Nous sommes déjà à mi-chemin du point de non-retour en ce qui concerne la fonte des glaces au Groenland. Et si nous continuons à émettre autant de CO2 que ces dernières années, ce seuil critique sera peut-être atteint avant 2040.
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Le point de non-retour est sur le point d'être franchi au Groenland, selon une étude publiée le 27 mars dernier dans Geophysical Research Letters. Actuellement, on estime que l'humanité a rejeté 500 gigatonnes de CO2 dans l'atmosphère. Et selon cette nouvelle étude, il suffirait de 1 000 gigatonnes relâchées pour que tout le sud de la calotte glaciairecalotte glaciaire du Groenland fonde. Ce seuil, s'il est franchi, sera un point de non-retour. Or, nous en sommes déjà à la moitié ! Un total de 2 500 gigatonnes de CO2 rejetées dans l'atmosphère ferait cette fois-ci fondre l'intégralité des glaces du Groenland.
La calotte glaciaire du Groenland recouvre actuellement 1,7 millions de km2 dans l'Arctique. Si ses glace fondent totalement, le niveau global de la mer s'élèvera d'environ 7 mètres. Une menace qui a commencé à se concrétiser ces 10 dernières années, puisque la fontefonte des glaces du Groenland de la décennie passée à déjà eu pour conséquence d'élever le niveau global de la mer d'un centimètre. Une autre étude publiée dans Nature Communications en 2021 concluait que le niveau de la mer pourrait s'élever de 23 cm d'ici 2100, et cela juste avec la fonte des glaces du Groenland, à laquelle il faut ajouter la fonte des autres glaces du globe.
12 à 15 ans avant d'atteindre le point de non-retour, si rien ne change
Pour arriver à de telles conclusions, les chercheurs ont effectué des simulations du climat, en fonction des émissionsémissions de gaz à effet de serre sur une période de 20 000 ans. La réaction des glaces, sur le modèle informatique, est sans appel entre des émissions de carbonecarbone à 0 et des émissions atteignant 4 000 gigatonnes. Et la fonte est déjà conséquente : 225 gigatonnes de glace perdues tous les ans entre 2003 et 2016, principalement dans la partie sud du Groenland. Plus la calotte glaciaire fond, plus sa surface est exposée à une altitude plus basse, ce qui a pour conséquence d'accélérer encore plus sa fonte. Et selon les auteurs de l'étude, une fois le point de basculement franchi avec 1 000 gigatonnes de CO2 émis, il ne sera plus possible de revenir en arrière : même si les émissions de carbone reculent au seuil où elles étaient avant l'ère industrielle, il sera trop tard pour que la glace se reforme. D'où la nécessité de ne pas atteindre ce point de non-retour, estimé à 1 000 gigatonnes de CO2.
En 2022, les émissions de CO2 liées aux activités humaines ont atteint 36,8 gigatonnes. À ce rythme, en plus des 500 gigatonnes déjà rejetées, il suffirait donc de 12 à 15 ans pour que le point de non retour des 500 gigatonnes supplémentaires soit atteint !
Réchauffement climatique : l'Arctique a peut-être déjà basculé
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer publié le 17 juin 2021
Ils ont passé plus d'un an dans l'Arctique. Aujourd'hui, les chercheurs de l'expédition Mosaic nous mettent en garde : sous l'effet du réchauffement climatique, la région a peut-être déjà franchi le point de basculement qui rendra irréversible la fonte de la calotte polaire.
L'expédition Mosaic à bord du Polarstern a duré plus d'un an. Elle a impliqué 300 chercheurs issus de 20 pays. Et elle a recueilli 150 téraoctets de données et plus de 1.000 échantillons de glace. C'est tout simplement la plus grande mission scientifique menée du côté du pôle Nord.
Il y a quelques jours, Markus Rex, celui qui a dirigé l'expédition, a dévoilé quelques premiers résultats plutôt inquiétants. Au printemps 2020, la banquisebanquise arctique s'est retirée plus rapidement que jamais et au cours de l'été, l'étendue de la glace de mer était deux fois moins importante que lors des décennies passées. Son épaisseur a diminué de moitié ces 130 dernières années.
