La fonte des glaces du Groenland est 20 % plus rapide que ce que les scientifiques croyaient et les chiffres sont vertigineux : 30 millions de tonnes de glace fondent chaque heure au Groenland, soit 260 milliards de tonnes de glace par an ! Ce sont donc des quantités énormes d'eau douce qui se déversent dans l'océan en continu.
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Les prévisions sur le rythme de disparition des glaces ne cessent d'être revues à la hausse chaque année. Mais cette fois-ci, l'actualisation est conséquente : les glaces du Groenland fondent en moyenne 20 % plus vite que ce que les chercheurs pensaient, selon une nouvelle étude publiée dans Nature. Ainsi, 30 millions de tonnes de glace disparaissent chaque heure à cause du réchauffement climatique.
Sur 207 glaciers, 179 ont connu un retrait important
Les chercheurs ont utilisé l'intelligence artificielle pour analyser l'évolution de 235 000 images satellites sur cette période de 38 ans. Sur 207 glaciers étudiés, 179 ont subi un retrait significatif, 27 n'ont pas connu de changement important, et un seul a continué à grandir. Le retrait des glaciers est énorme, et se chiffre à plus de 1 000 milliards de tonnes de glace perdus entre 1985 et 2022 au niveau mondial. Le Groenland a perdu 5 000 km2 de glace depuis 1985, soit environ un milliard de tonnes de glace. Chaque année, cela équivaut à une fontefonte d'en moyenne 260 milliards de tonnes de glace. Tous les glaciers ne réagissent pas de la même manière au changement climatique : le plus affecté est situé au nord-est du Groenland, Zachariae Isstrom, qui a perdu 160 milliards de tonnes de glace. Autre glacier fortement touché par la fonte, Jakobshavn Isbrae situé à l'ouest, avec une perte de 97 milliards de tonnes de glace. Le seul qui a vu sa massemasse de glace progresser est situé au sud du Groenland, Qajuuttap Sermia, mais son gain reste extrêmement faible.
L'eau douce perturbe la circulation des courants qui régulent notre climat
Que devient toute cette glace fondue ? Elle se transforme en eau douce et se déverse dans l'océan, avec des conséquences sur la circulation des grands courants, comme l'Amoc (la circulation méridionale de retournement de l'Atlantique). De nombreux scientifiques étudient son comportement et même si les avis divergent encore, les conclusions tendent de plus en plus vers un affaiblissement du courant. Selon l'université de Copenhague, il y a 95 % de risques pour que ce courant s'effondre entre 2025 et 2095, avec une probabilité encore plus forte en 2057. Ce courant est ce que les spécialistes météométéo appellent une boucle de circulation, ou boucle thermohaline, qui brasse les eaux et disperse la chaleurchaleur dans chaque hémisphère du Globe. Il joue donc un rôle fondamental dans le fonctionnement du climat. L'effondrementeffondrement du courant aurait des conséquences majeures sur la météo, et à plus long terme le climat, de l'ouest de l'Europe, des îles britanniques, d'une partie de l'Amérique du Nord et de l'Afrique.
Les glaciers du Groenland fondent deux fois plus vite depuis 20 ans
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer écrit le 9 novembre 2023
Sous l'effet du réchauffement climatique, la calotte glaciairecalotte glaciaire du Groenland fond. Mais elle n'est pas la seule. Les glaciers des côtes fondent, eux aussi. Et à une vitessevitesse qui s'accélère dangereusement.
L'Arctique est tout particulièrement sensible au réchauffement climatique anthropique. Régulièrement, de nouvelles études viennent le confirmer. En ce début de semaine, des travaux montraient que les plateformes de glace du nord du Groenland avaient perdu un tiers de leur volumevolume en moins de 50 ans.
Aujourd'hui, une étude de chercheurs de l'université de Northwestern (États-Unis) et de l'université de Copenhague (Danemark) publiée dans le journal Nature Climate Change apporte une nouvelle preuve. Elle montre que la vitesse de fonte des glaciers du Groenland a été multipliée par deux ces vingt dernières années.
