impact plus fort que prévu ? C'est une possibilité.
Selon une nouvelle étude parue dans le journal Science, l'effet réchauffant du dernier El Niño a été beaucoup plus fort que ce que les scientifiques envisageaient. Un bond spectaculaire dans les températures s'est aussi produit en 1977 (moins fort que 2023 tout de même) dans la même configuration : après plusieurs années marquées par La Niña (avec un effet légèrement refroidissant), un fort El Niño s'est déclenché et la Planète a alors subi une nette hausse du réchauffement.
L'honnêteté de l'un des plus éminents climatologues du monde est frappante : « Les choses sont plus erratiques que ce que nous pensions. Cela veut dire que nos prévisions futures seront peut-être à côté de la plaque ».
« Tous nos systèmes de prévisions sont dépassés par l'évolution du climat », déplore Gavin Schmidt.