Une situation grave
C'est la première fois qu'autant de données ont été récoltées sur la situation climatique de l'Arctique. Et les conclusions des chercheurs montrent clairement la gravitégravité de cette situation tout autant que la nécessité d'agir en urgence.
Selon Markus Rex, « la disparition de la banquise estivale dans l'Arctique est l'une des premières mines dans le champ du réchauffement climatique, l'un des points de basculement que nous déclenchons en premier lorsque nous poussons le réchauffement trop loin. Et nous pouvons aujourd'hui nous demander si nous n'avons pas déjà marché sur cette mine et ainsi déclenché le début de l'explosion. Seule l'évaluation au cours des prochaines années nous permettra de déterminer si nous pouvons encore sauver la banquise grâce à une protection climatique énergique ou si nous avons déjà dépassé cet important point de basculement du système climatique. »
Une partie du Groenland proche du point de non-retour
La calotte glaciaire du Groenland est une composante instable du système TerreTerre. Elle est susceptible de s'effondrer rapidement sous l'effet du réchauffement climatique anthropique. Avec des conséquences importantes sur l'ensemble de la planète. Il y a quelques mois, des données avaient été mal interprétées, laissant penser que le point de basculement avait déjà été dépassé. Mais aujourd'hui, des chercheurs pensent avoir la preuve qu'une partie de cette région est très proche de son point de non-retour.
Article de Nathalie Mayer paru le 21/05/2021
Le glacierglacier Jakobshavn, c'est le glacier le plus rapide du Groenland. Quelque part dans le centre ouest de la calotte. Et des chercheurs de l’Institut de recherche sur l’impact climatique de Potsdam (Allemagne) et de l’université arctique de Norvège affirment aujourd'hui y avoir trouvé la preuve que cette partie du Groenland est extrêmement proche de son point de non-retour. Cela signifie que la fonte de la calotte devrait s'accélérer progressivement et de manière inévitable, même si le réchauffement climatique était stoppé.
Les chercheurs ont analysé 140 ans de données de fonte et de hauteur des glaces. Des données qu'ils ont injectées dans des modèles pour produire des simulations. « Nous assistons peut-être au début d'une déstabilisation à grande échelle. Les signaux que nous observons restent régionaux. Mais c'est peut-être dû à la rareté des données dont nous disposons », expliquent les chercheurs.
Des conséquences pour l’ensemble de la planète
Ce que ces travaux mettent en lumièrelumière, c'est un mécanisme non linéaire de rétroaction positiverétroaction positive. Pour comprendre, rappelons que pour se maintenir, la calotte glaciaire doit compenser ses pertes de glace par la fonte et le vêlagevêlage des glaciers par des chutes de neige. Or, la fonte est plus importante aux basses altitudes. À mesure que la surface de la calotte d'abaisse - en raison de la fonte des glaces -, elle est exposée à des températures moyennes plus élevées. Ce qui entraîne une fonte plus importante. Faisant encore baisser la calotte. Et accélérer la perte de glace. Au-delà d'un seuil critique, du fameux point de non-retour, un climat beaucoup plus froid serait nécessaire pour que la calotte retrouve sa taille.
Les chercheurs espèrent que la configuration des précipitationsprécipitations évoluera favorablement en raison de la hauteur changeante de la calotte. Mais si la calotte glaciaire du Groenland devait transiter vers une fonte accélérée - pour un réchauffement climatique entre 0,8 et 3,2 °C au-dessous des valeurs préindustrielles -, les conséquences pour notre Planète seraient importantes. Cette massemasse de glace contient en effet la masse équivalente à l'élévation du niveau mondial de la mer de sept mètres. Une perte de la calotte glaciaire du Groenland devrait également ajouter au réchauffement climatique en raison de la diminution de l'albédoalbédo. Elle perturberait les principaux courants océaniques, les ceintures de moussonmousson, les forêts tropicalesforêts tropicales, les systèmes éoliens et les régimes de précipitations du monde entier.
