Sept mois viennent de s'écouler depuis le début de l'année et il est désormais quasiment certain que 2024 sera la nouvelle année la plus chaude enregistrée, devant 2023 ! C'est ce qu'affirme l'organisation scientifique Berkeley Earth dans son dernier rapport.


au sommaire


    Sur les 12 derniers mois, le niveau de réchauffement atteint +1,68 °C par rapport à la période préindustrielle (1850-1900). Rappelons que la limite à ne pas franchir, définie par les accords de Paris, est de +1,5 °C, mais il faut que ce seuil soit franchi pendant environ trois ans pour considérer qu'il soit franchi. Chaque mois qui passe semble atteindre un niveau record : juin 2024 a été le plus chaud enregistré depuis le début des relevés météométéo, c'est-à-dire 1850. Il s'agit du 13e mois consécutif à battre un nouveau record et le 12e mois d'affilé à dépasser les +1,5 °C de réchauffement.

    Alors que la France semble bien isolée cette année avec ses températures à peine de saison au cours du mois de juin, le reste du monde a subi une chaleurchaleur quasiment généralisée : l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du sud ont connu des températures extrêmes. 63 pays ont connu leur mois de juin le plus chaud (comme l'Algérie, le Brésil, la Roumanie, l'Arabie Saoudite, les Seychelles ou encore la Turquie) avec une exception de taille pour l'Antarctique qui a été confrontée à des températures bien plus basses que la normale.

    L'effet refroidissant de La Niña devrait être très limité en fin d'année

    Comme l'explique Berkeley Earth, c'est la combinaison de deux facteurs réchauffants qui a mené à une situation aussi exceptionnelle au cours des 12 derniers mois : le réchauffement provoqué par les activités humaines et le phénomène naturel El NiñoEl Niño. La suite de l'année va dépendre de l'intensité du phénomène qui fait suite à El Niño, son homologue froid La Niña. Celui-ci s'annonce pour le moment faible à modéré et aura du mal à freiner la hausse continue des températures. Berkeley Earth estime donc qu'il a 92 % de chances pour que 2024 devienne la nouvelle année la plus chaude.


    Climat : le seuil des +1,5°C de réchauffement a déjà été dépassé, affirme Berkeley !

    Article de Karine DurandKarine Durand, écrit le 15 janvier 2024

    L'organisme Berkeley Earth affirme que le seuil de 1,5 °C de réchauffement a été dépassé en 2023 avec exactement +1,54 °C par rapport aux niveaux préindustriels : ce sera donc la première fois que le seuil de l'Accord de Paris a été franchi.

    Le seuil que les nations signataires de l'Accord de Paris ne voulaient pas franchir a-t-il déjà été dépassé ? Oui, selon Berkeley Earth, l'une des plus éminentes organisations scientifiques. Le niveau de réchauffement a atteint +1,54 °C comparé aux niveaux préindustriels (avec une marge d'erreur de 0,06 °C), selon Berkeley Earth. Quelques jours avant, Copernicus ECMWF, l'organisme européen de surveillance du climat, annonçait +1,48 °C et la NOAANOAA +1,35 °C.

    Tous s'accordent sur le fait que 2023 est l'année la plus chaude enregistrée depuis le début des relevés il y a 174 ans, et probablement depuis plus de 100 000 ans selon les données climatiques. Les calculs des différents organismes donnent un niveau de réchauffement légèrement différent, et Berkeley Earth a toujours tendance à être un peu supérieur aux autres en raison de son choix des données océaniques. Mais quoi qu'il en soit, si le seuil des +1,5 °C de réchauffement n'est pas déjà franchi, il le sera dans les prochains mois de l'avis de tous.

    Vers un réchauffement de +2,7 °C d'ici la fin du siècle

    Selon Berkeley Earth, ce seuil tant redouté sera de toute manière très largement dépassé dans les prochaines années, quelles que soient les décisions prises par les grands gouvernements : si toutes les émissionsémissions de gaz à effet de serre issues de l'activité humaine cessent aujourd'hui, le réchauffement atteindra quand même +1,8 °C d'ici 2100. Mais la trajectoire actuelle de nos émissions nous emmène vers un réchauffement à 2,7 °C d'ici la fin du siècle, comme le montre ce graphique.

    Cependant, l'évolution du réchauffement planétaire ne cesse de réserver des surprises : l'année 2023 a été bien plus chaude que prévu par tous les organismes climatiques.


    2023, année de la surchauffe qui a changé l’histoire du climat, assure Berkeley Earth

    Article de Karine Durand, publié le 26 décembre 2023

    Il y a 99 % de risques que 2023 dépasse les +1,5 °C de réchauffement selon l'organisation Berkeley Earth. L'année qui s'achève franchirait dans ce cas une nouvelle étape climatique et l'objectif de l'Accord de Paris serait donc rendu obsolète 20 à 50 ans plus tôt que prévu.

