Oublions l’idée que les arbres pourraient, dans le futur, sauver l’humanité grâce à leur pouvoir de captation du CO2. Une nouvelle étude montre en effet qu’ils seraient bien plus sensibles au réchauffement climatique qu’on ne le pensait.
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Il n'y a pas que l'humanité qui suffoque sous la chaleurchaleur du réchauffement climatique. Les arbres aussi souffrent. Et cela aurait un impact direct sur leur capacité de stockage de CO2. Une boucle négative qui ne ferait donc qu'aggraver la situation.
Une nouvelle étude publiée dans Pnas révèle en effet que sous climat chaud et sec, les arbres ont plus de mal à « respirer » et rejettent directement du CO2 vers l'atmosphère au lieu de le séquestrer.
La photosynthèse, grande pompe à carbone
Pour croître, les arbres pompent en effet le CO2 présent dans l’air et, via la photosynthèse, vont synthétiser des glucidesglucides tout en libérant de l'oxygène. Un processus significatif dont l'apparition a d'ailleurs marqué un tournant majeur dans l’habitabilité de la planète il y a plus de 2 milliards d’années. L'ensemble des organismes photosynthétiques capteraient ainsi chaque année environ 25 % du CO2 émis par les activités humaines, sous forme de biomassebiomasse. Un chiffre qui pourrait se réduire dans le futur, en raison du réchauffement climatique.
Une photorespiration plus importante en condition de stress climatique
L'évolution rapide du climat induit en effet un stressstress chez les arbres, qui répondent en relâchant du CO2 dans l'atmosphère suivant un processus que l'on appelle la photorespirationphotorespiration. Or, l'étude montre que ce taux de photorespiration serait deux fois plus élevé sous climats chauds et secs que dans les régions à climat plus froid et plus humide. Ces résultats révèlent que les plantes pourraient avoir bien plus de mal à s'adapter au changement climatique que ce que l'on pensait !
Alors que nous comptions (désespérément) sur les arbres pour nous tirer d’affaire, cette étude révèle qu'ils ne seraient en réalité, eux aussi, que des victimes du changement climatique que nous avons déclenché.
La hausse des températures freine la photosynthèse dans les forêts tropicales
Article de Gaspard SalomonGaspard Salomon, publié le 24 août 2023
Avec la hausse des températures mondiales, certaines feuilles des forêts tropicalesforêts tropicales atteignent des températures critiquestempératures critiques, incompatibles avec la photosynthèse. Si le nombre de feuilles impactées est pour l'instant faible, les scientifiques projettent dans leurs simulations futures que les températures grimpantes entraîneront la baisse progressive de la photosynthèse, impactant négativement le captage du carbonecarbone et engendrant un cercle vicieux.
Les forêts tropicales, que l'on trouve par exemple en Amazonie, au Congo ou encore en Asie du Sud-Est, sont déjà mises à mal par la déforestationdéforestation et les épisodes de sécheressesécheresse. Les forêts contribuent pourtant à réguler le taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, un des principaux gaz à effet de serregaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique. Dans une nouvelle étude, publiée dans Nature, une équipe internationale de scientifiques montre que la hausse des températures globales en elle-même présente un risque majeur pour ces forêts.
La photosynthèse, un processus qui permet aux plantes de se développer
La photosynthèse est un processus naturel qui permet à des organismes, notamment aux plantes, de créer de l'énergieénergie en captant de la lumièrelumière, de l'eau et du dioxyde de carbonedioxyde de carbone. Ces éléments sont ensuite convertis en composés organiques, comme les glucides, tout en libérant du dioxygène. À travers le monde, la photosynthèse agit comme un régulateur de la composition de l'atmosphère terrestre, en faisant baisser les taux de dioxyde de carbone et en synthétisant du dioxygène, nécessaire à notre respiration. En faisant baisser le taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, l'un des responsables du réchauffement climatique, les plantes jouent un rôle important sur la régulation de la température terrestre.
Une photosynthèse menacée par la hausse des températures
Dans leur étude, les scientifiques montrent que les feuilles situées dans la canopéecanopée des arbres des forêts tropicales ne parviennent plus à réaliser leur photosynthèse à partir d'un seuil critique de température, fixé à 46,7 °C. Aujourd'hui, environ 1 % des feuilles des canopées subit au moins une fois par an des températures supérieures à ce seuil. Mais dans leurs simulations, les scientifiques prévoient qu'avec une hausse globale des températures moyennes mondiales de 4 °C, le phénomène prendrait une telle ampleur que les arbres commenceraient à mourir, contribuant à transformer ces forêts en paysages de savane. Les auteurs précisent que les forêts constituent une défense naturelle contre le réchauffement climatique, et doivent ainsi être préservées, d'autant plus qu'elles abritent de grands écosystèmesécosystèmes riches en biodiversitébiodiversité.