Quels sont les risques climatiques principaux qui vont impacter votre région ces prochaines années ? Le Réseau Action Climat, en partenariat avec l’Ademe, vient de publier un rapport qui présente toutes les conséquences à attendre région par région.


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    « Forêts, plages, montagnes, plaines... tous les paysages sont déjà affectés avec des répercussions pour tous et dans tous les secteurs » annonce le Réseau Action Climat. Aucune région de France n'échappe aux conséquences du réchauffement climatique et toutes subiront des changements majeurs dans le futur, voici les points principaux extraits du rapport, dont voici les grandes lignes.

    Auvergne-Rhône-Alpes : disparition des glaciers et diminution de la neige

    Dans les Alpes, les glaciers ont déjà perdu 70 % de leur volumevolume depuis 1850, dont 10 à 20 % après 1980. La totalité des glaciers des Alpes et du Massif Central est menacée de disparition, et ce dès 2050 pour les petits glaciers. En parallèle de la fontefonte des glaciers, on observe une diminution très nette de l'enneigement. Le nombre de journées chaudes est particulièrement élevé, une tendance qui se poursuivra dans les décennies à venir : d'ici 2050, 68 % des habitants de la région - soit plus de 5,5 millions de personnes - seront exposés à plus de 20 journées anormalement chaudes au cours des mois de juin, juillet et août.

    Bourgogne-Franche-Comté : des réserves en eau de plus en plus faibles

    Près des trois-quarts des communes de Bourgogne-Franche-Comté sont menacées par les conséquences du changement climatique, en premier lieu par les sécheresses. Traversée par des cours d'eau à faible débitdébit et possédant des nappes phréatiques disposant de faibles réserves, la région est particulièrement vulnérable à cet aléa. En montagne, si la neige artificielle permet de maintenir les activités économiques pour le moment, cela devrait ne plus suffire à moyen terme en raison de températures hivernales trop douces.

    Bretagne : risque de submersion

    La hausse du niveau de la mer est le risque principal en Bretagne. Cette hausse s'accélère et se poursuivra quel que soit le scénario d'émissionsémissions de gaz à effet de serre.  Elle sera source de répercussions importantes : érosion du littoral, recul du trait de côte, submersionsubmersion de zones côtières, salinisation des nappes phréatiques ou des eaux utilisées pour l'agricultureagriculture, destruction d'écosystèmesécosystèmes côtiers, d'habitations et d'infrastructures...

    La température moyenne des eaux devrait augmenter de +3 °C d'ici la fin du siècle (par rapport à 1986-2005) si les émissions de gaz à effet de serre suivent leur trajectoire actuelle.

    Centre-Val de Loire : augmentation inégale des précipitations

    D'ici la fin du siècle, les pluies devraient augmenter de 10 à 20 % en Centre-Val de Loire. Toutefois, cette hausse est inégalement répartie selon les saisonssaisons : les hivershivers seront plus humides tandis que les étés seront plus secs. Le Centre-Val de Loire est aussi, et de loin, la région de France où la proportion de la population est la plus exposée au risque de retrait-gonflement des argilesargiles (RGA) : 67 % des habitants sont en zone d'aléa fort ou moyen, soit 1,720 millions de personnes. Le RGA pourrait causer d'importants dégâts pour le patrimoine de cette région qui abrite une grande partie des châteaux de la Loire. Autre risque majeur, les inondationsinondations concernent 1 habitant sur 8 en Centre-Val de Loire, majoritairement par débordement des cours d'eau.

    Corse : canicules et feux de forêts

    Dès 2050, la température devrait atteindre +1,4 à +1,9 °C par rapport à 1976-2005 : la zone côtière de la Corse sera alors soumise à un climatclimat qui ressemble à celui de Tunis aujourd'hui. Même si leur cumul ne baisse pas (ou peu), les pluies sont moins bien réparties au cours de l'année et les épisodes de précipitationsprécipitations extrêmes se multiplient. Sécheresses et fortes chaleurschaleurs sont également deux ingrédients qui nourrissent le risque de feux de forêts, réunissant les conditions propices à leur déclenchement, leur maintien et leur propagation. Ce risque devrait augmenter de 10 à 30 % d'ici la fin du siècle, selon les estimations.

    Grand-Est : le retrait-gonflement des argiles est le plus fort de France

    Le réchauffement se poursuivra dans les prochaines décennies et devrait atteindre +1,6 à 1,9 °C en 2050 par rapport à la fin du siècle dernier. En milieu de siècle, Strasbourg devrait ainsi atteindre un niveau de température similaire à l'actuel sud de la Drôme. L'augmentation des catastrophes naturellescatastrophes naturelles liées au retrait-gonflement des argiles dans la région est spectaculaire : +564 % depuis le début du siècle, et +1 132 % en Haute-Marne selon un rapport de l'association Conséquences : il s'agit de la progression la plus élevée de France.

