Les émissions de CO2 continuent d'augmenter d’année en année. En 2023, elles ont atteint 37,4 milliards de tonnes, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Mais alors que le réchauffement climatique s’accélère en grande partie à cause de ce puissant gaz à effet de serre, un nouveau discours plus optimiste se fait désormais entendre : nous pourrions absorber ce trop-plein de CO2 et ainsi freiner la hausse mondiale des températures. Est-ce vraiment envisageable ?


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    Pour limiter le changement climatique sous les +1,5 °C de réchauffement comparé à la période préindustrielle, nous devrions stocker au moins 20 milliards de tonnes de carbonecarbone par an, affirme le Giec. De nos jours, nous pouvons effectivement capturer le carbone dans l'atmosphère, mais le problème est ensuite de le stocker quelque part, où il ne risque plus de s'échapper, ni de causer des dégâts.

    Il existe plusieurs moyens d'absorber le carbone présent en excès dans l'atmosphère, mais aucun n'est infaillible :

    • Les végétaux : les plantes et arbres absorbent le carbone et le séquestrent dans le sol grâce à leurs racines. En augmentant la surface végétale de la terre ou en la restaurant (prairies, forêts, savanes, et certains types de cultures), nous pouvons retirer davantage de carbone dans l'atmosphère pour l'enfouir dans le sol. Mais il existe un bémol, en retournant la terre (pour certaines pratiques agricoles, la déforestation, les constructionsconstructions...)), tout ce carbone stocké peut alors s'échapper. Autre impact négatif à prendre en compte : celui sur la composition chimique de la Terre avec de telles concentrations non-naturelles de carbone.
    • Les océans : le carbone peut être capté dans l'atmosphère et rejeté dans les océans, un puits de carbone naturel, à environ 1 000 mètres sous la surface. Cependant, injecter d'immenses quantités de carbone dans les fonds marins (soit dans l'eau, soit dans les sols) aura forcément des conséquences sur les organismes marins qui ne sont pas faits pour supporter une telle composition chimique dans leur lieu de vie. Certains scientifiques se sont également penchés sur la possibilité de cultiver davantage de planctonplancton, pour absorber plus de carbone dans les océans, mais les études ont montré que cela perturberait les écosystèmesécosystèmes marins. De plus, selon le MIT (Massachusetts Institue of Technology), il faut des centaines d'années à l'océan pour absorber pleinement le carbone, puis des milliers d'années pour que la composition chimique de l'océan se rétablisse.
    • Une transformation des industries : l'idée est ici de capturer le carbone directement là où il est produit en grande quantité, les industries. En transformant ces usines et centrales de manière à ce que le CO2 émis soit directement absorbé et stocker dans le sol, la quantité de carbone qui s'échapperait dans l'atmosphère serait largement réduite. Certains pensent à forer le sol et à y injecter le carbone, sous des roches en profondeur. Ce procédé demanderait par contre une énorme quantité d'énergieénergie, qui ne serait donc pas écologique. Cependant, la vapeur d’eau, liée à la condensationcondensation qui se produit avec le dégagement de chaleurchaleur, ne peut pas être stockée. Et cette vapeur d'eau est aussi un puissant gaz à effet de serregaz à effet de serre.
    Capturer et séquestrer le carbone dans les sols ou les océans comportent des risques pour la nature. © Livinskiy, Adobe Stock
    Capturer et séquestrer le carbone dans les sols ou les océans comportent des risques pour la nature. © Livinskiy, Adobe Stock

    Stocker le carbone et plus compliqué que de réduire nos émissions

    Certes, des méthodes de capture et de stockage existent, mais comme le précise l’organisme scientifique Ucar, elles sont toutes « lentes et très couteuses, et certaines posent de nouveaux problèmes à l'environnement ». Pour le WWF, utiliser ces stratégies revient à croire en l'illusion d'« émettre maintenant, capturer plus tard », sans se soucier de réduire nos émissionsémissions de gaz à effet de serre, puisque nous pensons avoir trouvé des moyens de se débarrasser de cette pollution plus tard sans abandonner notre confort de vie. « La capture du carbone peut clairement être notre Salut », mais « nous avons besoin de trouver l'équipement, le financement et la logistique pour capturer environ 20 milliards de tonnes de carbone par an, à l'infini », estime Peter Wadhams, scientifique à WWFWWF. Or, c'est loin d'être le cas actuellement.  

    Le WWF estime en effet que « se baser uniquement sur la capture du CO2 pour limiter le réchauffement climatiqueréchauffement climatique est un risque trop grand à prendre car nous ne connaissons pas encore son impact, son coût, son efficacité et tous les risques que cela comporte ». Le MIT annonce de son côté que « c'est beaucoup plus difficile et coûteux de capturer et stocker le carbone que de réduire ses émissions ». Pour autant, ces procédés ne doivent pas être balayés d'un revers de main : actuellement, tous les organismes scientifiques de référence s'accordent sur le fait que notre meilleure carte à jouer est un compromis entre la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l'utilisation de procédés les plus naturels qui permettent de stocker le carbone.