La COP26 vient de s'ouvrir à Glasgow ce 31 octobre. Le rendez-vous s’annonce décisif dans la lutte contre le réchauffement climatique. Futura vous propose dès aujourd’hui, de commencer à en décrypter plusieurs de ses tenants et aboutissants. La première question que nous nous posons : limiter le réchauffement à +1,5 ou à +2 °C, cela change quoi ?
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Ce lundi 1er novembre 2021 s'ouvrira à Glasgow (Royaume-Uni) une nouvelle COP, pour Conférence des parties signataires de la Convention-Cadre de l'Organisation des Nations unies sur les changements climatiques, ou COP26, comme l'appellent les initiés. Les chefs d’État et de gouvernements du monde entier s'y retrouveront pour décider de l'avenir de notre Planète. De notre avenir donc.
Alors que de plus en plus de scientifiques tirent la sonnette d’alarme, il reviendra aux politiques de prendre les décisions qui pourront -- ou non -- éviter à notre monde de dépasser les 1,5 °C de réchauffement. Il y a 6 ans, à l'occasion de la COP21, 196 États s'engageaient en effet à « limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 °C, de préférence 1,5 °C, par rapport au niveau préindustriel ». C'était à Paris, en 2015. Pour y arriver, une seule solution. Une diminution marquée de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre (GES).
Car, dans son dernier rapport publié au mois d'août, le Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le soulignait : les températures moyennes à la surface de la Terre ont déjà augmenté de +1,07 °C. Et aujourd'hui, seul un scénario de réduction drastique de nos émissions de GES -- le scénario baptisé SSP1-1.9 -- pourrait nous permettre de nous maintenir à peu près au niveau des fameux +1,5 °C de réchauffement. Même un scénario de limitation intermédiaire de nos émissions -- celui que le Giec appelle le scénario SSP2-4.5 -- nous entraînerait bien au-delà des +2 °C.
Mais après tout, 0,5 °C de plus ou de moins, est-ce vraiment si important ? Oui, avait déjà répondu une étude en 2017. Les chercheurs avaient alors comparé deux périodes récentes séparées de dix ans, mais surtout, de 0,5 °C. Ils notaient par exemple une augmentation des précipitations extrêmes de 10 % sur un quart de la Planète. Sur la moitié des régions, les sécheresses, quant à elles, s'étaient allongées d'une semaine.
0,5 °C en plus, ça change les températures extrêmes
« Une différence de 0,5 °C compte », confirme aujourd'hui le Giec. Désormais, les scientifiques estiment en effet qu'il est très probable que 0,5 °C de réchauffement supplémentaire provoquerait des augmentations perceptibles de l'intensité et des fréquences des extrêmes de chaleurchaleur :
- Avec un réchauffement global à 1,5 °C, les vaguesvagues de chaleur décennales -- qui se produisaient, durant l'ère préindustrielle, environ une fois tous les dix ans -- deviendront 4,1 fois plus fréquentes et 1,9 °C plus chaudes ;
- Avec un réchauffement global à 2,0 °C, ces mêmes vagues de chaleur deviendront 5,6 fois plus fréquentes et 2,6 °C plus chaudes ;
- Avec un réchauffement global à 1,5 °C, les vagues de chaleur qui se produisaient, durant l'ère préindustrielle, environ une fois tous les cinquante ans deviendront 8,6 fois plus fréquentes et 2,0 °C plus chaudes ;
- Avec un réchauffement global à 2,0 °C, ces mêmes vagues de chaleur deviendront 13,9 fois plus fréquentes et 2,7 °C plus chaudes ;
- Avec un réchauffement global à 1,5 °C, la part des personnes touchées par une vague de chaleur au moins une fois tous les cinq ans serait de 14 % ;
- Avec un réchauffement global à 2,0 °C, cette part passe à 37 % !
Une étude récemment publiée livre des informations complémentaires. Alors que les personnes nées en 1960 devraient avoir à affronter quatre vagues de chaleur extrême dans leur vie, des enfants nés en 2020 devront en affronter 18 si le réchauffement est maintenu à 1,5 °C. Et même 30 s'il va jusqu'à 2 °C ! Notamment dans les régions en développement, les plus fragiles.