    Hauts-de-France : un risque majeur d’inondations

    Le risque d'inondations concerne 6 communes sur 10 en Hauts-de-France et 2,2 millions d'habitants, en particulier les inondations par ruissellement, qui se produisent lorsque l'eau issue des précipitations ne peut plus s'infiltrer dans les sols. La région est également fortement menacée par des inondations par débordement des cours d'eau (ou crues) et par remontée des nappes phréatiques. Le risque de submersion est également élevé dans les zones côtières. 90 % de la région aussi menacée par le retrait-gonflement des argiles.

    L’Île-de-France : une région invivable en été !

    Dans un scénario (vers lequel on se dirige aujourd'hui) de réchauffement à +4 °C en France, les températures estivales pourraient atteindre des extrêmes jamais enregistrés auparavant, avec des pics de chaleur dépassant les 50 °C l'été et 30 jours de caniculecanicule par an. L'Île-de-France est aussi l'une des régions les plus exposées au risque de retrait-gonflement des argiles : 83 % du territoire est concerné, dont la totalité les départements des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et la Seine-et-Marne.

    Normandie : la mer envahira la côte

    Estimée à + 20 centimètres aujourd'hui en Normandie (par rapport à 1850-1900), la hausse de la montée des eaux pourrait atteindre jusqu'à 1 mètre supplémentaire dès 2100, avec des répercussions désastreuses. Les forts coefficients de maréemarée (110-115) qui se répètent actuellement 3 à 4 fois par an pourraient être atteints 65 fois par an avec une élévation du niveau de la mer de 1 mètre dans la Manche occidentale et orientale.
    Une autre conséquence liée à l'élévation du niveau de la mer est l'accentuation de l'érosion, déjà marquée sur les côtes Normandes. Deux tiers des côtes de la région sont déjà en érosion, avec un rythme moyen de 20 à 25 cm par an pour les falaises sédimentaires.

    Nouvelle-Aquitaine : la sécheresse est la menace numéro un

    Le nombre de jours secs devrait augmenter de 25 % si les émissions suivent leur trajectoire actuelle, et jusqu'à 50 % selon le scénario le plus pessimiste. L'agriculture, qui occupe plus de la moitié des sols de la région, est particulièrement affectée par ces impacts. De plus en plus de zones sont aussi concernées par les incendies et les périodes de risque s'étirent progressivement avant et après la période estivale.

    Occitanie : sécheresse et baisse des cours d’eau

    La région peut s'attendre à un réchauffement de +1 °C supplémentaire (par rapport à 2001-2020) d'ici 2050 et de +1,4 °C d'ici la fin du siècle. Si nos émissions continuent d'augmenter, on pourrait observer jusqu'à +3,8 °C de plus d'ici 2100. À noter que ce réchauffement est plus marqué l'été que l'hiver. La neige diminue également et les montagnes d'Occitanie alimentent une part importante des cours d'eau de surface et souterrains, certaines rivières pourraient ainsi devenir intermittentes. L'Ariège devrait subir une baisse de 20 % de ses débits annuels d'ici le milieu du siècle (par rapport à 1985-1995).

    Les surfaces brûlées devraient aussi augmenter de 54,5 % dans la région, selon le scénario d'émissions intermédiaires (RCP4.5).

    Les Pays de la Loire : sécheresses, inondations et élévation du niveau de la mer

    La trajectoire actuelle nous amène vers un réchauffement de +1,3 à +1,6 °C dès 2050, et dans le scénario le plus pessimiste, on pourrait atteindre +2,5 °C en milieu de siècle et jusqu'à +4 °C d'ici 2100. Le risque de feux de forêt s'accentue peu à peu et pourrait augmenter de 40 % sur la majeure partie du territoire Ligérien si les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter. Le bassin de la Loire, déterminant pour la région, sera particulièrement touché avec une réduction de 25 à 30 % de la ressource en eau d'ici 2070. Les débits des cours d'eau devraient par ailleurs fortement diminuer : celui de la Loire pourrait baisser de 20 à 50 % à l'horizon 2100 (par rapport à 1971-2000). Comme tout le littoral Atlantique, la région Pays de la Loire et ses 450 kilomètres de côtes est exposée à l'élévation du niveau de la mer.

    La Provence-Alpes-Côte d’Azur : surchauffe et incendies

    Si la hausse des températures concerne toutes les régions de France, peu seront impactées à la hauteur de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Par rapport à la fin du XXe siècle (période de référence 1976-2005), la moyenne régionale devrait augmenter de +1,6 à +2,2 °C d'ici 2050, selon les scénarios : il s'agit du plus fort réchauffement projeté dans l'Hexagone. Les épisodes méditerranéens sont déjà plus fréquents. On en observe 3 à 6 par an, soit 2,7 fois plus qu'au milieu de siècle dernier.

    De la combinaison des fortes chaleurs, de la sécheresse et du dépérissement des milieux forestiers résulte des conditions idéales pour le déclenchement, le maintien et la propagation des incendies. Ce risque est ainsi en augmentation en particulier pour les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse. La probabilité de feux extrêmes (ou méga-feux)) explose, avec une fréquence qui pourrait progresser entre 42 % et 90 % d'ici 2100 en fonction des scénarios !