Un chercheur a calculé un nouvel indicateur appelé « coût humain du carbone », qui établit les morts additionnelles engendrées par l’émission d’une tonne de CO2. Selon cette étude, 4 434 tonnes de carbone suffisent ainsi à tuer une personne dans le monde.
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C'est un chiffre choc qui fait comprendre l'ampleur du danger du réchauffement climatiqueréchauffement climatique pour la santé. Selon une étude publiée le 29 juillet dans la revue Nature Communications, l'émissionémission de 4 434 tonnes de carbonecarbone (l'équivalent des émissions totales de 3,5 Américains durant leur vie) va entraîner le décès additionnel d'une personne d'ici la fin du siècle.
Le saviez-vous ?
Le coût social du carbone (CSC), qui calcule l’impact financier et sanitaire de l’émission d’une tonne de carbone, est une question étudiée de longue date par les économistes. On sait que le réchauffement climatique induit des dommages directs et indirects, comme un accroissement de la mortalité, une perte de productivité, une atteinte aux biens due aux catastrophes naturelles ou une perte de rendement agricole. Ce coût social du carbone est toutefois très difficile à estimer, certaines études fixant la tonne de carbone à 113 dollars quand d’autres aboutissent à un chiffre de 417 dollars.
Plutôt que de chercher à calculer le coût du carbone en monnaie sonnante et trébuchante, Daniel Bressler, chercheur au Earth Institute à l'université de ColumbiaColumbia (États-Unis), s'est intéressé au coût humain engendré par le réchauffement.
“Le changement climatique est la plus grosse menace sur la santé mondiale du XXIe siècle”
Le changement climatique a en effet un impact considérable sur la santé, avec des décès prématurés dus aux vagues de chaleur, l'augmentation des maladies comme la dengue, la fièvre jaune ou le choléra ou encore le manque d'accès à l'eau. Une étude publiée dans The Lancet en 2009 avait ainsi considéré que le changement climatique est « la plus grosse menace sur la santé mondiale du XXIe siècle ».
904 vies sauvées en fermant une centrale à charbon
De très nombreuses études ont tenté d'évaluer le nombre de décès causés par le réchauffement (voir notre précédent article, ci-dessous). Mais Daniel Bressler a voulu construire un nouvel indicateur, l'équivalent en morts du CSC. En rassemblant trois études globales de santé publique, il a calculé qu'un réchauffement de 4,1 °C au-dessus des niveaux pré-industriels (ce qui va se produire en 2100 si l'on suit la tendance actuelle des émissions) induira une mortalité équivalente à 2,26 x 10-4 personnes par tonne de CO2 émise, soit une mort additionnelle pour 4 434 tonnes de carbone rejetées dans l'atmosphèreatmosphère. « Cela signifie que la réduction des émissions d'un million de tonnes de CO2 en 2020 a permis de préserver 226 vies humaines, assure Daniel Bressler. Éliminer les émissions d'une centrale à charboncharbon moyenne américaine permettrait aussi de sauver 904 vies d'ici 2100 », illustre encore le chercheur.
Un Américain trois fois plus « mortel » qu’un Européen
On s'en doute, la mortalité engendrée par individu est très différente selon les pays. Un habitant d'Arabie saoudite va ainsi engendrer indirectement la mort de 0,33 personne de par ses émissions, trois fois plus qu'un Anglais (0,11 personne) et dix fois plus qu'un indien (0,03 personne). Au total, ce sont 83 millions de morts additionnelles qui seront engendrées entre 2020 et 2100 par le réchauffement induit par toutes ces émissions. « D'ici la fin du siècle, le changement climatique entraînera la mort de 4,6 millions de personnes par an, soit plus que la pollution (3,4 millions) et pratiquement autant que l’obésité (4,7 millions) », avertit Daniel Bressler. Pour limiter cette sombre prévision, il va certainement falloir s'adapter en développant, par exemple, une agricultureagriculture plus résiliente à la sécheresse ou en se protégeant mieux de la chaleurchaleur.
Le réchauffement climatique tue 5 millions de personnes par an
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer publié le 09/07/2021
Le réchauffement climatique tue. Par les températures extrêmes qu'il nous impose. Et une nouvelle étude poussée fait le point sur la question aujourd'hui. Avec des conclusions plutôt inquiétantes. Si la mortalité liée à la température diminue légèrement depuis quelques années, les chercheurs annoncent qu'elle augmentera significativement avant la fin de ce siècle.
En un an et demi, la pandémie de Covid-19 a fait quelque 4 millions de victimes dans le monde. Depuis des mois, les gouvernements et les scientifiques travaillent d'arrache-pied à trouver des solutions à cette crise sanitairecrise sanitaire majeure. Alors même qu'une autre crise, peut-être plus insidieuse, menace notre survie. La crise climatique.
