C'est une quasi-certitude, la France sera confrontée à un réchauffement de +4 °C, au moins, d'ici 2100 par rapport au niveau préindustriel. Pour se préparer et s'adapter aux bouleversements que cela va provoquer, le ministère de la Transition écologique prépare un plan d'adaptation au changement climatique.
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Cet ensemble de mesures se base sur une « trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique » (Tracc). Toutes les dernières études climatiques le montrent, la France se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale : +3 °C au niveau planétaire en 2100 (+1,4 à 1,5 °C en 2023), et + 4 °C en moyenne sur la France métropolitaine (contre +1,7 °C en 2023). Cette « trajectoire de réchauffement » est en fait un scénario intermédiaire (sachant que des variantes plus pessimistes existent) qui « correspond à la poursuite des politiques mondiales existantes, sans mesures additionnelles », explique le ministère. Ce niveau de réchauffement va entraîner une transformation profonde du climat de notre pays : en 2100, Paris aura par exemple le climat de Montpellier, Lille aura le climat de Bilbao en Espagne et Marseille aura le climat de Séville en Espagne.
La France sera confrontée à 40 à 50 nuits tropicales (plus de 20 °C la nuit) par an dans les zones urbaines de la moitié nord, et plus de 90 nuits par an dans les zones les plus exposées du pourtour méditerranéen. Les vagues de chaleurchaleur dureront un à deux mois sur l'arc méditerranéen, le couloir rhodanien et la vallée de la Garonne.
L'effondrement du Gulf stream pourrait causer des bouleversements sans précédent en Europe. Explications dans notre podcast d'actu Fil de Science. © Futura
À l'échelle nationale, les sécheresses seront en moyenne multipliées par 5, les épisodes de précipitations intenses par 2,8 et l'enneigement diminuera de 25 %. D'ici la fin du siècle, avec +4 °C de réchauffement, tous les glaciers alpins auront également disparu.
Les premières solutions issues du plan national d’adaptation au changement climatique
Déjà annoncées en mai dernier, les mesures du Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC3) se font attendre, même si les grandes lignes ont finalement été révélées ce mardi 23 janvier par le ministre Christophe Béchu :
- mettre à jour les référentiels de risque, normes et réglementations techniques qui doivent prendre en compte les effets du changement climatique dans tous les domaines (bâtiment, transport, énergieénergie, réseaux, risques naturels...) ;
- accompagner l’adaptation des collectivités territoriales : la Tracc sera progressivement intégrée dans l'ensemble des documents de planification territoriaux ;
- accompagner l'adaptation de l'activité économique : pour chaque secteur, des études de vulnérabilité basées sur la Tracc permettront d'élaborer des plans d'adaptation au changement climatique.
De manière plus concrète, les solutions comprendront :
- la rénovationrénovation des bâtiments en tenant compte du confort d'étéconfort d'été ;
- des cours d'école désimperméabilisées et végétalisées ;
- des rues végétalisées ou avec des voiles d'ombrage ;
- des protections solaires sur les bâtiments ;
- des fontaines d'eau potable ;
- l'infiltration des eaux de pluie à la parcelle ;
- l'intégration du confort d'été dans les cahiers des charges des matériels roulants ;
- de nouvelles cultures pour remplacer celles actuelles : sorgho, chanvre, lentilleslentilles, pois chichepois chiche, pistachespistaches ;
- un développement du tourisme à la montagne l’été pour se rafraîchir.
Comment la France se prépare à un réchauffement climatique de +4°C
Article de Karine DurandKarine Durand, publié le 23 mai 2023
De gré ou de force, la France doit se préparer au plus vite à une hausse des températures de +4 °C d'ici la fin du siècle, d'après les dernières prévisions climatiques. Le Ministère de la transition écologique vient de dévoiler un plan d'atténuation et d'adaptation au réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Le point sur les grandes questions que soulève ce plan.
Après les pôles, l'Europe de l'ouest est la zone du monde qui se réchauffe le plus, devant même l'Asie. La France a connu une sécheresse historique en 2022, et des restrictions d'usage de l'eau ont à nouveau été mises en place, dès le printemps, dans certains départements du sud-est, ainsi qu'en Ile-de-France. « Nous devons tous agir, et agir vite. Nous n'avons pas un instant à perdre », a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne lundi 22 mai devant le Conseil national de la transition écologique (CNTE).
À quelle vitesse se réchauffe la France ?
Le réchauffement de la France atteint déjà +1,7 °C par rapport au niveau préindustriel (contre une moyenne de +1,1 °C dans le monde. Le gouvernement s'attend pour le futur à atteindre :
- +2 °C en 2030,
- +2,7 °C en 2050,
- +4 °C en 2100.
Quelles sont les conséquences d'un réchauffement à +4 °C ?
Un tel niveau de réchauffement sera accompagné d'une cascade d'événements auxquels ils sera difficile de s'adapter. Par exemple : des vagues de chaleur qui pourront durer deux mois ou plus dans le sud de la France, en moyenne 50 nuits tropicales (plus de 20 °C) par an dans le nord du pays et 90 dans le sud, la disparition quasiment totale des glaciers français avec un impact majeur sur la biodiversitébiodiversité et l'eau, des épisodes de pluies intenses dans le nord de la France avec un risque fréquent d'inondationsinondations, des pénuries d'eau régulières tout au long de l'année, des grandes villes en partie ou en totalité invivables à cause de la chaleur, comme Paris.
Quels sont les grands objectifs de ce nouveau plan ?
L'objectif principal est de réduire les émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre de la France de -55 % d'ici 2030 (par rapport au niveau de 1990), un projet très ambitieux au regard de l'évolution actuelle : aujourd'hui, la France en est à 25 % de réduction. La France devra émettre 270 millions de tonnes de CO2 équivalent par an (MtCO2e/an) au maximum, contre 408 millions en 2022. « Ceci implique un doublement du rythme annuel de réduction des émissions», a précisé la Première ministre, soit -4,7 % chaque année d'ici 2030. Rappelons que les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 2,5 % en 2022.
Qui va devoir faire des efforts ?
Une baisse aussi drastique implique forcément un changement radical de mode de vie, mais les plus grands efforts seront demandés auprès des entreprises. Madame Elisabeth Borne a expliqué que « la moitié de l'effort sera accompli par les entreprises, notamment les grandes entreprises, un quart par l'État et les collectivités et le dernier quart par les ménages ». Le secteur le plus visé est celui des transports, avec le développement des véhicules électriques. D'autres projets devraient essentiellement concerner les particuliers, comme l'élimination des chaudières au fioulfioul.
Quelles sont les mesures annoncées ?
Alors que le gouvernement avait annoncé que ce nouveau plan serait constitué de mesures concrètes, et non pas de simples recommandations, la déception a été au rendez-vous : aucune mesure n'a pour le moment été rendue publique. La Première ministre reporte cette étape au mois de juin, avec cette fois-ci, selon ses dires, « une stratégie complète ».