Certains événements météorologiques extrêmes sont spectaculaires. Les pluies torrentielles, les inondations ou encore les tempêtes. Mais d’autres sont plus discrets. C’est le cas des épisodes de sécheresse. Ils font peu parler d’eux. Pourtant, alerte un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU), les sécheresses causent des dommages colossaux dans le monde.
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Du Sommet de la Terre qui s'est tenu à Rio en 1992 ont émergé trois conventions des Nations unies. L'une consacrée au changement climatiquechangement climatique, l'autre à la biodiversité. Et la troisième, à la lutte contre la désertification (UNCCD). Un sujet qui attire moins l'attention des médias et du public. C'est pourtant bien cette dernière qui publie aujourd'hui, au moment même où s'ouvre à Dubaï, la 28e Conférence des parties signataires de la Convention-Cadre de l'Organisation des Nations unies sur les changements climatiques (COP28), un rapport destiné à attirer notre attention sur « le drame silencieux » qui se joue tout autour de nous.
Silencieux parce que les sécheresses passent souvent inaperçues. Et provoquent peu de réponses immédiates, qu'elles soient publiques ou politiques. Pourtant, dans notre monde qui se réchauffe, la fréquence et la gravité des sécheresses ne font qu'augmenter. Jusqu'à mener les experts à la conclusion qu'aucun événement météorologique extrême ne fait désormais plus de victimes, n'entraîne plus de pertes économiques et n'affecte plus de secteurs de la société.
Des sécheresses aux lourdes conséquences partout dans le monde
Le rapport Global Drought Snapshot en dit long sur l'urgence de la crise. Il souligne qu'alors que 15 à 20 % de la population chinoise a déjà été confrontée à des sécheresses modérées à graves plus fréquentes au cours de ce siècle, les chercheurs s'attendent à une augmentation de 80 % de l'intensité des événements sur la région d'ici 2100. Plus proche de nous, le rapport rappelle que 630 000 km2 ont été touchés par la sécheresse de 2022 en Europe. C'est autant que la surface de l'Italie et de la Pologne réunies. Et si le réchauffement devait atteindre les 3 °C actuellement projetés, l'UNCCD assure que ce ne sont pas moins de 170 millions de personnes dans le monde qui devront faire face à une sécheresse extrême.
Les conséquences, quant à elles, n'attendent pas. Elles se font d'ores et déjà ressentir : 70 % des cultures céréalières ont été endommagées par la sécheresse en Méditerranée entre 2016 et 2018 ; 33 % des pâturages ont été perdus en Afrique du Sud en 2022. Et 44 % de baisse sont attendus pour la production de sojasoja en Argentine en cette année 2023. La capacité de chargement des bateaux naviguant sur le Rhin a diminué de 75 % à cause des faibles niveaux d'eau dans le fleuve en 2022. Des perturbations de la chaîne d'approvisionnement par le fleuve Mississippi (États-Unis) et d'autres dommages économiques ont été enregistrés pour une valeur de 20 milliards de dollars fin 2022.
Trouver des solutions contre la sécheresse
Le rapport avance aussi quelques pistes de solutions. Le remplacement des systèmes d'arrosage conventionnels par de la micro-irrigation -- de l'irrigation au goutte à goutte -- qui fournit l'eau directement aux racines des plantes pourrait permettre d'économiser 20 à 50 % des ressources en eau. Choisir des alternatives durables à seulement la moitié du porc, du poulet, du bœuf et du lait consommés dans le monde aiderait à conserver presque 100 % des terres naturelles et des forêts que le monde convertit sans ça à l'agricultureagriculture. Des sols en meilleure santé, quant à eux, pourraient aussi participer à l'effort de lutte contre le réchauffement climatique en absorbant jusqu'à 25 % de nos émissionsémissions de CO2 en plus.
Et dans le domaine aussi, l'heure est venue de s'adapter. Les experts rappellent ainsi que les outils de surveillance météorologique, de collecte de données et d'évaluation des risques peuvent aider à répondre rapidement aux urgences liées à la sécheresse et à minimiser les impacts. Pour renforcer la résiliencerésilience mondiale à la sécheresse, aussi, nous n'avons plus d'autre choix désormais que celui de la coopération internationale. « Moins le monde humain développé occupe d'espace, plus les cycles hydrologiques naturels resteront intacts. Restaurer, reconstruire et revitaliser tous ces paysages que nous avons dégradés et détruits est l'impératif de notre époque », concluent les experts de l'UNCCD.