Des microplastiques, il y en a partout. Ce n’est malheureusement presque plus une surprise d’en trouver dans des endroits retirés. Mais ceux que des chercheurs viennent de trouver au cœur d’agrégats d’algues du côté de l’Arctique les inquiètent encore un peu plus.
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Melosira arctica, c'est une drôle d'algue. Une algue qui pousse... sous la banquise arctique. Dans cet environnement rude, elle a su s'adapter. Et profiter du peu de soleilsoleil du printemps et de l'été pour constituer un réservoir de nourriture pour la faune qui vit dans la région. Parce qu'elle a tendance, lorsque la glace fond, à se laisser entraîner, couler même, vers les fonds marins. Les éponges, les crabes ou même les vers s'en régalent alors. Ils viendront eux-mêmes nourrir ensuite quelques oiseaux de mer, des morses et des phoques. Des chercheurs du National History Museum (Royaume-Uni) viennent ainsi de trouver des traces d'algues dans pas moins de 96 % des animaux qu'ils ont étudiés. Quelque 155 espèces, des invertébrés aux poissonspoissons en passant par des oiseaux de mer et des mammifèresmammifères marins. « Nous pensons que cela pourrait être un moyen par lequel les environnements arctiquesarctiques peuvent prospérer malgré plusieurs mois de peu ou pas de soleil et aucune productivité », raconte Chelsea Koch, autrice principale de l'étude, dans un communiqué.
L'ennui, c'est que d'autres chercheurs, de l'Institut Alfred-Wegener (AWI, Allemagne), cette fois, viennent de découvrir, en parallèle, que Melosira arctica contient pas moins de dix fois plus de particules de microplastique que l'eau de mer environnante. Plusieurs dizaines de milliers par mètre cube. « Ces algues sont filamenteuses. Elles ont une texturetexture visqueuse et collante. Elles collectent de la sorte potentiellement des microplastiquesmicroplastiques à partir des dépôts atmosphériques sur la mer, de l'eau de mer elle-même, de la glace environnante et de toutes autres sources qu'elles traversent. Une fois piégés dans la boue d'algues, ces microplastiques voyagent comme dans un ascenseurascenseur vers le fond marin. Ils finissent, à un moment ou un autre, par être mangés par des animaux marins », explique Deonie Allen des universités de Canterbury et de Birmingham (Royaume-Uni), qui fait partie de l'équipe de recherche, dans un communiqué de l’AWI.
Produire moins de plastique, c’est urgent !
Ces deux études parallèles pointent deux risques différents, mais bien réels pour la faune de l’Arctique - et plus encore. Certes, la fontefonte de la glace de mer sous l'effet du réchauffement climatiqueréchauffement climatique pourrait permettre aux algues de prospérer. À court terme surtout. Mais les organismes qui comptent sur elles pour se nourrir, eux, pourraient ne pas être en mesure de suivre le déplacement rapide du front de glace pour continuer à s'en régaler. Résultat : des effets possibles en cascade sur la chaîne alimentairechaîne alimentaire. Et un impact même sur les ressources des écosystèmesécosystèmes côtiers dont dépendent les peuples autochtones.
L'autre problème, c'est l'effet direct que les microplastiques peuvent avoir sur les organismes qui les ingèrent. « Même si les conséquences globales restent à étudier, de nombreux plastiquesplastiques sont connus pour être toxiques pour les humains », précise Steve Allen, de la Dalhousie University (Canada), également membre de l'équipe de recherche de l'AWI. « La science montre que le moyen le plus efficace de réduire la pollution plastique est de réduire la production de nouveau plastique, rappelle Mélanie Bergmann, biologiste à l'AWI. Cela devrait donc définitivement être une priorité dans l'accord mondial sur les plastiques qui est en cours de négociation. » Elle sera au cœur du cycle de négociations qui s'ouvrira à Paris fin mai.