Le changement climatique a doublé le risque de pluies diluviennes et d'inondations sur l'Afrique du Sud selon un organisme de recherche qui arrive à comparer le risque d'inondations avec et sans changement climatique, en utilisant la « science de l'attribution ».
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Entre le 11 et le 13 avril 2022, des inondations historiques et des glissements de terrain ont causé la mort de plus de 400 personnes dans les environs de Durban, en Afrique du Sud. Quelque 12.000 habitations ont été détruites et 40.000 personnes ont du être relogées. Cette catastrophe naturelle est la conséquence directe des pluies diluviennes qui sont tombées en l'espace de deux jours (350 mm de précipitations), mais aussi de mauvais choix en matièrematière d'urbanisation sur la zone.
Le World Weather Attribution est un organisme international qui réunit des scientifiques du monde entier pour tenter de comprendre si un événement météorologique précis peut être attribué au réchauffement climatique, ou non. Il s'agit de la « science de l'attribution », le fait d'attribuer ou non un phénomène comme une inondation, une sécheresse ou encore un cyclonecyclone au changement climatique ou non. L'idée est de savoir si cette catastrophe se serait produite, et avec la même intensité, sans le contexte actuel du réchauffement climatique, et comment elle peut être amenée à se reproduire dans le futur avec la hausse globale des températures. Les récentes études de WWA ont notamment conclu que les inondations meurtrières survenues en juillet 2021 en Allemagne et en Belgique ont probablement été aggravées par le réchauffement climatique, et de manière plus certaine, que les cyclones tropicaux ont généré plus de pluie sur Madagascar l'année dernière.
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Le changement climatique a fait passer le risque d'inondations de 2,5 à 5 % par an
Après avoir étudié le cas des inondations de Durban, WWA a conclu que le réchauffement climatique a eu pour conséquence d'augmenter le volumevolume de pluie tombé de 4 à 8 %. Le GiecGiec a en effet déjà prouvé que le changement climatique provoque des précipitations plus intenses dans de nombreuses régions du monde, démultipliant le risque d'inondations sur les zones urbanisées. Une atmosphère plus chaude contient plus d'humidité, donnant lieu à des phénomènes météométéo plus pluvieux. Parmi ces zones davantage concernées par l'aggravation des précipitations intenses, les tropiquestropiques, l'Asie, mais aussi, l'Afrique du Sud. Durban est d'ailleurs une habituée des inondations, avec notamment la catastrophe du printemps 2019, qui avait causé plus de 85 décès.
Pour étudier ce type de catastrophe, l'organisme utilise des modèles climatiquesmodèles climatiques pour comparer les scénarios qui intègrent le changement climatique actuel, et d'autres scénarios fictifs sans changement climatique. La différence entre ces simulations démontre, selon les chercheurs du WWA, l'influence du réchauffement climatique sur un événement météo. Ils ont estimé que la probabilité qu'un événement aussi violent se produise dans la banlieue de Durban est de 5 % chaque année. Dans un monde sans réchauffement climatique, la probabilité d'un tel événement n'aurait été que de 2,5 % par an selon les scientifiques. Si les températures globales continuent de monter au même rythme, ce type de phénomène pluvieux sera probablement amené à être encore plus intense, d'où la nécessité pour l'Afrique du Sud de s'adapter au plus vite, notamment en matière d'urbanisation. En plus du facteur climatique, s'ajoute le facteur de la pauvreté qui conduit de nombreux sud-africains à vivre dans des cabanes instables, qui sont facilement emportées en cas de fortes pluies.