Quel que soit notre lieu de résidence en France, nous sommes tous susceptibles de devoir affronter un jour une catastrophe naturelle. Malgré l’abondance quotidienne d’images de désastres météorologiques dans les médias, savons-nous à quel type de risques nous pourrions être exposés et comment s’y préparer ? Absolument pas, selon une nouvelle enquête.


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    Rappelons-nous des deux tempêtes historiques de décembre 1999 qui ont fait 140 morts, de la canicule de 2003 qui a fait plus de 15 000 morts en France et plus récemment, le chaos survenu dans les Pyrénées début septembre avec des villages recouverts de boue ou encore toutes les conséquences de la dépression Boris il y a une dizaine de jours, en Europe centrale et également en Corse. Les catastrophes météorologiques et climatiques sont bien réelles et font des victimes.

    Une enquête de 2024, réalisée par l’AFPCNT (Association française pour la prévention des risques naturels et technologiques) et l'Ifop, montre que la culture du risque a encore beaucoup de chemin à faire avant de réussir à s'implanterimplanter en France. Et pourtant, la quasi-totalité des communes françaises est concernée par au moins un risque naturel ou technologique : 31 147 communes sur un total de 34 995. Chaque année, ce sont environ 5 700 communes qui subissent une catastrophe naturelle reconnue par l'État.

    Quasiment toutes les communes de France sont concernées par au moins un risque naturel ou technologique. © r Jiranun, Adobe Stock
    Quasiment toutes les communes de France sont concernées par au moins un risque naturel ou technologique. © r Jiranun, Adobe Stock

    La moitié des Français de métropole ne connaissent pas les risques sur leur lieu d’habitation

    Sur les 10 000 personnes interrogées pour l'enquête, seulement 55 % de ceux habitant en métropole savent à quels risques leur habitation est exposée, contre 74 % des habitants d'outre-mer. Pire encore, 45 % des interviewés qui vivent dans une commune réellement exposée à un au moins un risque naturel ne sont pas au courant de cette exposition ! Interviewé lors de la conférence de presse qui a dévoilé l'enquête ce jeudi, le climatologueclimatologue et auteur du Giec Jean Jouzel déplore « le fait qu'il n'y ait pas de véritable culture du risque en France. Il y a eu très longtemps une négation du risque climatique, les gens commencent seulement à se rendre compte des conséquences du réchauffement. Ce que nous envisageons depuis 50 ans, nous le vivons aujourd'hui ».

    Que craignent majoritairement les Français de métropole ? 45 % craignent les inondationsinondations, 38 % les incendies et 37 % les phénomènes météorologiques extrêmes comme les tornades. Cependant, il y a bien souvent un décalage avec la menace principale à laquelle sont exposés les Français et la réalité du terrain, comme l'explique Jean JouzelJean Jouzel : « quand on regarde ce que disent les assureurs, le risque principal c'est le retrait-gonflement des argilesargiles. L'alternance de périodes très sèches et de périodes très humides rend les sols argileux instables et les fondations des habitations commencent à se fissurer. Les habitats deviennent donc inhabitables. Cela pourrait bientôt toucher une maison sur deux en France. Ensuite, il faut parler de l'élévation du niveau de la mer : d'ici 2050, un million d'habitants sera à risque de submersionssubmersions temporaires, contre 100 000 personnes actuellement en France ».

    Avec le phénomène de retrait-gonflement des argiles, de nombreuses maisons vont devenir inhabitables dans le futur. © Rémi Dretzen, Resif, CC BY 4.0
    Avec le phénomène de retrait-gonflement des argiles, de nombreuses maisons vont devenir inhabitables dans le futur. © Rémi Dretzen, Resif, CC BY 4.0

    Deux nécessités : s’informer et repenser nos manières de construire

    En matièrematière de catastrophes naturelles, ce sont les inondations qui ont fait le plus de dégâts depuis un an, avec cette succession exceptionnelle d'épisodes pluvieux intenses. Pour Marie-France Beaufils, présidente du CEPRI (Centre européen de prévention du risque d'inondation), « il faut repenser notre manière de faire : il faut réfléchir aux parties du territoire où il ne faut plus reconstruire, et d'autres où il faut repenser la constructionconstruction ; comme abandonner les logements du rez-de-chaussée dans certains logements pour laisser passer l'eau en cas d'inondation. Il faut intégrer dans l'aménagement le passage de l'eau, pour que les gens vivent avec cette idée que l'eau est là, et qu'elle va revenir ».

    Mais combien de Français connaissent les bons comportements à adopter en cas de catastrophe naturelle ? Seulement 30 % des métropolitains et 57 % des habitants d'outre-mer selon l'enquête de l'AFPCNT. Face aux risques de catastrophes, les Français ne sont clairement pas assez informés. Ghislaine Verrhiest-Leblanc, la directrice de l'AFPCNT, le rappelle, il existe des sites accessibles à tous pour connaître l'exposition aux risques de sa commune, comme le portail Géorisques. « Nous nous dirigeons vers un réchauffement à +4 °C en France », le rappelle Jean Jouzel, sachant que nous sommes actuellement « seulement » à +1,7 °C, il est donc indispensable de s'informer et de se préparer.