Invasion des vers de feu en Méditerranée : une catastrophe qui menace la santé, l'économie et la biodiversité

Amateurs de baignade, gare à vous ! La trempette en Méditerranée pourrait bien perdre en popularité dans les années à venir. La faute à un animal au nom évocateur : le ver de feufeu. Vert, jaune, rouge, gris... Hermodice carunculata affiche des couleurscouleurs chatoyantes - bioluminescentes chez certaines femelles - et peut atteindre jusqu'à 40 centimètres de long. Si son apparence peut être spectaculaire, ce n'est toutefois pas pour cette raison qu'il fait en ce moment la une des médias. 

Les vacanciers sont de plus en plus nombreux à signaler des brûlures causées par l'animal. En cause : sa peau, faite pour déchirer l'épidermeépiderme, renferme un venin extrêmement urticanturticant. Si ce dernier ne provoque généralement qu'une brûlure bénigne, quoique douloureuse, il peut toutefois provoquer des lésions plus graves au contact de zones où la peau est plus fine, nécessitant un traitement à base de cortisonecortisone.

À la fois prédateur et charognard

Les vers de feu ne sont pas nouveaux en Méditerranée, mais ils sont de plus en plus nombreux, et de plus en plus près des côtes. Mauvaise nouvelle pour les baigneurs, mais également pour l'économie : à la fois charognards et prédateurs, les vers de feu sont extrêmement agressifs, n'hésitant pas à déchiqueter les poissons morts ou pris dans les filets de pêche. « Ils mangent la tête, tout le corps, ils l'éviscèrent », détaille le pêcheur sicilien Alfonso Barone auprès de l'AFP. 

Sans surprise, il est interdit de commercialiser les poissons déchiquetés par le ver. Une part substantielle de la pêche se trouve donc invendable. « Auparavant, ils consommaient environ 30 % des prises. Aujourd'hui, ce chiffre est passé à 70 % », déplore le pêcheur. Danger pour nos pieds, menace pour l'économie... et possiblement désastreux pour la biodiversité ?

Une menace qui pourrait bouleverser la biodiversité méditerranéenne

Au départ cantonné à la Sicile en période estivale, le ver de feu profite du réchauffement climatique pour proliférer un peu partout. Et pour cause : la Méditerranée a vu sa température augmenter de 1,2 degré au cours des 40 dernières années. Résultat : certaines espèces ont disparu de la « Mare nostrum », quand d'autres, indigènesindigènes venues des eaux tropicales, y ont trouvé un havre pour se développer. Une tendance qui provoque « de profonds changements dans les écosystèmes marins », pointe le zoologue Francesco Tiralongo, à la tête d'un projet de l'université sicilienne de Catane étudiant le phénomène.

Reste à présent à tenter de comprendre au mieux le ver de feu pour stopper sa prolifération. C'est notamment le but du projet Worms Out lancé par des chercheurs italiens de l'Institut national italien d'océanographie et de géophysique appliquée. Une mission rendue délicate par la hausse de plus en plus rapide des températures, mais également par les étonnantes capacités de régénération du ver de feu. « Si vous le coupez en deux, non seulement la partie avec la tête régénère une partie arrière, mais cette dernière parvient à régénérer une tête en 22 jours environ », précise Francesco Tiralongo. De quoi compliquer encore la tâche des chercheurs.