Des gens meurent sous l’effet de la chaleur. Et ce n'est pas à l’autre bout du monde. Non. On meurt aussi de chaud en Europe. En France même. Et des chercheurs nous préviennent que si nous continuons à consommer des combustibles fossiles, il en mourra cinq fois plus d’ici 2050 !


au sommaire


    À la fin de cet été, des chercheurs de l'École polytechnique fédérale de Zürich (Suisse) publiaient une étude inquiétante dans la revue Nature Communications. Elle montrait que le risque de décès lié à la chaleur a « augmenté rapidement » au cours des 20 dernières années. Pendant l'été 2022, plus de 61 000 morts ont été causées par la chaleurchaleur. Ici, dans notre Europe !

    Voir aussi

    La chaleur de l’été dernier a fait près de 5 000 morts en France !

    Une étude à peine plus ancienne et publiée par des chercheurs de l'université de Bern (Suisse) révèle quant à elle que plus d'un tiers des décès liés à la chaleur enregistrés entre 1991 et 2018 sont aussi liés... au changement climatique. Et aujourd'hui, un rapport de la revue médicale The Lancet rédigé par une équipe internationale de plus de 100 experts de la santé nous apprend qu'en 2022, chaque humain sur notre Planète a été exposé en moyenne à 86 jours d'une chaleur dangereuse pour sa santé. Plus alarmant encore, les experts affirment que si notre monde devait se réchauffer de +2 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle -- c'est la limite haute envisagée par l'Accord de Paris sur le climat et nous en sommes désormais à 1,14 °C --, le nombre de décès annuels dus à la chaleur augmenterait de pas moins de 370 % d'ici le milieu de notre siècle. C'est presque une multiplication par cinq !

    Le réchauffement climatique responsable de beaucoup de morts

    Pour la première fois aussi, les chercheurs ont poussé leur analyse jusqu'à évaluer comment les choses se seraient passées jusqu'ici si les températures n'avaient pas augmenté depuis les années 1990. « Nous aurions constaté moins de la moitié de l'augmentation de la mortalité liée à la chaleur que nous avons enregistrée dans la réalité », commente Marina Romanello, la directrice exécutive du rapport.

    Notre inaction climatique coûte des vies

    « Notre inaction climatique, nous la payons en vies humaines. » Un constat qui a poussé quelque 46 millions de professionnels de santé à appeler la présidence de la COP28 -- qui s'ouvrira à Dubaï à la fin de ce mois de novembre 2023 et au cours de laquelle les impacts du changement climatique sur la santé humaine devraient enfin être abordés -- à œuvrer en faveur de l'élimination des combustiblescombustibles fossiles -- qui en plus de réchauffer la Terre, polluent l’air que nous respirons. Alors même que 2023 se profile comme l'année la plus chaude jamais enregistrée. Et que la hausse des températures n'est pas la seule à menacer notre santé. Les zones de sécheresse extrême ont ainsi augmenté de près d'un tiers depuis les années 1950. Le nombre de personnes exposées à des bactériesbactéries potentiellement dangereuses, quant à lui, a explosé depuis les années 1980. Dans un monde à +2 °C, les cas de denguedengue pourraient augmenter de près de 40 % !

    Continuer à consommer les combustibles fossiles alors que des vies sont en jeu

    En parallèle, les Nations unies publient, elles aussi, un rapport montrant que les gouvernements ne font clairement pas suffisamment d'efforts pour réduire leurs émissionsémissions de gaz à effet de serre pour nous éviter les pires impacts du réchauffement climatique. Même si les objectifs fixés par chacun -- celles que les experts appellent les contributions déterminées au niveau national (NDC) -- sont tenus, nos émissions devraient augmenter, d'ici 2030, de 9 % par rapport à leur niveau de 2010. Ce qui ferait tout juste tomber leur niveau de 2 % en dessous de ceux de 2019. Et c'est bien loin de l'objectif de 43 % de réduction de nos émissions nécessaire, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), pour rester sous la barre des +1,5 °C de réchauffement.

    « Nous allons dans la direction opposée à celle que nous devrions prendre », regrette Marina Romanello. « Et la mortalité n'est que la partie émergée de l'iceberg. » Le rapport évoque par exemple aussi une perte de 490 milliards d'heures de travail en 2022. Soit une hausse de près de 42 % par rapport à la période 1991-2000. À cette allure, les pertes économiques pourraient devenir colossales. Sans parler des pertes de moyens de subsistance et de bien-être. Les experts estiment ainsi que d'ici 2050, plus d'un demi-milliard de personnes supplémentaires pourraient souffrir d'insécurité alimentaire dans le monde. Pour les chercheurs, il est donc plus que jamais clair qu'il faut « agir de toute urgence sur le réchauffement climatique pour atténuer ses impacts sur la santé ».