L’objectif fixé par l’Accord de Paris sur le climat il y a 9 ans est-il hors d’atteinte ? Oui, répondent une majorité de climatologues interrogés. Est-il alors devenu inutile de lutter contre le réchauffement climatique anthropique ? Certainement pas, assurent les auteurs de l’enquête. Et ils expliquent pourquoi.


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    L'Accord de Paris sur le climat a été adopté en 2015. Et son objectif était de réussir à maintenir le réchauffement climatique d'origine humaine bien en dessous de +2 °C. Et, dans la mesure du possible même, sous la barre des +1,5 °C. Presque 10 ans plus tard, une enquête menée auprès de climatologuesclimatologues et publiée dans la revue Nature Communications Earth & Environment montre que la majorité des scientifiques interrogés (tous des auteurs du Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) estiment que notre Planète va droit vers un réchauffement bien supérieur à ces seuils.

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    L’objectif des 1,5 °C de réchauffement climatique est déjà perdu : « on se dirige sur un scénario à au moins 3 °C de réchauffement »

    Plus précisément, 86 % des 211 climatologues qui ont répondu voient un réchauffement climatique supérieur à +2 °C d'ici 2100. Selon leurs estimations, nous nous dirigeons vers une hausse des températures catastrophique de +2,7 °C. Toutefois, dans un communiqué de l’université Concordia (Canada), Damon Matthews, professeur au Département de géographie, d'urbanisme et d'environnement, précise que « ces réponses ne sont pas ses prédictions du réchauffement climatique futur, mais bien un indicateur de ce que pense la communauté scientifique ». Des réponses finalement tout à fait en cohérence avec les estimations de ce qui se passerait si nos politiques climatiques actuelles se poursuivaient sans aucune augmentation de l'ambition.

    Nos efforts paient, mais ce n’est pas suffisant

    L'étude révèle aussi que deux tiers des climatologues pensent que nous pourrions réussir à atteindre le zéro émissionémission nette au cours de la seconde moitié de ce siècle. Cela indique un certain optimisme quant au fait que nos efforts d'atténuation du réchauffement climatique pourraient commencer à infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre vers ce qui serait finalement nécessaire pour atteindre le fameux objectif fixé par l'Accord de Paris sur le climat.

    Par ailleurs, une majorité des scientifiques interrogés a également reconnu le potentiel de l'élimination du CO2 atmosphérique. Appelés à donner une estimation de ce que la technologie pourrait faire pour soutenir nos efforts d'atténuation, les climatologues se sont prononcés pour environ 5 gigatonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an d'ici 2050. Cela peut sembler beaucoup. En réalité, ce ne sera vraisemblablement pas suffisant pour réussir à maintenir le réchauffement climatique anthropique sous la barre des 2 °C.

    Éviter la catastrophe en prenant le taureau par les cornes

    « Les climatologues ont une expertise dans les systèmes climatiques et les transitions énergétiques. Ainsi, ce que les scientifiques disent du réchauffement climatique est important. Leur optimisme ou leur pessimisme peut influencer la manière dont les décideurs reçoivent les messages », assure Damon Matthews, lui-même auteur du Giec.

    Tous les scénarios peuvent encore se réaliser

    « Toutefois, les scientifiques n'ont pas la main sur la vitessevitesse à laquelle nos émissions baissent. Cela dépend à la fois de changements sociétaux et de la mise en œuvre de nouvelles politiques. En fin de compte, il revient aux décideurs politiques et aux populations qu'ils représentent de faire leur choix. De choisir ce que nous ferons et la manière dont nous le ferons, la manière dont nous répondrons au défi climatique. C'est pourquoi je pense que l'ensemble des scénarios est encore largement sur la table. »