0,5 °C en plus, ça change les régimes de précipitations
Autre domaine dans lequel 0,5 °C de plus ou de moins peut avoir des conséquences importantes : celui du cycle de l'eau. Ainsi les experts du Giec estiment, avec un niveau de confiance élevé, que l'intensité et la fréquence des précipitations et des sécheresses vont, elles aussi, augmenter :
- Avec un réchauffement global à 1,5 °C, les événements de fortes pluies -- d'une duréedurée de 24 heures - décennaux deviendront 1,5 fois plus fréquents et 10,5 % plus humides que ceux d'aujourd'hui ;
- Avec un réchauffement global à 2,0 °C, ces mêmes événements deviendront 1,7 fois plus fréquents et 14 % plus humides ;
- Avec un réchauffement global à 1,5 °C, les sécheresses décennales dans les régions déjà sèches deviendront 2 fois plus fréquentes ;
- Avec un réchauffement global à 2,0 °C, ces mêmes événements deviendront 2,4 fois plus fréquents.
Plus globalement, les latitudeslatitudes plus élevées, les tropiquestropiques et les régions de moussonsmoussons devraient voir leurs précipitations augmenter. Les zones subtropicales devraient, quant à elles, les voir diminuer. Ainsi limiter le réchauffement à 1,5 °C plutôt que 2 °C permettrait de préserver plus de 200 millions d'êtres humains de la sécheresse.
0,5 °C en plus, c’est aussi une série d’autres difficultés majeures
Même si les effets du réchauffement climatique anthropique sur le niveau de la mer sont difficiles à évaluer, les experts du Giec estiment que les eaux pourraient monter de 0,5 mètre d'ici 2100 avec un réchauffement global de 1,5 °C et de 10 centimètres de plus avec un réchauffement de +2,0 °C.
Et notez qu'en Europe, la France est parmi les pays les plus menacés par la submersionsubmersion marine. Notamment sur son littoral Atlantique qui serait touché dès une élévation du niveau de la mer de 0,5 mètre.
Les scientifiques avancent aussi que sous un réchauffement de 1,5 °C, la production de maïsmaïs devrait diminuer de 3 %. Sous un réchauffement de 2,0 °C, elle pourrait baisser de 7 %.
Le saviez-vous ?
Dans l’Arctique, les scientifiques préviennent qu’il est quasiment certain que les températures vont beaucoup augmenter :
- de 3 °C dans le cas d’un réchauffement global de 1,5 °C ;
- de 4 °C dans le cas d’un réchauffement global e 2 °C.
Enfin, si un réchauffement de +1,5 °C met directement en danger 7 % des écosystèmesécosystèmes, un réchauffement de +2,0 °C n'en menace pas moins du double.
Déjà, selon l'OMM, l'Organisation météorologique mondiale, au cours de ces 50 dernières années, les extrêmes climatiques auront coûté à nos sociétés près de 175 millions d'euros par jour ! Avec un réchauffement qui s'accentue, la facture deviendra de plus en plus salée.
Et 0,5 °C en plus, ce n’est malheureusement pas la voie que nous prenons
L'étude déjà citée plus haut souligne que dans un monde qui se réchaufferait de 3 °C, un enfant de six ans aujourd'hui connaîtra deux fois plus de feux de forêt et de cyclonescyclones tropicaux, trois fois plus d'inondationsinondations fluviales, quatre fois plus de mauvaises récoltes, cinq fois plus de sécheresses et 36 fois plus de caniculescanicules au cours de sa vie qu'un enfant de six ans vivant dans un climat préindustriel.
Plus 3 °C, c'est peu ou prou la voie sur laquelle le rapport sur le réchauffement climatique United in Science 2021 nous voit engagés. Et il n'est question ici que de nombres d'événements, pas de leur intensité. Ni des impacts démultipliés des événements climatiques extrêmes composés comme appellent les scientifiques, les périodes qui voient plusieurs extrêmes frapper en même temps ou de manière rapprochée.