La fonte de la calotte glaciaire au Groenland aurait atteint un point de non-retour
Dans cette région du globe qui se réchauffe deux fois plus vite que dans le reste du monde, rien ne semble arrêter désormais la fonte de la calotte glaciaire au Groenland. Les chutes de neige ne parviendront pas à contrebalancer les centaines de gigatonnes de glace qui se déversent dans l'océan, contribuant ainsi à l'élévation du niveau de la mer et mettant en péril la vie de millions d'habitants.
Article de Futura avec l'AFP-Relaxnews paru le 18/08/2020
Au Groenland, la fonte de la calotte glaciaire est irrémédiable, selon des scientifiques qui avancent qu'elle continuerait à rétrécir « même si le réchauffement climatique s'arrêtait aujourd'hui » car les chutes de neige ne compensent plus les pertes de glace. « Les glaciers du Groenland ont en quelque sorte franchi un point de non-retour, où les chutes de neige qui reconstituent la calotte glaciaire chaque année ne peuvent plus contrebalancer la glace qui s'écoule des glaciers vers l'océan », a expliqué dans un communiqué l'Université d'Ohio State, où travaillent les auteurs de l'étude publiée par la revue Communications Earth and Environment, le 13 août.
Deux décennies de fonte accélérée
Le changement climatique pèse lourd sur les glaciers et la fonte de la calotte glaciaire menace des dizaines de millions de personnes à travers le monde. Les rapports alarmants sur la fonte des glaces à travers le gigantesque territoire arctique, région qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, se multiplient depuis plusieurs années.
Cette île de deux millions de km2 (près de quatre fois la superficie de la France), bordée aux trois quarts par les eaux de l'océan Arctique, est recouverte à 85 % de glace. « L'étude confirme les résultats de nombreuses autres études (...) selon lesquels la combinaison de la fonte et du détachement des icebergs explique la grande quantité de glace perdue du Groenland au cours des deux dernières décennies », a résumé pour l'AFP Ruth Mottram, climatologueclimatologue de l'Institut danois de météorologiemétéorologie (DMI), spécialiste de l'Arctique.
Dans les années 1980 et 90, la calotte glaciaire perdait environ 450 gigatonnes (environ 450 milliards de tonnes) de glace par an, remplacée par les chutes de neige, ont relevé les scientifiques après l'analyse de quelque 40 ans de données. À partir des années 2000, la fonte s'est accélérée, grimpant à 500 gigatonnes mais n'a pas été compensée par les chutes de neige. « La calotte glaciaire du Groenland perd de sa masse à un rythme accéléré au XXIe siècle, ce qui en fait le plus important contributeur à l'élévation du niveau de la mer », souligne l'étude.
Le point de non-retour est-il atteint ?
Toutefois, si la fonte des glaciers groenlandais liée au changement climatique est extrêmement préoccupante, d'autres membres de la communauté scientifique estiment prématuré de parler d'un point de non-retour. « Nous ne savons pas de combien les concentrations en gaz à effet de serre vont augmenter », a expliqué à l'AFP Ruth Mottram.
“D'autres membres de la communauté scientifique estiment prématuré de parler d'un point de non-retour”
Les résultats publiés dans Nature montrent que « même si nous stabilisions les températures (et les émissions de gaz à effet de serre) au niveau actuel, la calotte glaciaire continuerait à fondre, mais seulement jusqu'à ce que sa taille soit à nouveau en équilibre avec le climat », a-t-elle indiqué.
D'après une étude récente de l'Université de Lincoln (Royaume-Uni), la fonte des glaces au Groenland devrait contribuer à hauteur de 10 à 12 cm à la hausse du niveau des mers d'ici 2100. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'
En outre, la fonte de la calotte glaciaire n'est pas seulement un symptômesymptôme du changement climatique, elle est aussi un facteur de réchauffement de la Planète. Lorsque la glace fond, elle est remplacée par l'océan qui réverbère moins les rayons du soleilsoleil et les absorbe, accélérant le dégel.