Alors que la plupart des espèces sont en premier lieu victimes de la destruction de leur habitat ou d'espèces invasives, les gros animaux emblématiques sont massivement chassés pour leur chair, parfois dotée de vertus médicinales. Un phénomène qui remonte à la Préhistoire et qui repose sur des traditions ancestrales difficiles à éradiquer.
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Destruction et fragmentation de l'habitat, espèces invasivesespèces invasives, pollution, agents pathogènespathogènes, réchauffement climatique... Les causes de l’extinction massive de la biodiversité que nous connaissons sont multiples. Concernant la mégafaune désignant les vertébrés de très grande taille, la principale cause a été identifiée : l'appétit des humains pour leur chair ou leurs organes. C'est la conclusion d'une étude parue le 6 février dans la revue Conservation Letters, qui a analysé les plus gros représentants de six classes d'animaux (plus de 100 kgkg pour les mammifères, poissonspoissons cartilagineux et poissons à squelette, et plus de 40 kg pour les amphibiensamphibiens, oiseaux et reptilesreptiles).
Soupe d’ailerons de requin et peau de tigre aphrodisiaque
D'après les calculs des chercheurs, 70 % des 362 espèces analysées sont en déclin et 59 % sont classées comme étant menacées sur la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICNUICN). Les gros animaux ont ainsi 2,75 fois plus de possibilités d'être en danger d'extinction que la moyenne des espèces. Pour eux, la première cause de ce désastre est, de loin, la chasse pour la consommation de viande ou pour des fins médicinales.
Dans le bassin du Congo, la viande de brousse représente encore 80 % de l'apport en protéinesprotéines des populations. D'autres animaux rares font l'objet de traditions culinaires millénaires, comme le pangolinpangolin, apprécié en fricassée et en ragoût, ou les requins, pêchés pour leurs ailerons qui finissent dans les soupes très prisées des Chinois. D'autres espèces sont chassées pour leur corne, leur peau ou leurs œufs, réputés aphrodisiaquesaphrodisiaques, fortifiants ou pour d'hypothétiques vertus thérapeutiques.
L’Homme, méga prédateur depuis la Préhistoire
Cet phénomène est d'autant plus difficile à enrayer qu'il résulte de traditions très anciennes : l'Homme chasse depuis la Préhistoire et les animaux les plus emblématiques sont les premières victimes de son appétit. Selon une étude publiée dans Science en 2018, l'HomoHomo aurait conduit à l'extinction des mammifères de grande taille il y a déjà 125.000 ans. « Neuf espèces de méga-animaux ont déjà disparu entre 1760 et 2012, à chaque fois en raison d'une chasse intensive », rappelle William RippleRipple, professeur d'écologieécologie à l'Oregon State University College of Forestry et principal auteur de l'étude. L'impact de l'Homme est d'autant plus fort que ces animaux ont généralement un cycle de reproduction moins rapide avec peu de bébés par portée. Les auteurs préconisent des mesures de conservation plus déterminées et une sensibilisation des populations, qui pourraient trouver un nouvel intérêt à préserver ces espèces pour le développement de l'écotourismeécotourisme, par exemple.