Le Haut Conseil pour le Climat a publié son nouveau rapport destiné au grand public ce lundi 2 octobre « Acter l’urgence, engager les moyens ». Celui-ci tire une conclusion globale : « La France n'est pas prête à affronter le changement climatique et ses conséquences ». Mais au-delà de ce constat, que faut-il faire et quelles sont les priorités sur lesquelles travailler ?
au sommaire
Alors qu'une partie des grandes puissances de la Planète s'est mise d'accord pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, la France a déjà franchi le cap : la hausse des température atteint +1,9 °C en France sur la décennie 2013-2022, et +2,9 °C au cours de l'année 2022. Le rapport du Haut Conseil pour le Climat précise que « cette année exceptionnellement chaude dans le climat actuel (avec 10 % de probabilité d'avoir une année encore plus chaude) atteint le niveau de température moyen que la France connaîtrait vers 2050-2060 si le réchauffement planétaire atteint +2 °C ». Ce réchauffement en France a déclenché une cascade de conséquences l'année passée : 2 816 décès pendant les canicules de l'été, -20 % de production hydroélectrique, -10 à -20 % de rendements pour certaines filières agricoles, et 5 km3 de volumevolume perdus pour l'ensemble des glaciers alpins (l'équivalent de 3,5 mètres de glace).
Pour l'heure, la France n'est pas prête à faire face aux effets du changement climatiquechangement climatique, répète le Haut Conseil pour le Climat dans chacun de ses derniers rapports. Les événements extrêmes et leurs conséquences sur notre société ne sont pas assez anticipés.
La France fait des efforts, mais le reste du monde ne suit pas
Le problème doit être traité de manière globale : l'ampleur du réchauffement planétaire et en France dépend du cumul des émissionsémissions de CO2. « En cas de forte baisse des émissions mondiales, l'effet serait discernable en une vingtaine d'années par un ralentissement du réchauffement planétaire ». D'une manière générale, « les émissions de gaz à effet de serre mondiales ne sont pas sur une trajectoire compatible avec l'atteinte des objectifs de l'Accord de Paris. Les politiques publiques actuelles de l'ensemble des pays du monde conduiraient à un réchauffement planétaire estimé à environ d'ici 2100, avec une plage d'incertitude allant de +2,2 °C à +3,5 °C », bien loin des +1,5 °C promis.
Sur le front des bonnes nouvelles, au moins 18 pays, dont la France, ont vu leurs émissions diminuer depuis 10 ans ou plus. Mais le reste du monde ne suit pas : les émissions de gaz à effet de serre mondiales continuent d'augmenter, même si leur rythme est moins élevé.
Si le monde compte réellement limiter le réchauffement à 1,5 °C, cela nécessite des baisses de :
- -43 % d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 ;
- -69 % d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 2040.
Le secteur des transports doit subir une révolution en quelques années
En France, l'empreinte carbonecarbone -- qui inclut les émissions générées dans d'autres pays pour produire les biens qui sont importés et consommés en France -- est en fait 1,5 fois plus élevée que les émissions produites sur le territoire français. Le fléau environnemental est toujours le même : en première ligne, le secteur des transports. Dans ce secteur, la voiture reste de loin le principal émetteur de gaz à effet de serre, suivi des poids lourds, avec une bonne marge.
Malgré les politiques environnementales et le développement de mobilités plus durables, les émissions du secteur du transport ont augmenté en 2022. Les baisses d'émissions observées entre 2019 et 2021, liées à la hausse du prix du carburant et au confinement, n'ont pas duré. « Pour atteindre les nouveaux objectifs 2030, les émissions du secteur nécessitent une baisse entre 3,5 et 5 fois plus vite par rapport à la période 2019-2022 » précise le rapport. De plus, « les aides et les incitations actuelles n'orientent pas suffisamment la production vers des véhicules petits, plus légers et plus abordables, ce qui aggrave les inégalités ».
Du positif dans les autres secteurs
Dans les autres secteurs, les nouvelles sont plus positives, mais force est de constater que les baisses d'émissions de gaz à effet de serre ne sont pas liées aux mesures du gouvernement, mais à d'autres événements :
- les émissions de l'agriculture ont diminué de -2,2 % en 2021. « Le budget carbone est pour l'instant respecté, mais cette évolution provient davantage des difficultés socio-économiques que d'une stratégie de décarbonation, avec notamment la baisse du cheptel bovin et la hausse du prix des engrais » précise le Haut Conseil pour le Climat ;
- les émissions de l'industrie ont diminué de -6,4 % en 2022 « du fait d'une importante baisse de la consommation d'énergieénergie causée par les mesures de sobriété prises en réponse à l'augmentation des prix » ;
- les émissions des bâtiments ont diminué de -14,7 % entre 2021 et 2022, « mais les 2/3 de cette baisse sont liés à un hiverhiver doux en 2022 » ;
- les émissions de l'énergie ont augmenté de +4,9 % en 2022, « car les centrales à gaz ont davantage fonctionné à cause des faibles productions nucléaires et hydroélectriques ».
Alors que l'on compte de plus en plus sur la nature pour nous aider à limiter le réchauffement climatique (en compensant la pollution avec le fait de replanter des arbres, notamment), celle-ci ne semble pas en mesure d'affronter le défi que nous lui proposons : la quantité de carbone stockée par les forêts a par contre diminué de -21 % entre 2020 et 2021 « à cause de la forte mortalité en forêt due à la sécheressesécheresse, aux incendies et aux ravageurs ».