Des photos anciennes de glaciers du Groenland donnent des informations précieuses
Et le résultat est important parce que jusqu'ici, les recherches se sont surtout concentrées sur l'étude de la calotte glaciaire du Groenland. Il faut dire qu'elle couvre quelque 80 % du pays. Mais grâce à des images satellitaires, mais aussi à des milliers de photos aériennes anciennes numérisées, les scientifiques ont cette fois pu analyser la dynamique de plus de 1 000 glaciers sur les côtes du Groenland. Autant de masses de glace distinctes de celle de la calotte.
Cela n'avait pas été fait avant, tout simplement parce que les chercheurs ignoraient l'existence de tous ces clichés anciens. Ce n'est qu'il y a 15 ans qu'ils ont redécouvert ces images prises par des pilotes danois à partir des années 1930. Vêtus de combinaisons en fourrure d'ours polaireours polaire, ils s'étaient lancés dans des campagnes de cartographie aérienne du Groenland. Ils ont ainsi collecté plus de 200 000 photos du littoral de l'île et des glaciers des côtes. Pour remonter encore un peu plus loin, les chercheurs se sont appuyés sur des indices dissimulés dans le paysage. Sur les sédimentssédiments que les glaciers laissent derrière eux en reculant.
La fonte accélérée des glaciers du Groenland ne sera pas sans conséquences
Toutes ces données ont permis aux chercheurs d'établir qu'au cours de ces vingt dernières années, les glaciers du sud du Groenland ont perdu 18 % de leur longueur, tandis que les glaciers des autres régions ont perdu entre 5 et 10 % de leur longueur. Ils soulignent aussi que si tous ces glaciers ne comptent pas pour plus de 4 % de la superficie couverte de glace au Groenland, ils contribuent désormais à 14 % de la perte de glace. « Une part disproportionnée. » Or les chercheurs rappellent que les glaciers du Groenland et de l'AntarctiqueAntarctique ont déjà contribué à environ 21 % de l'élévation du niveau de la mer observée au cours des deux dernières décennies. Et que des millions de personnes dans le monde dépendent des glaciers pour leur alimentation en eau douce, leur agricultureagriculture et leur hydroélectricitéhydroélectricité.
Les glaciers du Groenland fondent 100 fois plus vite que ce qui était prévu par les anciens modèles !
Sans relâche, les scientifiques travaillent à améliorer leurs modèles. Pour nous aider à entrevoir ce que nous réserve l'avenir. Aujourd'hui, ils apportent quelques précisions sur la vitesse à laquelle nous devons nous attendre à ce que les glaciers du Groenland fondent dans le contexte de réchauffement climatique anthropique. Et les nouvelles ne sont pas des meilleures.
Article de Nathalie Mayer paru le 27/12/22
Il y a quelques semaines, des chercheurs (voir l'article plus bas) nous donnaient des nouvelles déjà peu réjouissantes des glaciers du Groenland. Et aujourd'hui, un nouveau modèle, plus précis que les précédents, semble vouloir le confirmer. Les glaciers du Groenland pourraient fondre beaucoup plus rapidement que ce que les glaciologues pensaient jusqu'à présent.
Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que les estimations des scientifiques reposaient jusqu'à récemment sur des résultats obtenus sur les glaciers de l'Antarctique. « C'était le mieux que nous pouvions faire, commente Kirstin Schulz, chercheur, dans un communiqué de l’université du Texas à Austin (États-Unis). Mais il y a de plus en plus de preuves que cette approche produit des taux de fonte trop faibles sur les fronts verticaux -- comprenez là où la glace rencontre l'océan de manière abrupte -- des glaciers du Groenland ».
En cause, l’interaction glace/océan
Cette fois, les scientifiques ont intégré à leur modèle la physiquemodèle la physique particulière des fronts glaciaires du Groenland et de leurs interactions avec l'océan. Et ils l'ont alimenté de données recueillies à l'aide de kayaks robotisés bourrés de capteurscapteurs. Des kayaks qui ont pu aller là où personne n'ose s'aventurer. De peur que les glaciers s'effondrent. À moins de 400 mètres du bord du glacier LeConte. Il se situe certes en Alaska. Mais il présente des similitudes avec les glaciers du Groenland. Et les données montrent qu'il fond 100 fois plus vite que le prédisaient les modèles existants.
