Le plastique, c’est pratique. Tellement que les déchets plastiques sont partout. Surtout dans celui que les scientifiques ont baptisé le vortex de déchets du Pacifique Nord. Ils révèlent aujourd’hui des informations inquiétantes à son sujet. Peut-être juste au bon moment.
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Depuis ce début de semaine, les représentants de 190 États sont réunis à Busan (Corée du Sud) pour négocier les contours d'un traité mondial juridiquement contraignant sur la pollution plastique. Le bon moment, sans doute, pour faire un point sur le sujet. Et justement, des chercheurs rattachés à l'organisation non gouvernementale (ONG) d'ingénierie environnementale basée aux Pays-Bas, The Ocean Cleanup, viennent de publier dans les Environmental Research Letters, des chiffres inquiétants concernant le vortexvortex de déchets plastiquesplastiques du Pacifique Nord. Des chiffres basés sur sept années de relevés, entre 2015 et 2022.
Des fragments de plastiques de plus en plus nombreux dans le Pacifique
Les chercheurs notent surtout une augmentation inattendue et exponentielle du nombre de fragments de plastique dont la taille est de l'ordre du centimètre. Des fragments qu'ils estiment ne pas résulter de la dégradation d'objets déjà présents dans le vortex. Mais plutôt de celle d'objets plastiques, vieux de plusieurs décennies parfois, et jetés partout dans le monde.
Les chercheurs rapportent ainsi que la quantité de ces fragments de plastiques est passée dans le Pacifique Nord de 2,9 à 14,2 kilos par kilomètre carré entre 2015 et 2022. Une augmentation qui viendrait à plus de 75 % de sources extérieures au vortex. Plus globalement, le nombre moyen de chaque classe de taille de plastiques flottants a considérablement augmenté :
- les microplastiques (de 0,5 à 5 mm) sont passés de 960 000 à 1 500 000 éléments par kilomètre carré ;
- les mésoplastiques (de 5 à 50 mm) sont passés de 34 000 à 235 000 ;
- les macroplastiques (de 50 à 500 mm) sont passés de 800 à 1 800 ;
- les mégaplastiques (plus de 500 mm) sont passés de 3 à 8.
Des mesures de prévention, mais aussi d’élimination des plastiques
Résultat, le volumevolume de ces déchets dans le vortex du Pacifique Nord dépasse désormais celui des êtres vivants évoluant dans la région. « L'augmentation exponentielle des fragments de plastique observée dans nos études de terrain est une conséquence directe de décennies de gestion inadéquate de nos déchets, conduisant à l'accumulation incessante de plastiques dans le milieu marin. Cette pollution inflige des dommages à la vie marine, avec des impacts que nous commençons seulement à saisir pleinement. Nos conclusions devraient servir d'appel urgent à l'action pour les législateurs engagés dans la négociation d'un traité mondial pour mettre fin à la pollution plastique. Aujourd'hui, plus que jamais, une intervention mondiale décisive et unifiée est essentielle », concluent les chercheurs.
Ce qu'ils demandent aux représentants des États du monde réunis à Busan jusqu'à la fin de cette semaine, ce sont à la fois des mesures de prévention de la pollution plastique et des mesures d'élimination des plastiques déjà présents dans l'environnement afin de limiter la génération de fragments de plus en plus petits dans l'océan pour les décennies à venir.