Limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, c’est encore possible, nous assurent aujourd’hui des chercheurs. Mais pour cela, nous allons devoir accepter une « responsabilité carbone supplémentaire ». Nous et 17 autres pays.
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Est-il toujours possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-dessus des moyennes préindustrielles ? Alors que les données de l'Organisation mondiale de météorologie (OMM) laissent entendre que cette année 2024 devrait être la première à dépasser ce seuil, la question est aujourd'hui plus que jamais sur toutes les lèvres. Une équipe de chercheurs menée par des experts en sciences environnementales de l'université de Stockholm (Suède) apporte une réponse encourageante.
Chacun sa juste responsabilité carbone
Dans la revue Nature Communications, les scientifiques montrent comment nous pouvons encore maintenir les températures en dessous de la barre fixée par l'Accord de Paris sur le climat. Il faudra, pour cela, que l'Europe et 17 autres pays acceptent de dépasser leurs engagements actuels. Cette « responsabilité carbonecarbone supplémentaire » est calculée sur la base des émissionsémissions historiques par habitant depuis 1990 et sur une part du budget carbone restant - les émissions mondiales qu'il ne faut pas dépasser pour maintenir le climat sous la barre des 1,5 °C de réchauffement. Ces données sont ensuite comparées aux dettes carbone réelles des pays et aux objectifs d'émissions futurs.
Ainsi, en plus de nouvelles réductions au niveau national, cette responsabilité carbone supplémentaire appelle à financer l'élimination du carbone ou des réductions d'émissions en dehors de son territoire, dans des pays qui ont besoin de soutien pour cela. À titre d'exemple, en plus d'atteindre son objectif de réduction de 2030 et de zéro émission nette d'ici 2050, l'Europe devrait ainsi éliminer 48 gigatonnes (Gt) de dioxyde de carbone (CO2) supplémentaires. Pour la Chine, la responsabilité carbone supplémentaire est de 150 Gt et les États-Unis de 167 Gt.
Atteindre l’objectif de manière équitable
« Bien qu'il n'existe pas d'accord sur la manière de mettre en œuvre les principes d'équité de l'Accord de Paris, cette "responsabilité carbone supplémentaire" fournit un outil important pour clarifier la responsabilité du déficit d'atténuation restant dans le contexte des négociations en cours sur le climat », précise le co-auteur Johannes Morfeldt, chercheur à l'université de technologie Chalmers (Suède).
« Notre étude montre aussi qu'il est grand temps que l'Europe améliore ses objectifs, ses instruments et son financement en matièrematière de climat, afin d'assumer sa juste part d'un budget carbone mondial compatible avec l'Accord de Paris », conclut un autre coauteur Mikael Karlsson du Climate Change Leadership de l'université d'Uppsala (Suède), dans un communiqué.