    En octobre dernier, l'éminente organisation de recherche sur le climat Berkeley Earth estimait possible le franchissement du seuil des +1,5 °C de réchauffement planétaire comparé à l'ère préindustrielle. Mais dans son dernier rapport datant du 19 décembre, les prévisions ont encore été revues à la hausse : selon Berkeley Earth, il y a désormais 99 % de risques pour le seuil des +1,5 °C  ne soit pas seulement atteint, mais carrément dépassé en 2023 !

    Rappelons qu'il s'agit du niveau de réchauffement maximal à ne pas franchir selon l'Accord de Paris, sous peine de voir se déclencher une cascade d'événements catastrophiques : or, jusqu'au début de l'année 2023, les scientifiques pensaient que les +1,5 °C ne seraient atteints qu'entre 2040 et 2060. En 2022, la probabilité de franchissement de ce seuil en 2023 n'était estimée qu'à 1 %.

    L'écart à la norme 1951-1980 des températures en 2023 de janvier à novembre. © <em>Berkeley Earth</em>
    L'écart à la norme 1951-1980 des températures en 2023 de janvier à novembre. © Berkeley Earth

    2023 changera l'histoire du climat, à moins d'un événement extraordinaire   

    Cependant, le seuil des +1,5 °C de réchauffement global a été franchi en mars dernier, puis en juillet, en août, en septembre, en octobre et en novembre. Il est déjà certain que l'année 2023 sera la plus chaude enregistrée depuis le début des relevés, « sauf si un événement extraordinaire, capable de refroidir fortement le climat, intervient, comme l'impact d'un astéroïdeastéroïde ou l'éruption d'un supervolcan », précise Berkeley.

    L'évolution des facteurs ayant mené à la surchauffe de 2023 : le réchauffement climatique, le cycle El Niño et La Niña, le cycle solaire, l'éruption du volcan Tonga et la réduction de la pollution issue des grands navires. © <em>Berkeley Earth</em>
    L'évolution des facteurs ayant mené à la surchauffe de 2023 : le réchauffement climatique, le cycle El Niño et La Niña, le cycle solaire, l'éruption du volcan Tonga et la réduction de la pollution issue des grands navires. © Berkeley Earth

    Derrière cette surchauffe bien plus intense que prévu en 2023, plusieurs facteurs qui s'additionnent les uns aux autres : le réchauffement climatique lié aux activités humaines, l'arrivée du phénomène naturel et réchauffant El Niño, mais aussi des causes à l'impact moins fort, mais tout de même perceptible : la phase actuelle du cycle solaire, l'éruption  du volcan Hunga Tonga qui a émis des quantités phénoménales de vapeur d'eau dans l'atmosphèreatmosphère, et la réduction de la pollution issue des navires qui a donné lieu à un ciel plus dégagé.


    Nous sommes déjà en train de franchir la barre des +1,5 °C de réchauffement, avertit Berkeley Earth

    Article de Karine Durand, écrit le 15 octobre 2023

    L'université de Berkeley est « presque certaine » que 2023 sera l'année la plus chaude enregistrée dans le monde. Mais ses prévisions vont encore plus loin : selon son dernier rapport, le seuil des +1,5 °C de réchauffement par rapport à 1950-1900 sera très probablement franchi cette année.

    Les modèles de prévision climatique ont sous-estimé le réchauffement à court terme, explique Berkeley Earth dans son dernier rapport publié le 11 octobre. Les émissions d'aérosolsaérosols, l'éruption du volcan Hunga Tonga en 2022, et d'autres facteurs n'ont pas assez été pris en compte dans les calculs, précise l'organisation. D'où le choc général auquel ont été confrontés les scientifiques en découvrant les chiffres ahurissants de ce mois de septembre 2023 : un tel record mondial de chaleur n'avait qu'une chance sur 10 000 de se produire selon les modèles climatiquesmodèles climatiques. La chaleur excessive des régions polaires, en particulier de l'Antarctique, a largement contribué au + 1,82 °C de réchauffement au cours du mois de septembre.

    +1,5 °C de réchauffement en 2023, « au moins », selon Berkeley

    Le phénomène réchauffant El Niño n'aurait, pour le moment, pas eu un grand impact sur l'élévation des températures. Mais il va atteindre son pic entre novembre et février, et influencera cette fois-ci beaucoup plus les températures mondiales. Après une période de janvier à septembre déjà anormalement chaude, et une fin d'année qui devrait présenter une anomalieanomalie thermique encore plus grande, « il est presque certain que 2023 devienne l'année la plus chaude jamais mesurée », précise Berkeley, avec une probabilité de 99 %.

    Mais alors que l'OMM, l'Organisation météorologique mondiale, estimait possible le franchissement du seuil de réchauffement de +1,5 °C d'ici 3 à 5 ans, Berkeley annonce que celui-ci sera atteint en 2023 ! Il est probable à 90 % que les +1,5 °C de réchauffement comparé aux niveaux préindustriels soient donc atteints cette année. « Au moins », précise Berkeley, car selon certains calculs, les +1,5 °C seraient même légèrement dépassés. Si tel est le cas, c'est un nouveau chapitre climatique qui va s'ouvrir à la fin de l'année, bien avant la date envisagée par toutes les dernières prévisions climatiques.