« On vous l'avait dit », lançait Jean JouzelJean Jouzel au micro de La Chaîne Parlementaire (LCP), il y a quelques jours, au moment de commenter les phénomènes climatiques extrêmes en cours un peu partout dans le monde en ce début d'été. C'est vrai, depuis des décennies, les scientifiques tirent la sonnettesonnette d'alarme. Et aujourd'hui une fois encore. Des chercheurs soulignent qu'entre 2000 et 2019, des températures trop chaudes ou trop froides ont déjà causé quelque cinq millions de morts prématurées par an.
De ça aussi, on nous avait déjà prévenus. Michael Mann, un climatologueclimatologue de renom, l'évoquait dans les colonnes du New York Times récemment : les vaguesvagues de chaleur sont les plus meurtrières des événements météorologiques extrêmes. Elles tuent plus que les ouragansouragans et les inondationsinondations.
Des travaux publiés récemment soulignaient que 30 % de la population mondiale est aujourd'hui exposée à des vagues de chaleur meurtrières pendant au moins 20 jours par an. Les chercheurs annonçaient que jusqu'à trois personnes sur quatre risqueraient de mourir de chaud à l'horizon 2100. Même si des mesures de réduction de nos émissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre étaient prises, les chercheurs évoquaient la mise en danger d'une personne sur deux.
Actuellement, une baisse trompeuse de la mortalité
Ce que les chercheurs notent cette fois, c'est qu'alors que les températures moyennes augmentaient de 0,26 °C, les décès liés au froid ont décru de 0,51 % alors que ceux liés au chaud ont augmenté de 0,21 %. De quoi faire globalement baisser le nombre de morts prématurées dues à la température. Un léger recul dû au réchauffement climatique tel que nous le connaissons aujourd'hui. Mais sur le long terme, les auteurs de ces travaux craignent une augmentation bien plus importante de la mortalité liée à la chaleur.
C'est justement ce que confirme une autre étude. Elle se concentre sur l'Europe et conclut que, faute de mise en place immédiate de fortes mesures d'atténuation du réchauffement climatique, la mortalité liée à la température augmentera considérablement dans les années à venir.
Les chercheurs constatent d'abord qu'entre 1998 et 2012, 7 % des décès enregistrés en Europe étaient attribuable à la température. Les températures froides ayant un impact dix fois plus important que les températures chaudes.
Une augmentation de la mortalité à venir
Dans le contexte de changement climatique, tous les modèles s'accordent à dire que les températures vont progressivement augmenter. Et les données suggèrent que le nombre total de décès attribuables à la température va se stabiliser et même diminuer dans les prochaines années. Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Cela sera suivi d'une très forte augmentation, qui pourrait se produire entre le milieu et la fin du siècle, en fonction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Les modèles développés par les chercheurs projettent une augmentation disproportionnée de la mortalité liée à la chaleur dans les pays méditerranéens. Dans les scénarios les plus extrêmes, les décès attribuables aux chaleurs extrêmes dépasseraient même la mortalité liée au froid !
La chaleur fait plus de morts chaque année qu’on ne le pense
Avec la chaleur, le risque de décès augmente. C'est établi depuis longtemps. Mais des chercheurs affirment aujourd'hui que les conséquences de températures qui montent sous l'effet du réchauffement climatique ont été sous-estimées. Selon eux, le nombre de décès liés à la chaleur est d'au moins dix fois celui que les spécialistes imaginaient.
Article de Nathalie Mayer paru le 28/06/2020
L'été vient tout juste de commencer. Et un premier pic de chaleur est déjà attendu sur la France cette semaine. Les températures devraient atteindre les 30 °C un peu partout dans le pays. Des prévisions qui font du bien au moral après un mois de juin parfois maussade. Mais qui, du point de vue de chercheurs de l’université de Colombie-Britannique (UBC, Canada) devrait plutôt nous inquiéter.
Leurs travaux concluent en effet que la chaleur tue plus que le pensaient jusqu'alors les spécialistes. Aux États-Unis, par exemple, les Centres pour le contrôle et la préventionprévention des maladies estiment que 600 décès peuvent lui être attribués chaque année. Mais les chercheurs de l'UBC arrivent, entre 1997 et 2006, à une moyenne de 5.600 décès - en ne tenant compte que les 3/5 de la population. Un chiffre basé uniquement sur une association nombre de décès, quelle qu'en soit la cause, et chaleur.
Combattre la chaleur en même temps que le coronavirus
Pas besoin pour cela, d'atteindre nécessairement des températures records. Mais le risque dépend fortement de l'endroit où l'on vit. Des températures de quelque 30 °C font moins de morts dans les villes où elles sont fréquentes que dans celles où elles restent encore plus exceptionnelles. Du fait notamment de la concentration en équipements d'adaptation comme les systèmes de climatisation, par exemple.
Et la crise du coronavirus pourrait bien venir un peu plus aggraver une situation déjà rendue difficile par le réchauffement climatique. « Fournir des espaces climatisés accessibles au public les jours chauds comporte désormais des risques supplémentaires et nécessite de nouveaux protocolesprotocoles pour protéger les personnes de la chaleur et des infections », explique Gregory Wellenius, professeur en santé environnementale, dans un communiqué de l’université de Boston (États-Unis).