L'évolution du trou dans la couche d'ozone a beaucoup interrogé les scientifiques en 2023 : celui-ci a atteint une extension quasiment record au cours de l'automne et semblait ne plus vouloir se refermer, comme il le fait chaque année temporairement. Un comportement inhabituel, et incompréhensible, admet l'organisme de surveillance du climat Copernicus dans son dernier communiqué.
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Après de multiples rebondissements, le trou dans la couche d'ozone s'est finalement refermé le 20 décembre, de manière très tardive. Son cycle annuel est donc complet, mais son comportement a suscité de grosses inquiétudes chez les scientifiques. Après une ouverture début août, son extension en décembre a été la 3e plus grande enregistrée depuis les années 1980 : celle-ci a atteint l'équivalent de la superficie de l'Antarctique.
Cela fait déjà 4 ans d'affilée que le comportement du trou est inhabituel : rappelons que celui-ci s'agrandit toujours de manière saisonnière, entre les mois d'août et octobre chaque année. Son maximum est habituellement atteint mi-septembre, mais cette année, une extension encore assez importante a persisté jusqu'à début décembre, un phénomène lourd de conséquences pour l'Antarctique : plus l'extension du trou est grande, et plus elle persiste dans le temps, plus la fonte des glaces s'accélère car les rayons UVUV passent plus facilement.
Des hypothèses pour expliquer ce comportement inhabituel
Les scientifiques de Copernicus avouent que comprendre les raisons de ce comportement étrange, qui semble s'aggraver depuis 4 ans, prendra probablement plusieurs années. Ils hésitent, pour le moment, entre deux explications principales, sans en exclure d'autres : les conséquences du réchauffement climatique, ou celles des éruptions volcaniques. L'éruption du volcan Hunga Tonga dans le Pacifique en 2022 a pu jouer un rôle : l'atmosphère a probablement été perturbée par les immenses quantités de vapeur d'eau émises par le volcanvolcan.
Le trou dans la couche d’ozone n’a jamais été aussi grand aussi vite : qu'a-t-il bien pu se passer ?
Article de Karine DurandKarine Durand, écrit le 9 octobre 2023
Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique a atteint une taille record pour cette période de l'année, annonce l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA). Les raisons sont incertaines, mais il est probable que cela ait un lien avec l'éruption du volcan Hunga Tonga.
Les dernières mesures du satellite Sentinel-5P de Copernicus ont montré que le trou dans la couche d'ozone est actuellement l'un des plus grands jamais enregistrés, et qu'il présente une taille record pour cette période de l'année. Il s'étalait sur 26 millions de km2 le 16 septembre dernier, l'équivalent de trois fois la taille du Brésil. Rappelons que malgré sa « guérison » en cours depuis l'interdiction d'utiliser certaines substances chimiques, le trou fluctue au cours de l'année. Il est normal que celui-ci s'agrandisse de manière saisonnière, entre les mois d'août et octobre chaque année. Son maximum est habituellement atteint mi-septembre, d'où les mesures de Copernicus à cette période.
L'éruption du volcan Hunga Tonga a probablement joué un rôle
Or, en 2023, le trou dans la couche d'ozone s'est ouvert plus tôt, et s'est agrandi très rapidement en quelques semaines. Cette ouverture est en grande partie influencée par la présence de ventsvents d'altitude, et ces vents sont eux-mêmes influencés par d'autres paramètres, comme la rotation de la Terre et les températures. Copernicus annonce que comprendre les raisons exactes de cette évolution constatée en septembre prendra du temps, mais qu'il est fort probable que l'éruption du volcan Hunga Tonga ait joué un rôle. En janvier 2022, l'éruption du volcan a en effet injecté d'immenses quantités de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Cette vapeur d'eau a voyagé dans l'atmosphère et n'a commencé à atteindre l'Antarctique qu'à partir de la fin d'année 2022. Pour autant, il n'y a encore aucune certitude, car la quantité de vapeur d'eau qui résulte de l'éruption est inédite, et ses conséquences sur notre climat sont encore un sujet d'étude.
Les scientifiques espèrent que le trou va à nouveau entrer dans une phase de rétrécissement en début d'année prochaine, mais entre-temps, un trou de cette taille ne sera pas sans conséquences. La fontefonte des glaces en Antarctique devrait s'accélérer en raison du plus grand rayonnement UV sur le continent.
Le trou dans la couche d'ozone se comporte de manière étrange
Article de Karine Durand, écrit le 26 août 2023
Le trou dans la couche d'ozone est en voie de guérisonguérison, mais il se comporte de manière inhabituelle depuis 2020. Ses phases d'ouverture et de fermeture semblent chamboulées depuis quelques années, avec un nouveau retournement de situation en 2023 qui aura un impact sur les glaces et la température de l'océan.
Le trou s'ouvre et se ferme chaque année au-dessus de l'Antarctique sur un rythme saisonnier, mais ces ouverture et fermeture varient très légèrement au fil des ans. Il s'ouvre en général entre septembre et octobre, atteint son maximum d'étendue en octobre, et se ferme en novembre, voire décembre. Or, depuis deux ans, il s'ouvre et se ferme de manière beaucoup plus tardive. En 2022, il ne s'est refermé que mi-décembre après avoir atteint l'une de ses plus grandes superficies depuis 1979. Ce comportement étonnant n'a, à ce jour, aucune explication fiable selon Copernicus, l'organisme de surveillance du climat.
L'évolution du trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique en 2022. © Copernicus
Une ouverture très précoce cet été qui aura des conséquences
En revanche, en 2023, c'est le scénario inverse qui s'est produit : il s'est ouvert de manière très précoce, dès les premiers jours du mois d'août. Les grands organismes de surveillance sont tous d'accord sur la cause la plus probable de cette ouverture précoce : l'éruption du volcan Hunga Tonga en janvier 2022, qui a injecté un volumevolume immense de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Cette vapeur d'eau a formé des cristaux de glace à haute altitude, et ceux-ci ont détruit les moléculesmolécules d'ozone. Les conséquences seront certainement visibles sur la fonte des glaces en Antarctique car davantage de rayons UV atteignent le continent. Mais pas seulement, le phénomène contribuera probablement aussi à réchauffer encore plus l'Océan austral.