Un risque sur deux d'atteindre, voire de dépasser, le seuil des +1,5 °C de réchauffement d'ici 5 ans, tel est le constat de l'OMM, l'Organisation météorologique mondiale, dans son dernier rapport choc sur l'évolution du climat entre 2022 et 2026.


au sommaire


    Selon un nouveau rapport choc de l'Organisation Météorologique Mondiale, organisme de l'ONU, il y a 50 % de risques pour que la hausse des températures atteigne ou dépasse les +1,5 °C comparée à celle des niveaux préindustriels. Cette annonce, rendue publique le lundi 9 mai, fait effet de choc dans la communauté scientifique internationale car ce risque était estimé à zéro dans le rapport de 2015. Rappelons que l'Accord de Paris avait fixé comme objectif le seuil de +2 °C de réchauffement à ne pas dépasser d'ici la fin du siècle, en essayant au maximum de le limiter à +1,5 °C : ces 1,5 °C ne devraient donc pas être atteints d'ici 2100, mais peut-être d'ici 2026 selon l'OMM !

    Un réchauffement marqué malgré l'influence de La Niña

    En 2021, la hausse des températures avait déjà atteint +1,1 °C et certains organismes estiment qu'elle a déjà atteint +1,2 °C en 2022. Cette hausse s'est produite alors qu'au cours des deux dernières années, la météométéo d'une grande partie du monde a été influencée par le phénomène climatique La Niña : ce refroidissement d'une partie des eaux du Pacifique a en général pour conséquence une légère baisse de la température globale. On peut donc penser que la hausse mondiale qui s'est produite a été atténuée par La NiñaLa Niña. Ce phénomène qui se produit par phases d'un à trois ans, sera suivi de son homologue chaud, El NiñoEl Niño, probablement en milieu d'année ou fin d'année 2023. El Niño accentuera alors la hausse des températures qui s'opère déjà avec le changement climatique. L'année 2016, la plus chaude jamais enregistrée à l'échelle du Globe, s'était produite dans un contexte climatique marqué par El Niño. Voilà pourquoi le seuil des +1,5 °C sera probablement atteint ou dépassé d'ici 5 ans, avec la conjonctionconjonction du réchauffement climatique et du retour d'El Niño.

     La Niña se caractérise par un refroidissement d'une partie de l'océan Pacifique et cela affecte le climat mondial. @NOAA
     La Niña se caractérise par un refroidissement d'une partie de l'océan Pacifique et cela affecte le climat mondial. @NOAA

    Entre 2022 et 2026, l'accentuation des extrêmes

    L'OMM précise que l'année 2022 s'annonce plus sèche que la normale 1991-2020 en Europe du Sud et dans le sud-ouest des États-Unis et du Canada. Les conditions météo de 2022 s'annoncent par contre plus humides que la moyenne en Europe du Nord, au Sahel, au nord-est du Brésil et en Australie (déjà touchée par des inondations historiques). En ce qui concerne les prochains étés de la période 2022-2026, les prévisions climatiques s'orientent vers une sécheresse récurrente en Amazonie et des précipitations excédentaires au Sahel, au nord de l'Europe, en Alaska et au nord de la Sibérie. Concernant les prochains hivers des cinq années à venir, les modèles climatiques suggèrent des précipitations supérieures à la moyenne dans les tropiquestropiques, et des inférieures dans les zones sub-tropicales.

    Les prévisions pour la période de 2022 à 2026 oscillent exactement entre +1,1 et +1,7 °C de réchauffement planétaire. L'anomalieanomalie chaude de température devrait être au moins trois fois plus importante en Arctique que l'anomalie qui sera atteinte sur l'ensemble du Globe.

    L'Arctique se réchauffe trois fois plus vite que le reste du monde, et son climat a des conséquences sur le reste du Globe. © Incredible Arctic, Adobe Stock
    L'Arctique se réchauffe trois fois plus vite que le reste du monde, et son climat a des conséquences sur le reste du Globe. © Incredible Arctic, Adobe Stock

    Un nouveau record de température annuel sera certainement atteint

    Selon les dernières analyses, il y a 93 % de risques pour que l'une des années entre 2022 et 2026 soit la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial, dépassant les niveaux déjà records de 2016. De même, le fait que les cinq prochaines années soient plus chaudes que les cinq dernières années est une quasi-certitude selon l'Organisation Météorologique Mondiale. Petteri Taalas, le secrétaire général de l'OMM, précise que « le chiffre de 1,5 °C n'est pas une statistique parmi tant d'autres. C'est un indicateur du point à partir duquel les impacts du changement climatique auront des conséquences nocives pour les humains et la Planète. Ces températures continueront à monter tant que nous continuerons d'émettre des gaz à effet de serregaz à effet de serre en grande quantité. Et nos océans vont donc continuer à se réchauffer et à devenir plus acidesacides, les glaciersglaciers vont continuer à fondre, le niveau de l'eau va continuer à monter et notre météo sera plus extrême. Le réchauffement de l'ArctiqueArctique est extrêmement élevé comparé au reste du Globe et ce qui se passe en Arctique nous affecte tous ».