Depuis quatre ans, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publie chaque année son état des lieux du climat en Afrique. Le réchauffement climatique n’est pas un fait nouveau, mais, en 2024, le ton est plus grave que jamais dans ce rapport très alarmant : le continent africain est en train de sombrer, au niveau climatique comme au niveau économique, et les répercussions de la catastrophe en cours vont largement dépasser ses frontières.
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L'année 2023 a été marquée par des températures encore bien au-dessus de la normale en Afrique : + 0,61 °C que la moyenne des 30 dernières années et +1,28 °C que la moyenne de 1961-1990. Au Mali, au Maroc, en Ouganda et en Tanzanie, l'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée. Le continent africain se réchauffe de +0,3 °C chaque décennie, soit plus rapidement que la moyenne mondiale. Les vagues de chaleurschaleurs qualifiées « d'extrêmes » par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sont en augmentation chaque été, en particulier en Afrique du Nord, comme en Tunisie et au Maroc. Ces deux pays ont d'ailleurs battu un nouveau record en ce qui concerne leur température maximale : 49 °C à Tunis en Tunisie et 50,4 °C à Agadir au Maroc.
Le niveau de la mer augmente aussi plus vite en Afrique en comparaison avec la moyenne mondiale : +3,4 millimètres par an et jusqu'à 4,1 millimètres par an le long de la mer Rouge.
Des milliers de morts, des millions de migrants et des milliards de dollars nécessaires
Les conséquences de tous ces bouleversements climatiques sont humaines, mais aussi économiques. En 2023, les précipitations ont connu des extrêmes : des inondations ont fait au moins 700 morts en Libye (en lien avec le cyclone Daniel) et la sécheressesécheresse a fait des ravages sur les cultures d'Afrique du Nord, entre autres. En Tunisie, la production de céréales a chuté de 80 % en raison de la sécheresse persistante. Au Niger, au Bénin et au Ghana, l'agricultureagriculture s'est en partie écroulée à cause du manque d’eau.
Les catastrophes météo provoquent aussi d'immenses déplacements de populations, exacerbant les conflits dans des zones déjà instables : les inondations historiques qui ont touché l'Éthiopie, la Somalie et le Kenya ont fait au moins 350 morts (chiffre probablement largement sous-estimé en raison du manque d'informations sur place) et provoqué la migration de 2,4 millions de personnes en l'espace de 3 mois seulement (avril, mai, juin 2023).
L'OMM estime que les pays africains perdent en moyenne 2 à 5 % de leur PIB (produit intérieur brutproduit intérieur brut) à cause des catastrophes climatiques, et certains utilisent 9 % de leur budget pour celles-ci. L'Afrique n'a pas d'autre choix que de s'adapter à ces extrêmes météorologiques, mais cela aura un coût immense : 30 à 50 milliards de dollars par an sont nécessaires, soit 2 à 3 % du PIB. Si des mesures très fortes ne sont pas mises en place dès maintenant, la situation deviendra invivable dès 2030 pour 118 millions de personnes en raison des chaleurs extrêmes, de la sécheresse et des inondations.
Quelles sont les solutions ? Selon l’OMM, la priorité est le développement des services météométéo et hydrologiques (inexistants dans certains pays) et des alertes précoces pour mieux anticiper les catastrophes, tout en continuant à mettre en place des pratiques de développement plus durables.