C'est donc en tenant compte de la pente avec laquelle les glaciers du Groenland rencontrent l'océan que les chercheurs ont établi de nouvelles équationséquations pour décrire leur fonte. Dans l'espoir de mieux prédire les tendances associées au réchauffement climatique anthropique. Et elles ne sont pas bonnes. Puisque ce nouveau modèle suggère une fonte bien plus rapide que les anciens.
Le Groenland fond beaucoup plus vite que prévu !
Alors que la TerreTerre se réchauffe, la glace de l'Arctique fond. Et plus les scientifiques étudient le phénomène, plus ils semblent découvrir qu'elle fond rapidement. Une nouvelle étude menée du côté du Groenland montre que les modèles ont jusqu'alors sous-estimé la vitesse de fonte durant notre siècle.
Article de Nathalie Mayer paru le 09/11/2022
Sous l'effet du réchauffement climatique, la calotte polaire arctique est en train de fondre. Les scientifiques suivent le phénomène de très près. Ils ont ainsi beaucoup étudié ce qui se passe à l'avant de la calotte. Sur les côtes du Groenland, notamment. Des régions faciles d'accès et dans lesquelles « il se passe beaucoup de choses ». Mais aujourd'hui, une équipe internationale de chercheurs nous apprend qu'il se passe aussi des choses à l'intérieur des terres. Des choses pas vraiment réjouissantes.
À l'aide de données GPSGPS et satellitaires ainsi que d'une modélisationmodélisation numériquenumérique, les scientifiques se sont aventurés au-delà des glaciers Nioghalvfjerdsfjord -- c'est de ce glacier qu'un iceberg de la taille de Paris s'était détaché il y a plus de deux ans, maintenant -- et Zachariae Isstrom, tous deux situés dans le nord-est du Groenland. Et c'est ainsi qu'ils ont découvert que la fonte initiée en 2004 et accélérée dans la région par l'intrusion d'un courant océanique chaud en 2012 ne s'est pas arrêtée sur les côtes. Mais qu'elle s'est étendue à l'intérieur des terres. Jusqu'à 200 à 300 kilomètres.
Les chercheurs notent que l'hiverhiver 2021 et l'été 2022 plutôt froids dans la région ne semblent rien avoir arrangé. Car le nord-est du Groenland est comme un désertdésert. Il n'y a neigé par endroits pas plus de 25 millimètres par an. Pas de quoi, donc, compenser la fonte de la calotte glaciaire. Ainsi, inexorablement, les glaciers se retirent vers l'intérieur des terres et la calotte s'amincit.
Une contribution à la montée du niveau de la mer
Les chercheurs envisagent que le phénomène pourrait également se produire sur d'autres glaciers du Groenland. Dont la fonte s'est elle aussi accélérée sur les côtes ces dernières années. Le tout ne rendant pas nécessairement la calotte entière plus instable. Elle pourrait cependant bien se révéler plus sensible aux changements qui se produisent le long des côtes. La fonte de la glace dans le grand bassin du nord-est pourrait ainsi se produire beaucoup plus rapidement que les modèles le prévoyaient.
Tout cela pourrait bien forcer les scientifiques à revoir les estimations d'élévation du niveau de la mer prévues pour 2100. Le Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, évoque une hausse globale comprise entre 22 et 98 centimètres. Mais ces derniers travaux sur le Groenland laissent penser que la région pourrait contribuer jusqu'à six fois plus qu'envisagé jusqu'alors à l'élévation du niveau des mers d'ici 2100. Les chercheurs parlent de 13,5 à 15,5 millimètres supplémentaires. Autant que la contribution de l'ensemble de la calotte du Groenland ces 50 dernières années !
Pour en avoir le cœur net, les scientifiques devront continuer à récolter un maximum de données à l'intérieur des terres hostiles du Groenland. Des données qui alimenteront leurs modèles et donneront alors des projections de plus en plus réalistes de ce qui nous attend dans le contexte de réchauffement climatique anthropique.