Le changement climatique anthropique bouleverse l’équilibre de notre Planète. Aujourd’hui, et plus tôt que les chercheurs l’avaient craint, il met en danger les populations humaines. Des politiques d’atténuation doivent être mises en œuvre d'urgence. Elles doivent aussi s’accompagner de mesures d’adaptation, nous dit-on. Mais de quoi s’agit-il au juste ?


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    Adaptation. Le mot semble être sur toutes les lèvres depuis quelque temps. Un peu plus encore depuis que Christophe Béchu, le ministre français de la Transition écologique a présenté l'idée d'une consultation gouvernementale visant à préparer la France à un réchauffement de 4 °C d'ici la fin de ce siècle.

    Pour le Larousse, la définition est simple. L'adaptation, c'est l'« action de modifier quelque chose ou son comportement pour le mettre en accord avec une situation nouvelle ». Et de prime abord, on imagine assez bien ce que cela peut signifier en parlant de changement climatique. La chercheuse Virginie Duvat-Magnan, qui a participé à la rédaction du volet « Impacts, vulnérabilité et adaptation » du dernier rapport du Giec (le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), définit l'adaptation comme « l'ensemble des politiques et des mesures qui permettent de réduire les impacts du changement climatiquechangement climatique ».

    Le saviez-vous ?

    Adaptation et atténuation sont deux concepts bien différents. Le mot atténuation est employé pour désigner les mesures destinées à limiter les concentrations de gaz à effet de serre dans notre atmosphère. Fermer les centrales de production d’électricité à charbon est une mesure d’atténuation parmi beaucoup d’autres. Et si notre monde ne peut désormais plus se passer de prendre des mesures d’adaptation, il ne doit pas moins en oublier que seules les mesures d’atténuation permettront de réellement contenir le réchauffement climatique.

    Aménager des espaces verts dans les villes ou installer des systèmes de climatisation pour faire baisser la température dans certains endroits critiques. Revoir les normes de constructionconstruction pour aider nos bâtiments à faire face aux événements météorologiques extrêmes et pour les rendre moins énergivores. Ou encore, construire des digues pour parer à l'élévation du niveau de la mer. Toutes ces mesures peuvent être classées dans la catégorie des mesures d'adaptation au changement climatique.

    Mais là où les choses se compliquent, c'est que derrière une définition qui paraît finalement assez simple, se cachent des réalités autrement plus complexes. D'abord parce que, selon les régions du monde, les effets du changement climatique sont déjà plus ou moins marqués. Ils seront, encore à l'avenir, plus ou moins importants. Dans les régions les plus touchées et/ou les plus sensibles, construire des digues pourrait ne pas suffire. S'adapter au changement climatique pourrait dans ces régions-là demander à songer, dès à présent, à déplacer les infrastructures, les activités et même les populations vers l'intérieur des terres. Une perspective difficile à admettre encore, aussi bien sur le plan social que politique. D'autant qu'elle demande de lourds investissements.

    Des progrès loin d’être suffisants

    L'autre difficulté, c'est de ne pas se tromper de mesures. Car de l'adaptation à la mal-adaptation, il n'y a qu'un pas, préviennent les scientifiques. Installer des systèmes de climatisation dans les maisons de retraite peut ressembler à une bonne mesure. Mais généraliser la climatisation ne le sera pas. Car elle restera le bénéfice des plus riches. De ceux qui pourront se payer le matériel, l'installation et l'énergieénergie nécessaire à la faire fonctionner. Les autres ne verront que l'airair de leur ville se réchauffer encore un peu d'avantages. Autre exemple, celui du barrage construit pour éviter les inondations sur un secteur en particulier, mais dont l'installation a des conséquences négatives tout au long de la rivière. De manière générale, la mal-adaptation, c'est ce qui se produit lorsqu'en voulant résoudre un problème, on en crée un autre.

    Kiribati est un petit État insulaire en développement particulièrement vulnérable aux changements climatiques. Il fait partie des premiers pays à avoir pris conscience de la nécessité d’adopter des mesures d’adaptation. Pour améliorer la gestion de la pêche, par exemple, de façon à préserver les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. © Lightning Strike Pro, Adobe Stock
    Kiribati est un petit État insulaire en développement particulièrement vulnérable aux changements climatiques. Il fait partie des premiers pays à avoir pris conscience de la nécessité d’adopter des mesures d’adaptation. Pour améliorer la gestion de la pêche, par exemple, de façon à préserver les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. © Lightning Strike Pro, Adobe Stock

    Le dernier rapport du Giec souligne les progrès accomplis en matièrematière d'adaptation. Parmi lesquels, le développement de l'agro-écologie ou les mesures de préservation de la biodiversité. Mais il met aussi en garde, donc, contre les mesures qui partent d'un bon sentiment sans être pensées et évaluées jusqu'au bout.

    « Too little, too slow ». Le titre du rapport 2022 sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière d'adaptation au changement climatique publié par le programme pour l'environnement des Nations unies (Unep) parle de lui-même. Il montre, lui aussi, que les choses avancent. De plus en plus de stratégies et de politiques d'adaptation sont adoptées dans les différents pays. Priorisant même de mieux en mieux les populations les plus fragiles. Cependant, les financements de ces plans peinent toujours à arriver. Les flux financiers internationaux destinés à l'adaptation des pays en développement, par exemple, étaient, en 2022, 5 à 10 fois inférieurs aux besoins estimés. Pire, l'écart se creuse. Désormais, les besoins annuels d'adaptation sont estimés à entre 160 et 340 milliards de dollars d'ici à 2030 et à entre 315 et 565 milliards de dollars d'ici à 2050.

    Aujourd’hui, environ 20 % du financement de la lutte contre les changements climatiques assuré par les pays riches pour aider les pays en développement sont consacrés à l’adaptation et à la résilience, soit un peu moins de 17 milliards de dollars par an. © Pcess609, Adobe Stock
    Aujourd’hui, environ 20 % du financement de la lutte contre les changements climatiques assuré par les pays riches pour aider les pays en développement sont consacrés à l’adaptation et à la résilience, soit un peu moins de 17 milliards de dollars par an. © Pcess609, Adobe Stock

    Le rapport suggère ainsi de se concentrer sur des actions qui permettent à la fois de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d'aider les populations à s'adapter. Parmi les exemples cités, la protection des mangroves qui aident à séquestrer le carbonecarbone tout en réduisant les risques sur les côtes ou le développement de centrales hydroélectriques qui, tout en produisant de l'électricité verteélectricité verte, limitent les risques d'inondation ou de sécheresse. Parce qu'il ne faut pas perdre de vue que l'adaptation aussi a ses limites. Elle ne peut pas se suffire à elle-même. Elle doit impérativement venir en complément seulement de mesures fortes d'atténuation du changement climatique. Car au-delà d'un certain seuil de réchauffement, les risques climatiques vont s'accélérer et toute tentative d'adaptation deviendra vaine...

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