Quand nous pensons plastique, nous pensons à améliorer son recyclage. Mais le monde n’en est pas encore là. Des chercheurs montrent aujourd’hui que beaucoup trop de déchets plastiques sont jetés dans l’environnement ou brûlés à l’air libre.


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    Chaque année, notre monde produit plus de 400 millions de tonnes de plastiques. Pour éviter de les retrouver, tôt ou tard, dans la nature où ils resteront des décennies, voire des siècles, et où ils causeront d'importants dommages, nos pays occidentaux misent sur un recyclage toujours plus poussé. Mais une étude publiée par des chercheurs de l'université de Leeds (Royaume-Uni) nous apprend aujourd'hui que des efforts au moins aussi importants sont à faire sur deux autres points. Beaucoup de déchets plastiquesplastiques ne sont en effet toujours pas collectés. Beaucoup, également, sont brûlés à l'airair libre. Et ce sont là les principales causes de la pollution plastique dans le monde.

    Dans la revue Nature, les chercheurs expliquent comment ils ont utilisé l'intelligence artificielleintelligence artificielle pour modéliser la gestion des déchets dans plus de 50 000 villes. Et calculer d'abord que 52 millions de tonnes de déchets plastiques pénètrent notre environnement chaque année -- ils ont plus exactement fait le calcul pour 2020. Cinquante-deux millions de tonnes, c'est autant que presque 9 millions d'éléphants d'Afrique. Et assez pour faire plus de 1 500 fois le tour de notre Terre.

    Cinquante-deux millions de tonnes de déchets plastiques, c’est difficile à imaginer. Alors pour aider à s'en faire une idée, les chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni) nous proposent une comparaison qui donne à réfléchir. © Université de Leeds
    Cinquante-deux millions de tonnes de déchets plastiques, c’est difficile à imaginer. Alors pour aider à s'en faire une idée, les chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni) nous proposent une comparaison qui donne à réfléchir. © Université de Leeds

    La pollution plastique, un fléau pour la santé

    Entrant dans les détails, les modèles des chercheurs révèlent que plus du tiers de la pollution plastique à l'échelle de la Planète provient de déchets non collectés. Par ailleurs, en 2020, environ 30 millions de tonnes de plastiques ont été brûlées sans aucun contrôle. Et ce, malgré les risques que cela comporte pour la santé humaine notamment -- malformationsmalformations neurodéveloppementales, reproductives et congénitales qui peuvent être provoquées par les additifs chimiques présents dans les plastiques.

    Le saviez-vous ?

    À elle seule, l’Inde a été responsable de 9,3 millions de tonnes de déchets plastiques jetés dans notre environnement en 2020. Le pays est accompagné sur le podium des plus importants pollueurs plastique par le Nigéria et l’Indonésie qui arrivent tout de même assez loin derrière avec respectivement 3,5 et 3,4 millions de tonnes de déchets plastiques. Les pays dits du Nord, eux, jouissent d’un système de collecte assez efficace et sont, de fait, plus confrontés à une pollution aux microplastiques.

    « Les risques sanitaires résultant de la pollution plastique affectent certaines des communautés les plus pauvres du monde, qui sont impuissantes à y faire quoi que ce soit. En améliorant la gestion de base des déchets solidessolides, nous pouvons à la fois réduire massivement la pollution plastique et améliorer la vie de milliards de personnes », commente Josh Cottom, spécialiste en pollution plastique à l'université de Leeds.

    Les chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni) proposent un inventaire détaillé de la pollution plastique. © Université de Leeds
    Les chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni) proposent un inventaire détaillé de la pollution plastique. © Université de Leeds

    Un inventaire de la pollution plastique pour améliorer la situation

    Car ces communautés les plus pauvres n'ont pas accès à des systèmes de collectes des déchets plastiques. Leurs populations se voient contraintes de les abandonner dans la nature ou de les brûler en espérant les faire disparaître.

    Selon la zone géographique, la pollution plastique prend une forme différente : celles de débris que l’on retrouve dans l’environnement ou celle générée par l’incinération des déchets à l’air libre. © Université de Leeds
    Selon la zone géographique, la pollution plastique prend une forme différente : celles de débris que l’on retrouve dans l’environnement ou celle générée par l’incinération des déchets à l’air libre. © Université de Leeds

    Ce que les chercheurs souhaitent désormais, c'est que leur inventaire serve de base de référence aux décideurs politiques. Pour les aider à élaborer des plans de gestion des déchets avant même d'imaginer la mise en place d'une économie circulaire intégrant des opérations de recyclage. Ils comptent aussi utiliser cet outil pour suivre les progrès réalisés en la matièrematière au fil du temps. Un peu comme ce qui a été fait avec les inventaires d'émissionsémissions de gaz à effet de serre pour fixer des objectifs dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatiqueréchauffement climatique anthropique.