Un pour tous, tous contre le plastique ? Au sommet d’une société productiviste, il semblerait que seuls les consommateurs soient tenus responsables de la pollution engendrée par le plastique. Cependant, une solution durable nécessite une approche systémique, incluant des décisions politiques et entrepreneuriales, au-delà des simples comportements des consommateurs. 


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    Une habitude individuelle quotidienne peut-elle avoir un impact collectif significatif à long terme ? Convaincue de la réponse, la campagne « Plastic Free July » encourage chaque année les consommateurs à éviter le plastique à usage unique durant le mois de juillet. L'idée n'est pas mauvaise, mais les efforts individuels, surtout s'ils sont temporaires, suffisent-ils à eux seuls pour générer un changement significatif ? 

    Le dilemme de la moitié de pastèque

    Les recherches indiquent que les consommateurs sont en général prêts à agir favorablement pour l'environnement, mais qu'ils rencontrent souvent des obstacles pour y parvenir. Par exemple, il est fréquent que des produits frais emballés sous plastiqueplastique soient plus abordables, quand parfois il n'y a tout simplement pas d'alternative. Prenons l'exemple des gros fruits ou légumes comme les pastèques, les citrouilles, les choux : est-il préférable de les acheter en entier, quitte à ne pas tout consommer, ou de choisir une portion adéquate déjà découpée et emballée dans du plastique ?

    Il est effectivement injuste de contraindre les consommateurs à choisir entre le gaspillage alimentaire, lui-même un problème majeur, et la production de déchetsdéchets plastiques. Or, ce dilemme pourrait être résolu en réduisant la disponibilité du plastique, et donc en modifiant nos méthodes de production et de distribution.

    Qui sont les vrais moteurs du changement ?

    Le plastique est moins coûteux que d'autres solutions d'emballage. Par conséquent, de nombreuses entreprises ne parviennent pas à atteindre leurs propres objectifs de réduction des plastiques, et celles qui choisissent d'éviter son usage se retrouvent face à une concurrence déloyale. D'après une étude, 56 entreprises sont responsables de plus de 50 % de la pollution par le plastique de marque qui se retrouve dans l'environnement. Face à ce constat, l'une des solutions serait de remplacer les systèmes volontaires par des réglementations obligatoires.

    Et c'est là que le gouvernement intervient, défendant le principe selon lequel la responsabilité de la réduction des déchets de plastique doit incomber à ceux qui le fabriquent et tirent profit de sa vente, qu'il en soit le constituant principal, ou simplement l’emballage. Comment ? En obligeant les entreprises à assumer la responsabilité du plastique qu'elles produisent, en instaurant par exemple le retour du plastique au magasin par le biais de consignes par exemple. 

    Ceci étant, il est nécessaire d'inclure dans cette réflexion notre dépendance vis-à-vis du plastique, qui joue des rôles essentiels dans le quotidien de nombreux individus. Les décisions politiques doivent se montrer inclusives, en explorant des solutions respectueuses de toutes les réalités économiques et sociales. 

    Le gouvernement doit agir avec les industriels afin de diminuer la production et la distribution de plastique, en tant que tel ou comme emballage, tout en tenant compte de la dépendance des consommateurs vis-vis de ce matériau. © Martin BarraudKOTO, Adobe Stock
    Le gouvernement doit agir avec les industriels afin de diminuer la production et la distribution de plastique, en tant que tel ou comme emballage, tout en tenant compte de la dépendance des consommateurs vis-vis de ce matériau. © Martin BarraudKOTO, Adobe Stock

    Que se passe-t-il après le mois de juillet ? 

    Il est démontré que l'impact des changements individuels et temporaires est très différent des changements structurels et permanents. En d'autres termes, même si nous essayons de changer nos comportements durant le mois de juillet, les supermarchés continueront à emballer les articles dans du plastique et à vendre du plastique à usage unique. Cependant, il ne faut pas oublier le fameux concept de l'économie keynésienne : « c'est la demande qui crée l'offre ». Certaines de ces solutions politiques nécessitent une modification des attentes des consommateurs en amont, assez durable pour qu'elle ait des répercussions sur la chaîne de production. 

    Gandhi résume assez bien la situation : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». À méditer, et pas qu'en juillet !

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